Synopsis: Yukinojo, célèbre acteur de kabuki, vient jouer à Edo avec sa troupe. Un soir, sur scène, il reconnaît dans le public les trois hommes qui ont provoqué la ruine et le suicide de ses parents : le magistrat Dobe et les commerçants Kawaguchiya et Hiromiya. À l’époque, il avait alors juré de les venger coûte que coûte. Yukinojo compte bien tenir sa promesse et va pour cela se servir de la fille de Dobe, Dame Namiji, tombée amoureuse de l’acteur...
La fiche du film
Le Film
Première sortie : 25 avril 1979
Tourné en 1963, ce film japonais conserve son brio et son inventivité technique aussi extravagante qu’extraordinaire. C’est peut-être pour faire passer la pilule d’une histoire assez convenue sur une vengeance plutôt singulière que le cinéaste met en scène ses protagonistes de façon inattendue.
Il joue beaucoup sur les codes du théâtre dans un cinéma où le rideau, la scène, les projecteurs, ne cessent d’alterner les plans réels de la fiction aux commentaires hors-champs des acteurs.
Dont le héros, Yukinojo , ( Kazuo Hasegawa ) célèbre comédien de kabuki, travesti en femme pour mieux approcher l’adversaire.
Le patriarche Dobé est à l’origine de la disparition cruelle de ses parents. Il l’aperçoit lors d’une représentation dans la ville d’Edo en compagnie des deux autres commerçants, complices de la ruine parentale.
Pour arriver à ses fins, le comédien entreprend Dame Namiji, la fille de Dobé qui ne résiste effectivement pas au charme du travesti . Cette idylle aussi absurde que surprenante, est le point d’ancrage du stratagème vengeur auquel de nombreux individus prennent part sans y avoir été conviés.
Une drôlerie que ces voleurs , une femme, un gentil, ce dernier décidant de venir en aide au héros. Il est aussi l’interprète et narrateur ( sur un toit, derrière une poutre… ) des pensées des personnages, anticipant certaines scènes, les supputant…
Maîtrise totale de la narration, malgré les changements de ton et de décors improbables parfois, surréalistes souvent. Comme ces variations musicales qui de la chanson traditionnelle au piano jazzy confinent le spectateur dans un enchantement permanent, et relègue la mièvrerie amoureuse du héros à un état second stratégique et vengeur.
Au passage, Kon Ichikawa évoque le climat social autour de la spéculation sur le riz et le pouvoir du Shogun. Il a fait de Dame Namiji sa favorite qui attise les passions et l’avidité d’un père espérant profiter de la situation.
Mais le héros entend y mettre un terme, comme à cette corruption à peine endiguée par une révolte populaire.
Le mélange des genres, narratif cette fois donne de l’extravagance un sentiment de poésie . Le théâtre populaire japonais, illustré par une réalisation ad-hoc le traduit de manière exemplaire. Kon Ichikawa en fait état avec grandeur.
Le Film
Du cinéma japonais, des années soixante, à l’état pur. Le théâtre y est très présent, et plus encore la théâtralité d’une mise en scène qui joue sur le réel et la fiction dans une dramaturgie évidente. Celle de la vengeance assumée par un acteur célèbre qui lors d’une représentation aperçoit dans la salle les responsables de la mort de ses parents. Une stratégie s’engage alors pour venir à bout des importuns, autour de l’amour de la fille de l’un d’eux, responsable désigné, qui n’est pas il est vrai un exemple de loyauté. Et comme ses comparses sont du même acabit, ils faciliteront la tâche du héros. Une trame assez dramatique, tragique et classique que le réalisateur japonais surélève au-dessus de la moyenne pour la mener vers la fantaisie et la poésie que le théâtre populaire japonais traduit de manière exemplaire. Kon Ichikawa en fait état avec grandeur. Tourné en 1963, ce film japonais conserve son brio et son inventivité technique aussi extravagante qu’extraordinaire.