Accueil » A la une » « Le Destin » de Youssef Chahine. Critique dvd

« Le Destin » de Youssef Chahine. Critique dvd

Synopsis: Le grand philosophe arabe Averroès, Grand Juge du calife Al Mansour et médecin fort réputé tente de prévenir son maître du danger que font courir les partisans d’un Islam radical. Nasser, le fils aîné du calife, compte parmi les disciples d'Averroès. Le cadet, Abdallah, ne pense qu'à la danse, à la musique et à la belle gitane dont il est follement épris. Il sera la cible de la secte de fanatiques qui tente de prendre le pouvoir. Elle s’attaque d’abord à un doux poète, Marwan...

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Le Destin"
De : Youssef Chahine
Avec : Laila Eloui, Mahmoud Hemeida, Safia El Emary, Nour El-Sherif, Hani Salama
Sortie le : 07 novemb 2017
Distribution : Editions Montparnasse
Durée : 130 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film

C’est un cas d’école, un exercice inévitable pour étudiants en cinéma. 135 mn pour se perdre dans les décors de la grande Histoire avant de ramener le propos à ce qui, vingt ans après, relève étonnamment d’une actualité brûlante.

Les tiraillements de l’Islam, le grand philosophe Averroes (Nour El-Sherif) les anticipe auprès de son maître, le calife Al Mansour qui ne veut rien entendre. Il est dit-il l’Andalousie à lui tout seul, et cette certitude le conforte dans son aveuglement. Malgré les alertes dans son entourage proche, dont l’assassinat du poète, Marwan…

Et la disparition de son fils cadet (Hani Salama), qui après avoir fait la fête des journées durant, ne donne plus de nouvelles. Quand on le retrouve et qu’il parle, son discours parait incompréhensible. « Il est fêlé » dit Manuella (Laila Elwi), la sœur de la gitane dont l’aîné est amoureux.

La communication entre le calife et ses deux fils a bien du mal à passer

Aujourd’hui on dit radicalisé, sous la coupe « d’habiles manipulateurs » comme on les appelle au palais. Les intégristes « d’un mouvement organisé pour menacer le royaume » ce qui ne l’inquiète guère. Condescendant avec ses conseillers, badin, voire moqueur à l’encontre de ses fistons, le calife ne croit pas à ces « fanatiques sans scrupule ». Contrairement au philosophe qui nous promène dans son discours inquiétant au rythme d’une caméra presque guillerette, enjouée certainement par des décors mirifiques et une joie de vivre à fleur de peau.

Je n’insisterai pas plus sur les associations d’idées et les situations parallèles, l’incendie de la maison d’un grand juge, les menaces, les attentats, et autre forme d’enlèvements pour ôter au peuple l’envie de résister. Entre le péplum, la cape et l’épée Chahine prône de manière assez bancale l’amour et la tolérance.

Le grand philosophe commence à douter de la sagesse de ses paroles

Très sentencieux dans les ordonnances d’une parole divine,  il en devient un brin moraliste, et parfois étonnamment fleur bleue quand deux tourtereaux s’ébrouent au milieu du carnage. Le désordre du moment, effectivement, celui d’une époque que l’on n’avait pas vu venir. En ce sens Chahine fait preuve d’une totale humanité.

  • Glossaire. Une liste de quelques mots spécifiques à cette période et au monde arabe permet d’éclairer notre lanterne. Elle est très utile et comme tout glossaire qui se respecte, cette liste est alphabétique. En tête, Averroes, le philosophe …
  • Le coffret : « L’autre »,  » Le destin » et  » Silence on tourne ».
C’est un cas d’école, un exercice inévitable pour étudiants en cinéma. 135 mn pour se perdre dans les décors de la grande Histoire avant de ramener le propos à ce qui, vingt ans après, relève étonnamment d'une actualité brûlante. Les tiraillements de l’Islam, le grand philosophe Averroes (Nour El-Sherif) les anticipe auprès de son maître, le calife Al Mansour qui ne veut rien entendre. Il est dit-il l’Andalousie à lui tout seul, et cette certitude le conforte dans son aveuglement. Malgré les alertes dans son entourage proche, dont l’assassinat du poète, Marwan… Et la disparition de son fils cadet (Hani…
Le film

Il y a vingt ans Youssef Chahine entendait prôner l’amour et la tolérance face à la montée de fanatiques religieux pour qui leur bréviaire constituait l’unique rempart contre les civilisations environnantes. On voit aujourd’hui le résultat de telles lectures. Il est stupéfiant de mettre en regard cette histoire du philosophe Averroes, le conseiller du calife qu'il n’arrive pas à mettre en garde contre ses ennemis aussi bien intérieurs qu’extérieurs. La mise en scène et le décorum prennent à témoin l’époque du tournage et celle qu’elle est censée représenter. Ce qui donne un ton assez particulier à l’ensemble, assez joyeux, presque badin, sauf dans les instants dramatiques qui veut que l’homme déraisonne et tue pour un dieu qui n’en demande pas tant. C’est du cinéma, mais c’est aussi l’Histoire qui s’écrit encore et toujours

User Rating: Be the first one !

Voir aussi

« Juré N° 2 » de Clint Eastwood. Critique cinéma

... Et Clint Eastwood N° 1

Laisser un commentaire