« La Permission » de Soheil Beiraghi. Critique cinéma-dvd

La fiche du film

Le film : "La Permission"

De : Soheil Beiraghi

Avec : Baran Kosari, Amir Jadidi

Sortie le : 28/11/2018

Distribution : Sophie Dulac Distribution

Durée : 88 Minutes

Genre : Drame

Type : Long-métrage

• Date de sortie du DVD : 12 avril 2019
• L’histoire est véridique …

Après « No land’s song » de Ayat Najafi et « Une femme iranienne » de Negar Azarbayjani, la jeune réalisatrice Soheil Beiraghi signe un premier long-métrage sur l’émancipation de la femme iranienne. Le problème posé tient cette fois à l’individualité du sujet dont le comportement volontaire, fort et déterminé rejaillit immanquablement sur la collectivité.

Afrooz est la capitaine de l’équipe nationale de futsal, un sport qui s’apparente au foot, avec cinq joueurs évoluant sur un terrain d’handball.  Elle est une représentante éminente d’un pays qui s’apprête à jouer une finale internationale.

Mais une loi lui interdit de voyager sans l’autorisation du mari. Et celui-ci justement, s’oppose à ce déplacement. Ses raisons sont encore obscures, mais on comprend vite qu’il assouvit une vengeance froide, calculée et perverse. Il n’est plus question des droits de l’homme ou dans le cas précis, de la femme, mais des droits constitutifs de l’être humain.

L’héroïne n’est pas dans son droit, elle le sait aussi pertinemment qu’elle le revendique logiquement. Un contraste fort sans le moindre paradoxe taillade joliment ce visage déterminé au possible. Afrooz va se battre jusqu’au bout.

Ils se sont aimés et maintenant s’écharpent, sortent leurs griffes. Nocifs l’un pour l’autre, ils se balancent tout à la figure. Une situation assez commune pour un cas unique, exemplaire et très particulier que la réalisatrice élève à l’ensemble d’une communauté arc-boutée sur des principes iniques et imbéciles.

Dans les vestiaires et même sur le terrain la responsable de l’équipe traque les gestes intempestifs, le cheveu qui dépasse du voile ou la liesse trop marquée après une action victorieuse.

Ce même personnage extrêmement bien joué par Leili Rashidi va lui pourrir la vie et l’existence en prenant fait et cause pour la loi et le mâle dominant.

La réalisation sans grands effets (l’aspect sportif n’est pas très bien filmé) n’altère en rien la force de persuasion d’une héroïne que Baran Korasi incarne avec autant de force que son personnage a de persévérance et d’altruisme. Et l’époux est tout aussi grandiose dans l’interprétation qu’en fait Amir Jadidi, un mari cynique et ridicule dans son bon droit. C’est désespérant, mais pas le film !

LE SUPPLEMENT

• Entretien avec le réalisateur Soheil Beiraghi et l’actrice Baran Kosari (14′) . En rappelant le thème du film Soheil Beiraghi souligne bien le fait que le fond du problème, ce sont des femmes voilées à qui l’on interdit de sortir du pays pour le représenter.
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«  Un salaire insignifiant, une reconnaissance nulle, au cœur de l’équipe nationale » relève Baran Kosari « il n’y a aucun traitement de faveur, bien au contraire. (… ) A la projection du film beaucoup d’entre elles pleuraient , émues d’avoir été ainsi sous le feu des projecteurs ».

 Il est beaucoup question de la dirigeante, rigoriste, « un coach responsable idéologique, pour qui l’attitude est plus importante que la victoire ».

«  Le propos du film et son message sous-jacent est en phase avec mon point de vue sur la société iranienne » dit encore l’actrice, coutumière des personnages militants au cinéma. «  Et c’est un regard que le monde n’a pas souvent vu. (… ) Nous sommes des mères, des épouses, des sœurs, mais la femme iranienne espère entendre une autre histoire qui correspond à ce qu’elles sont et à ce qu’elles vivent ».

 Pour le réalisateur « si le pays se développe très rapidement, les lois rétrogrades demeurent. (… ) Notre peuple se compare aux autres pays et évidemment il ne se retrouve pas ».