Synopsis: Le docteur Laurent est un nouveau venu dans un village de l'arrière-pays des Alpes-Maritimes. Il y remplace le vieux docteur Bastide et fait la connaissance de plusieurs patients dont Francine qui est enceinte... Comme il vient de Paris on le regard un peu de travers, surtout que ses méthodes ne sont pas forcément très en cours, surtout celle de l’accouchement sans douleur.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Le bonus
« Là, vous m’étonnez » dit le toubib opposé au Dr Laurent.-
« L’étonnement est le commencement de la science » lui répond-il.
Jean Gabin a tourné une centaine de films. Le cas qu’il nous propose ici n’est pas le plus connu. Il le mérite pourtant. Couronné par de nombreux succès, le comédien peine au milieu des années cinquante à reprendre son souffle malgré un grand rôle dans « Voici le temps des assassins » de Julien Duvivier.
Celui du Dr Laurent est aussi un grand rôle. L’acteur lui insuffle une vérité, un naturalisme que l’on n’attendait peut-être pas de la part du tueur qui se barricade quand « Le jour se lève » de Marcel Carné. Le Dr Laurent vient de la capitale pour remplacer un collègue dans un petit village des Alpes-Maritimes.
Il débarque seul, renforçant la suspicion autour de son choix d’affectation. Dix ans après la fin de la guerre, les villageois demeurent très méfiants vis-à-vis de l’étranger, d’autant plus prudents que ses méthodes ne sont pas habituelles.
Mais quand il voit la peine et la souffrance de Catherine lors de son accouchement, puis les conséquences sur la vie de son couple, le médecin se décide à mettre en pratique ses théories.
Jean-Paul Le Chanois ne fait pas mystère de son militantisme. Il œuvre tout autant que son héros à la divulgation de l’accouchement sans douleur, dans une approche documentaire qui à l’époque peut apparaître révolutionnaire, voire choquante pour de nombreux spectateurs. Je ne pense pas qu’en 1956 on assistait sur grand écran à de véritables accouchements.
L’aboutissement de toute une dramaturgie parfois poussée à l’extrême (le calvaire de Catherine –Silvia Montfort héroïne à la Bergman-) qui voit la pauvre femme rejeter son entourage au profit exclusif de son bébé. Le thème du film de Saverio Costanzo, « Hungry Hearts ».
Mais soixante-quinze ans auparavant Le Chanois pousse déjà son raisonnement au-delà des limites tolérées par l’Ordre des médecins. Celui-ci participe à un véritable complot ourdi par une plainte suggérée par les dit-médecins, et relayée par le conseil municipal aussi partagé sur l’attitude à observer que le reste du village.
Le Clochemerle médical trouvera une issue heureuse, le cinéaste assumant sa foi en l’homme et en la science dans une séquence finale tout à fait évocatrice de ses élans humanistes. Un car de femmes descend de la vallée vers la ville et croise les hommes au labeur. On les salue respectueusement, la vie a repris ses droits.
- Autour du film. Guillemette Odicino (Télérama) et Eric Libiot (Studio ciné live) 14 mn
On souligne au-delà du talent de Gabin, la démarche de Le Chanois, un résistant qui a travaillé avec le groupe Octobre, devenu un militant de nombreuses causes dont celle des féministes. « Dix ans après la fin de la guerre, il filme ce village comme sous l’occupation ».
Le film
Le bonus
C’est un film d’autant plus intéressant que dans la filmographie de Jean Gabin il passe assez inaperçu, malgré un thème qui au milieu de XX ème siècle ne devait pas emporter l’adhésion populaire : l’accouchement sans douleur. Une fois encore Jean Gabin fait preuve d’un jeu d’acteur éblouissant, assez naturaliste et totalement en accord avec le militantisme de son réalisateur. Un féministe plutôt rare j’imagine à l’époque qui évoque au passage les traumatismes inhérents à un accouchement. Silvia Montfort, silhouette à la Bergman, excelle dans ce personnage enfermé sur l’enfant qu’elle a eu tant de mal à mettre au monde. Nicole Courcel, plus en retenue, opte pour une posture contraire, acceptant après bien des réticences de suivre les conseils du Dr Laurent qui lui vaudront les foudres de l’Ordre des médecins. Ce film n’est pas aussi anodin qu’on a bien voulu le faire paraître.
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