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« Le Jeune Karl Marx » de Raoul Peck. Critique dvd

Entre parties d'échecs endiablées, nuits d'ivresse et débats passionnés, ils préparent fiévreusement ce qui deviendra “Le manifeste du Parti Communiste”

Synopsis: 1844. Les ouvriers, victimes de la “Révolution industrielle”, s’organisent devant un “capital” effréné.  Karl Marx, journaliste et jeune philosophe, victime de la censure d’une Allemagne répressive, s’exile à Paris avec sa femme Jenny où ils rencontrent Friedrich Engels, fils révolté d’un riche industriel Allemand.  Intelligents, audacieux et téméraires, ils décident que “les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde, alors que le but est de le changer".

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Jeune Karl Marx"
De : Raoul Peck
Avec : August Diehl, Stefan Konarske, Vicky Krieps, Olivier Gourmet, Hannah Steele
Sortie le : 13 fevrie 2018
Distribution : Diaphana
Durée : 113 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

On ne raconte pas Karl Marx à la sauvette. Sur les différents angles d’attaque possibles, Raoul Peck opte pour une déviante assez inattendue : la jeunesse du héros. Là où ses idées révolutionnaires s’ancrent peu à peu dans la réalité d’un terrain qu’il côtoie plus ou moins.

Ce sera le premier écueil d’un parcours auprès du peuple qui exige l’authenticité de ses écrits, de ses discours, de sa démarche. Ce que Raoul Peck saisit immédiatement en laissant l’Histoire se raconter d’elle-même entre les bas-fonds londoniens où le jeune intellectuel se frotte avec la misère et des rencontres politiques et sociales déterminantes. La plus exaltante l’amène auprès de Friedrich Engels, fondé de pouvoir dans l’entreprise tentaculaire de son père.

Hannah Steele, Stefan Konarske : Engels le fils d’un riche industriel épousera une employée que son père a mis à la porte…

Au contact de cette réalité prolétarienne et de l’exploitation ouvrière, Engels saisit rapidement le combat de son nouvel ami et le guide dans sa démarche et ses réflexions. Ce duo parfaitement constitué par August Diehl et Stefan Konarske, ne serait rien sans l’apport déterminant des femmes, des épouses, des compagnes. Celle de Marx, Jenny (Vicky Krieps) est issue elle aussi d’un milieu très bourgeois, où elle puise sa hargne et sa colère.

Sur ces faits, la théorie prime. Raoul Peck ne s’en prive pas et laisse la parole prendre le pas sur l’action et la mise en scène. Mais sa manière de conduire la caméra le mène entre fiction et documentaire sur une pente historique évidente où son didactisme militant s’accommode d’une époque joliment reconstituée. Aidé en cela par Pascal Bonitzer au scénario.

Olivier Gourmet interprète Proudon avec qui Marx et Engels se lieront d’amitié avant d’estimer que le patriarche n’est plus assez virulent.

La petite touche dynamique d’un film dont les attributs historiques élèvent ses personnages à contre-courant de leur époque. Raoul Peck en fait un atout majeur dans la constitution des mouvements ouvriers révolutionnaires dont Marx et Engels entrevoient dès les origines l’issue. Un coup d’état, une prise de pouvoir, La Ligue des Communistes substituée à celle des Justes, et un final dylanien approprié bien qu’inattendu (« Like a Rolling stone ») : Proudhon est bien mort. Raoul Peck vient de l’enterrer !

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec le réalisateur ( 20 mn ). Raoul Peck relève les écueils qu’il a dû affronter pour aborder un tel sujet, et qu’il ne soit surtout pas dogmatique. « Je voulais un film grand public, accessible aux jeunes sans parti pris. Il faut savoir d’où l’on vient ».

La question de créer de vrais personnages de cinéma « sans tricher avec la réalité » se pose à l’origine quand il est question parfois de romancer, d’arrondir certains points de l’Histoire. « La seule source acceptable pour faire ce film était les correspondances, rien d’autre, et surtout pas les biographies » dit encore Peck qui se retrouve alors confronté « à la matière qui fait avancer le film : les combats de pensée et comment alors faire avancer l’histoire d’un film à travers l’histoire d’une pensée ?  ».

  • Sur le tournage (7 mn). Raoul Peck et les comédiens principaux sont interviewés sur le plateau de tournage où l’on aperçoit quelques scènes …
On ne raconte pas Karl Marx à la sauvette. Sur les différents angles d’attaque possibles, Raoul Peck opte pour une déviante assez inattendue : la jeunesse du héros. Là où ses idées révolutionnaires s’ancrent peu à peu dans la réalité d’un terrain qu’il côtoie plus ou moins. Ce sera le premier écueil d’un parcours auprès du peuple qui exige l’authenticité de ses écrits, de ses discours, de sa démarche. Ce que Raoul Peck saisit immédiatement en laissant l’Histoire se raconter d’elle-même entre les bas-fonds londoniens où le jeune intellectuel se frotte avec la misère et des rencontres politiques et sociales déterminantes.…
Le film
Les bonus

On dit Marx au temps de sa jeunesse, mais c’est tout autant Jenny son épouse qu’Engels l’ami fidèle qui sont ici consacrés par un cinéaste qui a su manier le document, l’Histoire et la fiction pour donner au récit une œuvre totale, aussi didactique que pédagogique, théorique que distractive. Sans crier au génie, l’interprétation de August Diehl, Stefan Konarske et Vicky Krieps me parait respecter la psychologie des personnages et l’époque qui les a vu construire le parti communiste. C’est vers cet issu que le réalisateur nous amène avec clarté et discernement, ce qui n’est pas toujours évident dans ce genre d’exercice sur l’Histoire où le biopic n’est pas de circonstance et la vision hollywoodienne encore moins. Beau travail dans le respect ! AVIS BONUS Une rencontre avec le réalisateur qui explique très bien sa démarche, et un tout petit making of au cours duquel l’équipe prend la parole.

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