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« Le juge Fayard dit -Le Sheriff » d’Yves Boisset. Critique dvd

Synopsis: Au cours d'une banale enquête sur un hold up, le juge Fayard finit par établir une relation entre le gang des "Stéphanois", des politiciens et d'importants hommes d'affaires. Ceux-ci se sentant en danger, tentent de faire pression sur Fayard, mais le juge est bien décidé à aller jusqu'au bout de ses investigations.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Juge Fayard dit le Sheriff"
De : Yves Boisset
Avec : Patrick Dewaere, Aurore Clément, Philippe Léotard
Sortie le : 17 juin 2014
Distribution :
Durée : 111 minutes
Film classé :
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Le bonus

Meilleur dvd Juin 2014 ( 6 ème )

Service d’action civique, le Sac. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et depuis, Boisset, le réalisateur, est lui aussi passé aux pertes et profits d’un cinéma engagé, auprès de Costa-Gavras  ou René  Vautier. Ils ne sont guère légion, aujourd’hui en France, les cinéastes qui dénoncent les turpitudes de nos politiciens, magistrats, industriels, ou policiers réunis sous le masque des  coquins et des barbouzes.

Leur histoire que nous raconte Yves Boisset  est malheureusement vraie. Le Sac était alors une association au service de De Gaulle de retour au pouvoir .Déviant de son objectif officiel, il deviendra une police parallèle et secrète, terriblement répressive, voire criminelle. La courroie de transmission occulte des basses œuvres d’une politique gangrénée par les milices patronales.

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Patrick Dewaere dans le rôle-titre pouvait paraître bizarre. Sa réputation d’anarchiste et querelleur ( voir les bonus )  ne confortait pas forcément son personnage. Mais le résultat est sans appel, très rapidement le sale gosse est le juge Fayard. Incorruptible, persévérant, déroutant … Le reste de l’affiche est tout aussi éloquent avec Jean Bouise en procureur craintif, Jean-Marc Thibault patron de choc et truand ou Philippe Léotard un flic qui ne sait pas sur quel barillet ajuster son tir.

Fayard faisait son boulot jusqu’au bout de ses dossiers, malgré les pressions, les menaces et les sanctions d’une hiérarchie aux ordres du pouvoir. Ce que rappelle le réalisateur dont le manichéisme  peut paraître aujourd’hui un brin suranné, mais c’était la réalité d’une société qui ouvertement affichait ses travers.

A l’action, qu’il développe avec un sens du timing et du rythme en phase avec le genre policier, (la scène du braquage du fourgon, celle de l’évasion …) le cinéaste mêle une réflexion. Il ne fait pas dans la demi-mesure, mais à la hauteur là encore des interventions politiques de l’époque : un décor de magouilles et de meurtres en tout genre.

Pour quelques temps, celui du juge Fayard sonnera le glas des illusions d’une justice irréprochable. Ses commanditaires se retrouveront peu après,  main dans la main avec les exécuteurs, pour inaugurer la nouvelle usine de leur copain, accessoirement patron du Sac. Service d’action civique …

LE SUPPLEMENT

  • Une rencontre entre le réalisateur et Eric de Montgolfier. (72 mn).Elle est assez captivante. Le réalisateur et l’ancien procureur reviennent sur la genèse du film, les conditions de tournage et le fond de l’affaire : la liberté de la justice. A  les entendre on comprend que ce qui va se jouer dans le film est déjà sur le plateau de tournage.

« Par décision de justice on nous a  interdit d’appeler le film «  Le sheriff » comme il était prévu auparavant » souligne Yves Boisset qui après avoir vidé son Sac «  cher à Pasqua » rappelle l’hostilité du maire de Lyon de l’époque, « des autorités en générale, qui nous ont  interdit de tourner dans la ville. Nous avons été  accueillis à Saint-Etienne comme un ami de la famille, les flics des deux villes se détestaient tellement ».

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Le contexte du tournage, compliqué, s’ajoute à l’humeur de Patrick Dewaere. Cette fois nous sommes au Palais de Justice d’Aix-en-Provence où le président accepte le tournage à condition qu’il n’y ait aucun débordement. Yves Boisset a donné sa parole, mais il ne peut réprimer les ardeurs de son comédien.

Son attitude provocatrice envers une jeune avocate entraîne une violente altercation avec le réalisateur, des coups de poing sont échangés. «  A  la fin de l’altercation, il éclate de rire, me prend dans ses bras et me dit  «  maintenant on peut être copain ». Après, il n’y a eu aucun problème sur le tournage ».

Aurore Clément joue Michèle Louvier 

Des affaires plus ou moins similaires sont aussi évoquées, dont celle du juge Michel qui quelques jours avant son assassinat se confiait au réalisateur.

Un regard professionnel conforté par celui d’Eric de Montgolfier qui fut magistrat et procureur. Au passage il se souvient du film «   une représentation de ce que je connaissais quand j’étais jeune magistrat, ça m’a marqué, des scènes terribles quand vous débutez, le film était en avance sur ma vie professionnelle ». Il n’hésite pas non plus à faire le parallèle avec le meurtre de Yann Piat, avant de tenter de tirer les leçons de toutes ces affaires « On ne peut pas ne pas s’interroger sur l’existence des commanditaires. L’important c’est qui la fait tuer ».

Meilleur dvd Juin 2014 ( 6 ème ) Service d’action civique, le Sac. Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et depuis, Boisset, le réalisateur, est lui aussi passé aux pertes et profits d’un cinéma engagé, auprès de Costa-Gavras  ou René  Vautier. Ils ne sont guère légion, aujourd’hui en France, les cinéastes qui dénoncent les turpitudes de nos politiciens, magistrats, industriels, ou policiers réunis sous le masque des  coquins et des barbouzes. Leur histoire que nous raconte Yves Boisset  est malheureusement vraie. Le Sac était alors une association au service de De…

Review Overview

Le film
Le bonus

De l’action à  la réflexion, Yves Boisset marquait en son temps un genre cinématographique qui aujourd’hui n’a malheureusement plus cours. Celui du film coup de poing, engagé, militant, dénonçant les abus d’un pouvoir sans partage. On pourra lui reprocher son manichéisme, il est patent que les relations troubles, et très étroites, entre les pouvoirs de justice, de police et les politiciens liés aux industriels (la milice patronale a quand même disparu) faisaient alors  office de code de conduite d’une certaine société. Patrick Dewaere dans le rôle-titre est tout simplement à sa place.

Avis bonus Une très belle et instructive rencontre entre le réalisateur et l'ancien procureur Eric de Montgolfier

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