Synopsis: 1856-La ruée vers l’or embrase l’Oregon. Logan Stewart accepte à la demande de son ami George d’accompagner sa fiancée Lucy, de Portland à Jacksonville. Si le voyage les rapproche sensiblement, arrivés à destination, l’un et l’autre reprennent leurs habitudes. Mais la fièvre de l’or et la menace indienne bouleversent la quiétude ambiante. Il va falloir protéger Jacksonville, et ... ses amours volatiles !
La fiche du film
Le film
Le bonus
- DVD : 22 Novembre 2021
- D’après l’œuvre de Ernest Haycox
Tourneur « le fantastique » a aussi fait quelques westerns dont cette étrangeté fabuleuse « Le Passage du Canyon », un recours au cinéma, évident.
Sur les fondamentaux du genre, il conserve une vague architecture paysagère (c’est beau l’Oregon) et quelques éléments de la panoplie du cow-boy et de l’indien.
Après quoi, le cinéaste chevauche de façon très personnelle entre les lignes d’Ernest Haycox pour conduire une jolie femme Lucy, de Portland à Jacksonville. A la demande de son fiancé (Brian Donlevy), qui est aussi son ami, Logan accepte la mission.
Si chemin faisant les deux personnages se rapprochent l’un de l’autre, une fois arrivés à destination, la vie reprend son cours. Logan ( Dana Andrews) gère ses affaires florissantes, Lucy ( Susan Hayward) retrouve George dont la vie dissipée lui cause quelques ennuis.
L’or des mineurs lui brûle les doigts, poker oblige…L’amitié de Logan lui sauvera souvent la mise, mais la population ne la voit pas toujours d’un bon œil. Surtout ce fameux Bragg ( Ward Bond), bagarreur de première que Logan a toujours su mettre au pas.
Ambiance à Jacksonville d’où Tourneur s’échappe pour nous parler d’un pays en voie de développement. Des ponts ferroviaires, des routes, des maisons en bois voient le jour, solides et solidaires, tout le monde met la main à la pâte.
Une cohésion nécessaire face à la menace indienne, invisible, mais si prégnante. « Nous sommes sur leur terre, ils le savent bien, mais nous n’en bougerons pas » résume un fermier à l’écart de la ville, cible facile pour des flèches enflammées…
Jacques Tourneur rappelle à cet instant le mode opératoire du western classique, mais préfère un temps s’en éloigner pour revenir à des amours incroyables. A l’image de ce scénario qui pourrait tout détruire et maintient malgré tout l’unité de ton.
On résume .Caroline (Patricia Roc) la fille du fermier résistant vient de quitter Vane (Victor Cutler) pour se rapprocher de Logan, décidément très courtisé .George jette en effet délibérément Lucy sa promise dans ses bras en lui demandant cette fois de l’accompagner à Portland pour qu’elle choisisse … sa robe de mariage.
On croit rêver mais pendant ce temps, l’homme courtise lourdement la femme de l’aubergiste qui le renvoie ad-patres.
Une romance à quatre balles, étrange au milieu des balles réelles qui sifflent tout autour de la ville. Le meurtre d’une jeune indienne a mis le feu aux poudres, son peuple se révolte et brûle tout ce qu’il peut.
La résistance est sans effet pour cette civilisation en peine de ses racines, en quête d’un avenir. Le jugement d’un meurtrier au bar de la ville est à ce titre mémorable quand les curieux, clients et employés sont tour à tour, juges, procureurs et avocats.
Une séquence indispensable dans un western ordinaire. Tourneur, grand maître … de l’Ouest Américain, en fait un summum de l’art du cinéma !
LES SUPPLEMENTS
- Les points de vue de Bertrand Tavernier et Jean-François Giré
- « Tourneur, le médium, filme l’invisible » par Alain Mazars. – Le cinéaste a repris le style clair-obscur à la Tourneur pour filmer tous les intervenants de ce documentaire qui retrace la vie et la filmographie de Jacques Tourneur.
Le procédé est un peu fatigant, mais les commentaires vont bon train. Il est question de la manière dont le réalisateur de « La Griffe du passé » travaille le silence et la voix. Des ambiances traumatiques, l’angoisse de sentiments insaisissables …
« La peur est l’émotion motrice de tous ses personnages » dit N.T. Binh. « Et cette peur se manifeste toujours par la peur de l’autre ».
Le film
Le bonus
Jacques Tourneur est plus connu pour sa filmographie fantastique, mais quand le réalisateur français se prend de passion pour l’Ouest Américain, il en concocte un western hors-normes aux codes légèrement émoustillés par des romances inimaginables.
Il choisit déjà l’Oregon comme cadre de son action, avec des personnages façonnés dans plusieurs modèles, assez complexes et inattendus. Voir les femmes pour cette époque : indépendantes, volontaires et drôles.
Il en fait des romances à quatre balles, étranges au milieu des balles réelles qui sifflent tout autour de la ville. Le meurtre d’une jeune indienne a mis le feu aux poudres, son peuple se révolte et brûle tout ce qu’il peut.
La résistance est sans effet pour cette civilisation en peine de ses racines, en quête d’un avenir. Un pays qui se construit nous dit le réalisateur, avec ses routes, ses ponts ferroviaires, et des maisons bâties avec le cœur et la solidarité de tous les gens du voisinage.
Une autre facette de l’art du western détourné par un cinéaste visionnaire du fantastique. Le miracle du septième art
AVIS BONUS
Un film d’Alain Mazars sur l’œuvre de Jacques Tourneur. Le procédé du clair-obscur est à la longue usant …