Synopsis: Harry ne vit que pour son travail. Négligeant sa famille, il se retrouve seul, sans femme ni enfant. Il fait une rencontre extraordinaire : Georges, atteint du syndrome de Down, qui ne vit que dans l’instant présent. Un lien va naître entre les deux hommes, changeant leur destin à jamais.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Double prix d’interprétation au Festival de Cannes : Pascal Duquenne et Daniel Auteuil
Ce film ne bouge pas. Il est de son époque et rajeunit avec la nôtre. L’acceptation du handicap est peut-être plus évidente aujourd’hui, le travail de nombreuses associations favorisant une reconnaissance humaine et sociale. Ce qu’il raconte avec une énergie incroyable (beaucoup d’imagination dans la mise en scène) et des comédiens portés par le couple désormais aussi inoubliable que formidable du cinéma européen : Daniel Auteuil-Pascal Duquenne.
Une rencontre contre-nature, la nuit, sous la pluie, et les deux hommes ne se quitteront plus. L’accord n’est pas immédiat et l’approche n’a rien de méthodique. Harry, conseiller en vente ne comprend rien à cet individu mal formé qui rit de tout et se fâche pour une broutille. Les trisomiques sont caractériels. Il l’apprend à ses dépens, mais en fait une arme pour contrer ses appétits les plus féroces. Comme le chocolat qui lui est interdit sous peine de graves lésions.
Georges est un gourmand, mais c’est la vie qu’il croque à pleins sourires et belles dents, communiquant son enthousiasme et ses envies à un homme terré dans l’ombre d’un métier formaté. Sa femme ( Miou-Miou, secondaire, mais efficace ) l’a quitté avec ses deux petites filles. « Tu ressembles à ton propre système » lui dit-elle.
Le sourire commercial s’efface alors devant l’innocence de son nouvel ami. Georges et Harry s’apprivoisent, mais très rapidement le garçon prend les commandes d’une aventure aussi formidable que fantastique. Jaco van Dormael filme juste, sans pathos (toujours en filigrane) et avec beaucoup de retenue.
Il mêle un peu de poésie aux exigences d’un quotidien dont Harry ignore encore la beauté et les subtilités. Les plaines de Mongolie n’ont jamais été aussi belles.
Là où Georges se projette pour vivre au grand air, sans contrainte ni entrave, comme s’il découvrait le ciel bleu et les mauvaises manières. Il est partout chez lui même si le plus souvent on lui fait comprendre le contraire. Des scènes contrites, d’autres plus insoutenables ou bien une tendresse débordante qui nous ravive le cœur. Jaco van Dormael pose avec soin et lyrisme toutes les pièces d’un dossier magnifiquement compilé dans une histoire sans fin. A l’image de ce film. Inoubliable.
LES SUPPLÉMENTS
- Introduction du film par Pascal Duquenne
- Entretiens avec Jaco Van Dormael, Daniel Auteuil, Pascal Duquenne et Philippe Godeau, le producteur (31 mn) . Contrairement à beaucoup de documents du genre, on suit et on écoute avec beaucoup d’attention ce que racontent les protagonistes interviewés dans le cadre d’une réalisation parfaitement élaborée. Les invités ne défilent pas pour blablater.
Jaco Van Dormael : « Le désir de faire un film avec des acteurs qu’on dit « différents ». J’avais envie de montrer ce qu’ils avaient de plus que les autres. Contre toute attente, ce film a changé le regard qu’on porte sur eux. (…) En Russie, le système de santé à leur égard a complètement évolué, après avoir vu le film. » Le réalisateur évoque aussi l’avant, la rencontre avec la troupe des Zozos au théâtre et un documentaire sur les trisomiques, déjà « L’imitateur » (voir ci-dessous).
« Pascal Duquenne ne sait travailler que dans le plaisir » se souvient Jaco Van Dormael « et quand il n’avait pas ce plaisir, il ne se passait rien ». « Alors je disais on coupe et on reviendra la semaine prochaine » confirme l’intéressé.
Si la fin peut encore surprendre, le réalisateur révèle qu’il en avait plusieurs à son actif et qu’il ne sait toujours pas s’il a choisi la bonne. Il revient aussi sur les mauvaises critiques de l’époque qui parlaient de « charge émotionnelle » ou s’interrogeait sur l’aspect moral de faire jouer des trisomiques. « Je les connaissais depuis une dizaine d’années, je travaillais déjà avec eux au théâtre ». On a aussi parlé de film contre l’avortement (« la question n’est jamais posée, même pas évoquée ! ») ou de film … catholique !
Le plus étonnant est peut-être la réaction de certains journalistes à Cannes qui conviaient Jaco Van Dormael ou Daniel Auteuil pour des entretiens et ne comprenaient pas que Pascal Duquenne les accompagne. « Pourtant ils avaient vu le film, l’avaient aimé semble-t-il, mais n’avaient pas tout compris… ».
- Les zozos : 10 ans après. Un peu dans le même esprit que le chapitre précédent, les comédiens trisomiques se souviennent de l’aventure. On leur demande par exemple le rôle qu’ils tenaient et quand ils ont du mal à se le remémorer, un seul détail suffit pour faire repartir la machine.
On évoque ainsi plusieurs scènes dont celle du minibus qui fait des ravages dans une galerie marchande. « Mais ce n’est pas moi qui ai cassé la vitre » se défend le conducteur de l’époque « il y avait quelqu’un pour le faire, moi je faisais semblant ».
- « L’imitateur » court-métrage de Jaco Van Dormael (1982). Prix du meilleur court métrage et du meilleur documentaire au Festival de Bruxelles en 1983.
Entre documentaire et fiction Jaco Van Dormael aborde déjà à cette époque le quotidien de deux handicapés mentaux dans le monde des gens dit normaux. Jacques est un mongol de vingt-neuf ans. Il est drôle et singe les gens autour de lui. À deux, ils s’amusent mais sèment la panique.
C’est un excellent regard de la part d’un réalisateur qui puisera plusieurs idées et scènes pour « Le huitième jour » (les flèches directives, l’image que renvoie la Télévision, plusieurs dialogues aussi..) mais l’une des plus fortes séquences ne fait pas partie du lot .L’un des jeunes trisomiques suit les gens dans la rue et l’un d’entre eux n’arrive pas à s’en défaire. C’est merveilleux, Jacques Tati aurait adoré.
Le film
Les bonus
Il y a vingt ans ce film remuait pas mal le Landerneau de la critique et un public qui va adhérer fortement au message que Jaco Van Dormael filme sans intention d’une quelconque éducation des masses. Il raconte simplement l’histoire d’un trisomique et d’une personne dite normale qui apprend beaucoup à ses côtés.
Un autre regard sur le handicap à travers une fiction très documentée et jouée par de véritables malades mentaux. Pascal Duquenne en tête d’une troupe de comédiens dont la plupart appartiennent au théâtre bruxellois « Les Zozos ». Daniel Auteuil qui lui donne la réplique est tout aussi juste dans son rôle de composition qui s’accorde tout à fait à la spontanéité du jeu des comédiens trisomiques.
Un film qui n’a pas vieilli et qui nous rappelle le combat quotidien de tous les handicapés afin de s’intégrer dans une vie presque normale.
Avis bonus
Toute l’équipe revient sur cette aventure, et ce qu’elle raconte est tout à fait passionnant. En prime le retour sur « les zozos » et leurs souvenirs et le documentaire qui inspirera le film. Que du très bon !
4 Commentaires
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