Synopsis: Argentine, 2006. Un groupe de cambrioleurs s’apprête à réaliser un des plus célèbres et des plus ingénieux braquages de l'histoire d'Argentine, celui de la banque Río.
La fiche du film
Le film
Gangsters, échecs ( case prison, règlement de compte ), prise d’otages, misère sociale … Les braquages au cinéma font florès, avec parfois des coups de génie. « Ocean’s eleven » de Steven Soderbergh, « Inside Man » de Spike Lee ou « Sans arme, ni haine, ni violence » de Jean-Paul Rouve qui remet en selle Spagiarri pour « le casse du siècle ».
La devise du gang français rappelle d’ailleurs celle du commando argentin quittant la banque Rio « sans arme, ni rage » au nez et à la barbe des policiers embusqués.
Quand le commissaire Sileo (Luis Luque) comprend l’embrouille, il est déjà trop tard.
Entrés au grand jour par la salle des guichets, les malfrats sont repartis par une autre issue. Un joli coup monté avec grandeur et précision.
Ariel Winograd le reprend à son compte de manière assez classique dans l’élaboration du projet, mais avec ce petit quelque chose qui toujours nous retient. Voir le profil du boss par exemple, manager d’une salle de gym, sans antécédent judiciaire . Diego Peretti est insaisissable …
Une nuit, l’homme suit un mégot de cigarette dans une rigole qui finit dans une bouche d’égout face à la banque Rio . Et le braquage prend forme. Winograd filme cette filature aquatique avec une attention hypnotique. Tel un événement !
A l’image du recrutement des partenaires portraiturés de manière exemplaire. Mario en tête, le bel hâbleur, voleur solitaire au riche palmarès. Guillermo Francella qui lui prête ses yeux bleus incendiaires, a la prestance naturelle pour mener tout son petit monde au bal des malfrats.
La mise en scène nous le renvoie par ces petits clins d’œil astucieux jetés sur la scène de crime . Ils prêtent à sourire. Les otages sont traités avec beaucoup d’égards quand la police s’apprête à les déloger.
Le commissaire Sileo est d’ailleurs bien dubitatif sur la conduite des opérations. Les discussions sont très convenables, presque polies, et surtout elles traînent. « Y’a quelque chose qui cloche » dit Sileo sans comprendre l’entourloupe qu’on lui joue.
Affranchi depuis le début, le spectateur la suit en toute connaissance de cause. Et pourtant le suspense demeure patent sur un montage parfaitement huilé entre projet et réalisation. Cet entre-deux scénographique, alternance modulée, relance chaque fois l’intérêt d’un film de genre, revu et corrigé par un cinéaste qui n’a rien inventé.
Ses scénaristes non plus. L’affaire a réellement existé. Mais la restituer ainsi dans son amoralité truculente la rend digne de ce braquage inédit. L’un et l’autre font la paire.
- Quelques braquages plus ou moins célèbres, plus ou moins réussis :
« Logan Lucky » de Steven Soderbergh-« Good Time » de Ben Safdie, Joshua Safdie- « Baby Driver » de Edgar Wright-« Le Gang des Antillais » de Jean-Claude Flamand-Barny-« Triple 9 » de John Hillcoat- « Son of gun » de Julius Avery- « La proie » de Eriv Valette-« The Town » de Ben Affleck-« Sans arme, ni haine, ni violence » de Jean-Paul Rouve-« La Raison du Plus Faible » de Lucas Belvaux – » Réservoir dogs » de Quentin Tarantino
Le film
Dans la cohorte des films de braquage , le modèle argentin se situe dans la moyenne légèrement supérieure , laissant quand même loin devant lui « Insideman » et autre « Ocean’s eleven ». Ariel Winograd reprend le filon de manière assez classique dans l’élaboration du projet et sa réalisation mais avec ce petit quelque chose qui toujours nous retient . Il filme le détail comme un élément de pièce à conviction et suit ses protagonistes avec insistance, tant leur personnalité est hors du commun. A l’image du projet élaboré par un cerveau bien ingénieux pour contrer l’intervention de la police qui effectivement se perd en conjecture. Une confrontation à distance arbitrée par un spectateur affranchi qui joue sur les attendus possibles d’une issue bien incertaine. Même si en toute connaissance de cause ( l’histoire est vraie ) la fin de l’histoire ne fait plus aucun doute. Mais la restituer ainsi dans son amoralité truculente la rend digne de ce braquage inédit. L’un et l’autre font la paire.