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« La voie royale » de Frédéric Mermoud . Critique cinéma-dvd

  • 9 août 2023 en salle
  • DVD:  ‎ 9 décembre 2023
  • 107min / Drame
  • Avec Suzanne Jouannet, Marie Colomb, Maud Wyler

Synopsis : Sophie est une lycéenne brillante. Encouragée par son professeur, elle quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, elle réalise que son rêve, intégrer Polytechnique, représente plus qu’un concours… un vrai défi d’ascension sociale.

Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article

  • Le film
  • Les bonus

Je suppose que ce que Frédéric Mermoud nous révèle sur la galère des classes préparatoires tient de la rigueur documentaire, et de faits attestés.

Son film repose entièrement sur le socle de cette formation scientifique pour en contredire la fonction, et en estimer les ravages possibles. Mais sans s’appesantir sur une telle structure, où l’élite prime sur la connaissance, il en extrait le profil d’une lycéenne, encouragée par son professeur de mathématiques, à tenter l’aventure.

Depuis la ferme familiale, Sophie en rêvait sans oser franchir le pas. Propulsée au cœur du système, elle en découvre les failles et les retournements. Mais aussi dans l’instant, le réconfort de sa voisine de chambre, plus formée semble-t-il à ce genre d’exercices.

Au-dessus du niveau, Diane va lui venir en aide et franchir avec elle les différentes étapes de cette formation scientifique ardue.

On l’a prévenue, c’est un parcours du combattant, mais aussi découvre-t-elle rapidement celui d’une intégration dans la société qui  peine à reconnaître les profils de son acabit.

Dès la séance d’intégration, bizutage obligé, Sophie va découvrir le fossé qui la sépare de ses petits camarades. Mais Diane est déjà à ses côtés.

 

On la traite ,plus ou moins gentiment, de campagnarde, et quand on dit paysan, elle rétorque éleveur. Des parents éleveurs (Marilyne Canto, Antoine Chappey ) en colère, pour le prix dérisoire de leur travail, auprès des gilets jaunes «  des gens d’extrême droite » lui rétorque Diane effarée par ses propos.

Le clivage est sensible et sans en rajouter Frédéric Mermoud évalue le fossé que doit combler la jeune femme pour s’imposer, et si possible arriver.

Quand elle pleure, on pleure avec elle . Elle réussit, on la suit dans son élan .Suzanne Jouannet qui ne quitte jamais l’écran force le respect d’une interprétation exemplaire . Jamais trop, elle rythme le pouls d’une institution à l’égal de celui de sa propre existence.

Au-delà d’une survie, Sophie nous parle de respect et de dignité dans un monde qui fonce les yeux fermés. Diane son amie ( parfaite Marie Colombe), Claire la prof intraitable ( Maud Wyler remarquable ) l’accompagnent dans l’élan d’une affiche tout aussi exemplaire.

LES SUPPLEMENTS

  • Rencontre avec Frédéric Mermoud – A l’origine du projet : la fin de l’adolescence, le début de l’âge adulte, l’âge des premières bascules, ancrer le romanesque dans un milieu particulier comme celui des classes préparatoires, les deux co-scénaristes ont fait des prépas . (Anton Likiernik et Salvatore Lista)

Le choix des costumes, important,  « ça nous oblige à parler des personnages . (… ) « Je répète très peu en amont du tournage, mais on se documente beaucoup, le monde paysan, les prépas … »

Maths ou physique sur la thématique ? Il choisit physique et s’explique . Et développe la personnalité de ses personnages

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  • Trois courts métrages de Frédéric Mermoud
  1. «  L’escalier » ( 2003 ) – 20 mn – Avec Nina Meurisse, Clément Van Den Bergh, Soko – Amoureux l’un de l’autre, deux adolescents, Hervé et Rachel, ont l’habitude de se retrouver dans la cage d’escalier de leur immeuble…

… mais ils ne sont pas les seuls , et la cohabitation plus ou moins admise règle la mise en scène alerte et imprévue. Déjà un bon coup d’œil du jeune réalisateur d’alors

  1. « Rachel » ( 2006 ) – 14min-Avec Nina Meurisse, Eric Ruf, Tina Becker- Rachel profite d’un baby-sitting pour organiser une soirée en compagnie d’une amie et de deux garçons pour organiser une soirée dans l’appartement d’un homme d’affaires, mais celui-ci rentre plus tôt que prévu…
Pas vu, pas pris , mais réussi

Un sujet qui me semble a déjà travaillé les méninges des scénaristes. Mais il est bien écrit et réalisé, avec des comédiens ad-hoc. Situations sans gêne, voire embarrassantes pour Rachel quand la copine prend vraiment ses aises. L’arrivée du proprio couronne le tableau parfaitement composé.

  1. « Pas vu, pas pris » ( 2016 ) – 13 mn- Avec Alba Gaïa Bellugi, Lorenzo Lefèbvre, Pauline Seyriès- Une petite leçon de cinéma sur le raccord regard prévient le générique qui ne dit pas qu’un petit fils de Truffaut a repris les cours d’autrefois. Dans une configuration très contemporaine où les jeunes filles papillonnent au gré de leurs fantaisie. C’est très réussi .
9 août 2023 en salle DVD:  ‎ 9 décembre 2023 107min / Drame Avec Suzanne Jouannet, Marie Colomb, Maud Wyler Synopsis : Sophie est une lycéenne brillante. Encouragée par son professeur, elle quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, elle réalise que son rêve, intégrer Polytechnique, représente plus qu’un concours... un vrai défi d’ascension sociale. Si les étoiles n'apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l'article Le film :  Les bonus :  Je suppose que ce que Frédéric Mermoud nous révèle sur la galère des classes préparatoires tient de la…
Le film
Les bonus

Déjouant les pièges de l’affrontement social au sein d’un établissement éducatif de haut niveau, Frédéric Mermoud évalue le parcours du combattant que représente pour une jeune fille douée, issue d’un milieu modeste, la montée des marches vers la connaissance. Sophie va en entendre des vertes et des pas mûres de la part de ses camarades de promotion, toujours prompts à la blague et au chahut. Elle devait s’imposer dans un système éducatif, elle doit aussi affirmer ses origines agricoles, revendication d’un état de droit auquel l’établissement ne paraissait pas être en mesure de répondre. S’il ne condamne pas ipso-facto les grandes écoles,  loin du documentaire Frédéric Mermoud éclaire l’élitisme de notre système éducatif de manière judicieuse . Suzanne Jouannet qui ne quitte jamais l’écran force le respect d’une interprétation exemplaire. Quand elle pleure, on pleure avec elle . Elle réussit, on la suit dans son élan . Marie Colombe (son amie), Maud Wyler (la professeur) l’accompagnent merveilleusement dans l’élan d’une affiche tout aussi exemplaire.

AVIS BONUS Les commentaires du réalisateur qui nous offre trois courts métrages forts intéressants

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