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« Le jour se lève » de Marcel Carné. Critique dvd

Synopsis: Dans un immeuble, un coup de feu, un corps roule dans l'escalier. L'assassin, François, s'enferme dans sa chambre pendant que la police se déploie, attendant l'aube pour donner l'assaut. Pendant les quelques heures de liberté qui lui restent, François revit les circonstances qui l'ont amené à ce crime.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Jour se lève"
De : Marcel Carné
Avec : Jean Gabin, Jules Berry, Arletty, Mady Berry, René Génin
Sortie le : 23 septemb 2014
Distribution : Studiocanal
Durée : 93 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Film mythique. Une énième critique, 75 ans après, ne me semble pas très opportune pour cette pièce de musée marquée par le bruit des bottes qui se fait entendre à la frontière allemande. Une situation tendue que le héros du film porte dans tout son désespoir. Le journaliste-historien Claude Gauteur voit dans sa mort, celle du front populaire. «  A  cette période on pressentait la guerre, Gabin ne joue pas un héros très positif ».

Quand il s’adresse à la foule, depuis la fenêtre de sa chambre, il lui fait remarquer qu’il est bien un assassin « mais des assassins il y en a partout ». Le régime de Vichy ordonna plusieurs coupes (dont une scène de nu avec Arletty) jugeant le film très défaitiste. Il sera interdit jusqu’en 1942…

Le fait marquant est aussi la collaboration entre Jacques Prévert et Marcel Carné . Leurs nombreux films communs prêteront à confusion. De nombreux spécialistes s’interrogent encore sur la part prépondérante pris par le dialoguiste sur le réalisateur. Le débat se poursuit dans les bonus.

Autre rencontre symbolique de ces années trente, Jean Gabin et Arletty, qui n’est pas sans rappeler le duo symbolique qu’elle formait deux ans auparavant, avec Louis Jouvet  dans  «Hotel du Nord» et sa célèbre réplique « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? » .

« Le jour se lève » possède un peu cette même ambiance grisâtre des petits matins incertains, avec des dialogues tout aussi parfumés. Il faut entendre Arletty murmurer à l’oreille de son amant de passage « Est-ce que j’ai une gueule à faire l’amour avec des souvenirs ? ».

A sa sortie, autour d’un accueil partagé, on évoqua le réalisme poétique français. Une terminologie qui aujourd’hui peut prêter à sourire, mais qui inscrit bien le film dans son temps. La patine a fait son œuvre. Les codes de mises en scène et la technique évoluant, c’est une œuvre à part entière qu’il faut maintenant découvrir dans sa configuration d’origine.

  Moi, la lumière d’un projo qui s’infiltre dans les décors de Trauner, ça me donne toujours envie d’aller au cinéma. Atmosphère, atmosphère…

LES SUPPLEMENTS

  • La restauration (14.40 mn). C’est quand même assez technique comme explications, et les exemples en comparaison (avant, après) sont les bienvenus.
  • Dernier sursaut du front populaire, un film de Dominique Maillet (95 mn). Un long panorama sur et autour du film qu’il faut suivre avec attention, on y apprend beaucoup. Le réalisateur Jean-Charles Tacchella (Escalier C) évoque la période glauque de l’époque que les cinéastes ont ainsi montré dans «  La bête humaine », «  Le Quai des brumes », «  Le jour se lève ». Ce qui fait dire à Olivier Barrot, journaliste et  écrivain, «  que ce ne sont pas les scénaristes, les auteurs qui choisissent leur sujet, mais l’inverse, à un moment on est contraint de traiter le sujet ».

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Bien évidemment, une part importante du documentaire est réservée au duo Carné-Prévert, notamment par l’un des spécialistes du poète André Heinrich. Il relève à l’occasion que la vocation de critique d’André Bazin « vient de ce film qu’il a vu une trentaine de fois. Il est allé partout avec la bobine pour montrer le film à des gens à qui il demandait ensuite ce qu’ils en pensaient. Il n’y a qu’un passage que Bazin déteste dans «  Le jour se lève » : quand Gabin harangue la foule qui attend au pied de l’hôtel ce qui va se passer. On dit que l’acteur aurait bu un peu de whisky pour se donner l’air si méchant … »

A l’époque,  la censure ne rate pas certains passages, dont la scène de nu (Arletty entraperçue derrière un rideau de douche) certainement la première du genre au cinéma. Des scènes qui apparaissent dans la version dvd.

On entend aussi la voix de Jacqueline Laurent (Françoise, l’amoureuse de Gabin), qui fut la maîtresse de Prévert. «  Dans certaines choses qu’il écrivait, il s’inspirait forcément de moi, ça peut paraître prétentieux, mais un homme qui vit avec une femme qu’il aime, il s’en inspire ».

On parle enfin de l’accueil de la critique qui fut très contrasté. Même Gabin estimait que ça ne valait pas « Le quai des Brumes ». Carné lui répond, « tu te trompes, c’est meilleur, ça tiendra beaucoup mieux le coup .

Film mythique. Une énième critique, 75 ans après, ne me semble pas très opportune pour cette pièce de musée marquée par le bruit des bottes qui se fait entendre à la frontière allemande. Une situation tendue que le héros du film porte dans tout son désespoir. Le journaliste-historien Claude Gauteur voit dans sa mort, celle du front populaire. «  A  cette période on pressentait la guerre, Gabin ne joue pas un héros très positif ». Quand il s’adresse à la foule, depuis la fenêtre de sa chambre, il lui fait remarquer qu’il est bien un assassin « mais des assassins il y en a partout ». Le…

Review Overview

Le film
Les bonus

Une pièce de musée dans l’histoire du cinéma français. L’un des tout premiers nus (Arletty), l’utilisation de nombreux  flashbacks (peu courants à l’époque), la quatrième collaboration Prévert-Carné, "Jenny", "Drôle de drame", "Le quai des brumes") et un Gabin qui incarne à lui seul la fin du front populaire et l’avènement de la seconde guerre mondiale. Dans les décors de Trauner, toujours aussi magnifiques pour un Noir et Blanc d’atmosphère, «  Le Jour se lève » est inscrit à jamais dans l’histoire du cinéma européen. Autour d’un drame passionnel que les auteurs des années trente ne justifiaient que par l’ardeur des sentiments et la bassesse humaine. Il faut alors découvrir le jeu d’acteur d’un Jules Berry, ignoble et souriant. Si le temps à fait son œuvre (technique et mise en scène, rien à voir), le film résiste à travers des marques indélébiles. Les dialogues par exemple « Est-ce que j’ai une gueule à faire l’amour avec des souvenirs ? ». Si vous n’avez jamais entendu Arletty…

Avis bonus La technique de la restauration et un très long, très bon documentaire sur le film , son environnement, son époque...

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