Synopsis: Début du XXème siècle, en province. Très courtisée pour sa beauté, Célestine est une jeune femme de chambre nouvellement arrivée de Paris au service de la famille Lanlaire. Repoussant les avances de Monsieur, Célestine doit également faire face à la très stricte Madame Lanlaire qui régit la maison d'une main de fer. Elle y fait la rencontre de Joseph, l'énigmatique jardinier de la propriété, pour lequel elle éprouve une véritable fascination.
La fiche du film
Le film
Le roman d’Octave Mirbeau n’est pas d’une folle tendresse. Benoît Jacquot respecte l’œuvre mais lui attribue une autre lecture, une vision nouvelle.
Celle que rapporte, lucide, Léa Seydoux dans le rôle de Célestine . Elle lui confère une exigence particulière, teintée d’érotisme et de sourde révolte. Pour combattre les préjugés d’un autre siècle, briser les barrières de tyrans domestiques, engraissés par leur bourgeoisie.
Le réalisateur retrousse la jupe d’un doigt accusateur, comme il insiste sur le climat politique et social de l’époque. Le XX ème siècle balbutie, les relents antisémites de l’affaire Dreyfus hantent encore les accusateurs.
Joseph, le jardinier de la famille Lanlaire, par exemple. Revanchard et bougon, il intrigue Célestine fraîchement débarqué au pays.
C’est l’un des personnages fabuleux de l’œuvre de Mirbeau, avec cette bonne vieille garce de Mme Lanlaire qui traite sa soubrette comme du bétail. C’est Clotilde Mollet, très surprenante, dans un grand rôle. Et le fameux voisin de capitaine que Patrick d’Assumçao a bien du plaisir à camper.
Les personnages sont parfaitement dessinés par un cinéaste qui apprécie les bonnes feuilles du romancier. Caprices et servitudes en font leurs gros titres, loin de l’ambiance proustienne que Jacquot respire parfois avec malice. Le temps d’un clin d’œil, comme il aime à rappeler la prégnance d’un Rembrandt, ses clair-obscur et sa chaleur.
Un bonheur de cinéma où l’horizon littéraire de Mirbeau révèle le parfum des fleurs, et le clapotis tiède de la pluie sur les pavés. Il y a bien longtemps qu’une adaptation d’un roman français ne m’avait pas procuré une telle reconnaissance pour la langue et les images qui désormais les accompagnent. Avec en point de mire, Léa Seydoux, inoubliable Célestine.
Suivi comme son ombre par un Vincent Lindon, à la fois maître et laquais.
Review Overview
Le film
Il y a bien longtemps qu’une adaptation d’un roman français ne m’avait pas procuré une telle reconnaissance pour la langue et les images qui désormais les accompagnent. Benoît Jacquot fort inspiré a su conjuguer le respect de l’œuvre à l’exigence de sa propre création. Il en résulte une partition très personnelle, sans la rudesse des personnages, dans un décor où l’on respire véritablement le parfum des fleurs et le clapotis tiède de l’eau sur le pavé. Le cinéaste est aussi un directeur d’acteurs hors pair qui trouve en Léa Seydoux et Vincent Lindon, un couple parfaitement désordonné, et nous révèle enfin Clotilde Mollet dans un rôle consistant. D’une belle page de notre littérature émane une œuvre cinématographique qui méritera elle aussi de figurer dans un chapitre sur le 7ème art.
Très bon film avec une très belle photo, de très bons acteurs et des rôles secondaires excellents. Benoit Jacquot prenait un risque avec cette nouvelle version et après 2 monstres : pari gagné, une très belle réussite. on y retrouve des tonalités de Maupassant, que du bonheur.