- Durée : 1 heure et 46 minutes
- Dvd : 5 mars 2024
- Cinéma : 11 janvier 1995
- Acteurs : Romain Duris, Vincent Elbaz, Jackie Berroyer, Julien Lambroschini, Nicolas Koretzky
- Studio : Rimini Editions
L’histoire : Quelques jeunes hommes se retrouvent plusieurs années après avoir quitté le lycée. Ils assistent pendant son accouchement la compagne de leur meilleur ami, mort une semaine auparavant d’une overdose. C’est pour eux l’occasion de confronter leurs souvenirs.
C’était un très bon film. Il le demeure. Et reprend des couleurs sur une dynamique nouvelle, appuyée par des séquences inoubliables ( « madame on vous fait un enfant dans le dos » ) , des réparties spontanées, des scènes d’une drôlerie inattendue …
La leçon de guitare sur « I’m going home » de Ten Years After en fait partie, au milieu d’une kyrielle d’événements dont certains marquent aujourd’hui l’Histoire de notre pays .
Dont la lutte incessante des femmes sur leurs droits à vivre comme … des femmes. Ce qui parait élémentaire, mais demeure d’une opacité crasse à la bande de lascars qui malmènent un scénario joliment foutraque, et parfaitement écrit.
Copains comme cochons au lycée, ils se retrouvent quelques années plus tard à la maternité , pour l’accouchement de Sophie ( Elodie Bouchez). Le papa, Tomasi, est décédé peu avant d’une overdose.
En quelques plans, quelques mots, une vue d’ensemble, Cédric Klapisch situe parfaitement l’argument d’une rencontre au cours de laquelle les intéressés vont se raconter leurs souvenirs. Des années lycée chahutées par l’insouciance et le trop-plein de vivre d’une jeunesse en ébullition.
Tomasi justement en est l’illustration vivante , avec son compère, réellement déjanté Chabert, je-m’en-foutiste de première ( Vincent Elbaz). Derrière, les copains suivent comme ils peuvent ( Momo, le fils du boulanger a bien du mal à éviter le fournil ) et marquent leurs empreintes, d’une toute autre personnalité.
Une représentation assez juste me semble-t-il du courant social populaire de l’époque, même si question revendications et manifs, les cocos ne sont pas convaincus. Ils préfèrent lorgner les jeunes filles, se prennent des râteaux énormes ( celui de Momo avec Christine !… –Hélène de Fougerolles ) et s’amusent souvent aux dépens de leurs professeurs.
Un brin d’insouciance bien dosé pour les besoins d’une réalisation bien osée. Alors , c’était mieux avant ?
LES SUPPLEMENTS
- Ten years after : les comédiens se retrouvent ( 32 mn ) –Tourné en 2003 . Dix ans après, ils se retrouvent …. Le film a duré 25 jours, la promo deux ans. Vincent Elbaz: « La cerise sur le gâteau, c’est qu’après on s’est éclaté avec le film ». Mais pendant ces deux ans «j ’ai rien fait, j’ai compris que les directeurs de casting imaginaient que dans le film , tellement réaliste, c’était ma personnalité ».
« Tous les jours une ambiance de classe de lycée , on n’arrêtait pas d’être dissipés ». Et donc il a fallu que Cédric sur une scène difficile pour Romain, « nous rappelle que l’on était là pour travailler, que l’on était payé pour ça ». ( séance de gymnastique dans la cour )
Joachim Lombard (Léon) -photo- a pris ses distances après le film, « tout ce qui il y avait autour, je n’y arrivais pas , je n’ai fait aucune promotion ».
Et d’ailleurs pendant toute la rencontre, il reste encore assez en retrait « si je les avais suivis, j’aurais peut-être moins de problèmes, je galère pour réaliser mon premier film ».
L’histoire de la baffe de Bruno ( Julien Lambroschini ) à Léon : « on se connaissait depuis longtemps, alors c’est venu naturellement, mais c’était une vraie baffe ». ( scène dans la classe où Bruno se fait chambrer parce qu’il sort avec la correspondante anglaise )
On revoit les essais, c’est très sympa , avec en prime des rushs inexploités …
- « Nous sommes jeunes et beaux » ( 38 mn )- Comment a-t-on procédé pour dénicher autant de lascars ? Et les filles, à l’origine on les a oubliées dans le scénario …
- La genèse du film ( 30 mn )-Parti sur un télé film, sur les années lycées, pas trop courant à l’époque à la télévision . Arte pense à Klapisch « et c’est l’idée de rapidité qui m’a intéressé, avec le défi de faire quelque chose de bien à la TV ».
« Il a fait ce qu’il voulait dans une économie extrêmement mineure » ( Patron de la fiction sur Arte )
« Par rapport aux critères de l’époque, il n’y a rien d’héroïque dans le scénario : bonjour toi, ça va, ça va et toi , alors tout va bien » reconnait Cédric Klapisch bien surpris quand on lui propose de passer du téléfilm au long métrage. Mais ce n’est pas si évident , même si les festivals ont donné un bon coup de main, là encore la complexité administrative n’est pas un vain mot
- « L’âge bête ne passera pas » ( 25 mn )- Producteurs, scénaristes et réalisateur se retrouvent …
Le film
Les bonus
Un film culte je ne sais pas, un chef d’œuvre je ne crois pas, mais un film totalement indispensable , qui toutes les décennies pose une nouvelle pierre ( historique, documentaire, sociale … ) dans l’Histoire de France.
Il raconte de manière hachurée les années soixante-dix et laisse une telle empreinte que la référence historique et cinématographique demeure à tout jamais gravée.
Alors, c’était mieux avant ?
Ou comment se profilait la jeunesse à l’heure des grands bouleversements économiques , et des chambardements sociaux.
Par le petit bout de la lorgnette , autour de cinq copains de Lycée, Cédric Klapisch observe malicieusement tout ce petit
monde qui s’apprête à grandir, au milieu des luttes féminines ( déjà ) et sociales, la notion de chômage chronique apparaissant seulement à l’époque.
Si question revendications et manifs, nos héros ados ne sont pas convaincus, ils suivent le mouvement dans l’insouciance totale de leur folle jeunesse. Une dynamique personnelle pour chaque personnage qui nous laisse des souvenirs impérissables.
Des séquences inoubliables ( « madame on vous fait un enfant dans le dos » ) , des réparties spontanées, des scènes d’une drôlerie inattendue …
AVIS BONUS
Plusieurs chapitres et des retours sur plateau très intéressants. On reste encore dans le film et on en apprend beaucoup