Synopsis: Pierre et Thérèse Gauthier, sont expropriés de leur garage à Villeneuve au profit d’un terrain d’aviation civile. Une fois installés en ville, les affaires tournent bien, mais rappelé par sa passion pour les airs, Pierre délaisse peu à peu travail et famille. D’abord furieuse, Thérèse se laisse à son tour gagner par l’enthousiasme de son mari. Ils achètent un avion que Thérèse pilote avec brio. Elle songe alors à battre le record de distance établi par Lucienne Ivry.
La fiche du film
Le film
- Première sortie : 2 février 1944
D’après l’histoire vraie empruntée à Andrée Dupeyron, détentrice dans les années trente du record féminin de distance en ligne droite en avion.
Jean Grémillon exalte l’honneur de la famille, le sens du devoir, celui de l’engagement.
Chez les Gauthier, ce bel ensemble se conjugue au quotidien du garage que fait tourner madame, quand monsieur répare les moteurs. Il préfère leur ronronnement à celui de la belle-mère (Raymonde Vernay) qui n’en finit pas de maugréer.
Les enfants s’en amusent, et la fille Jacqueline (Anne-Marie Labaye ) rêve déjà d’évasion. Douée pour le piano, elle envisage le conservatoire sur les conseils de son professeur, Larcher ( Jean Debucourt ) un homme fort raisonnable. Mais le projet se heurte à la désapprobation parentale, particulièrement celle de la mère qui en matière d’émancipation marque pourtant son territoire.
Femme-maîtresse au sein de l’entreprise familiale, la voici à son tour aux commandes de ces petits coucous qui la désespéraient . La passion du mari devient sa folie.
Elle n’est pas immédiate nous dit Jean Grémillon loin de rapporter un acte de bravoure, ou une épopée aérienne. Toujours assisté d’Albert Valentin au scénario et de Charles Spaak aux dialogues le réalisateur nous parle avant tout des Gauthier à l’approche d’un monde moderne dans lequel la belle-mère acariâtre ne retrouve plus ses petits.
Madame porte la culotte, réprimande un époux trop sage à qui dit-elle manque le sérieux et le sens des responsabilités. Mais le chérit pleinement au sein du foyer qu’elle couve de tout son amour. C’est assez démonstratif, surligné parfois sur un scénario insistant.
De l’ambiance avant tout, de l’humeur du moment quand la détermination de l’héroïne est mise à mal au conseil d’administration de l’aérodrome où dit-on « la place des femmes est dans la maison ».
Ce que Thérèse n’entend pas à l’image de sa fille toujours en guerre pour un piano qui maintenant doit être vendu.
Les femmes mènent la danse et Charles Vanel les regarde, admiratif et heureux. Madeleine Renaud est tout aussi comblée par cette bienveillance familiale un rien chahutée à l’approche de l’envol historique.
Si l’on connait son issue heureuse, Jean Grémillon l’a rend fiévreuse dans l’attente des nouvelles de l’aviatrice qui tardent à se concrétiser. C’est un épilogue habilement mis en scène, et au suspense latent.
Le film
Si à l’origine l’histoire du film évoque un record aérien historique, l’aviation n’est ici que le faire valoir d’une histoire d’amour et de tendresse. Pour une femme dont le portrait occupe de pleines pages dans un scénario surligné. Au cœur d’une famille où la passion de l’avion du mari garagiste exaspère son épouse, femme maîtresse déjà à la pointe d’une émancipation qui ne disait pas encore son nom. Quand la dame est à son tour emportée par l’ivresse des airs, rien n’arrêtera le couple pour qu’elle puisse atteindre ses objectifs. Il y a une certaine naïveté dans la mise en scène et des panoramiques ( intérieur-extérieur ) toujours intéressants. Le mélange des genres qui confinent Jean Grémillon dans un classicisme aujourd’hui de bon aloi. La grisaille de l’image et le son un tantinet nasillard ne sont que des alibis .