Assez classique, l'histoire de ce couple adultérin porte l'estampille Truffaut. Tout s'éclaire !
La fiche du film
Le film
Les bonus
- Le coffret 5 héroïnes de François Truffaut« Deux anglaises et le continent » – « La Femme d’à côté » – « Vivement dimanche ! » – La Peau douce »
- Dvd : 15 octobre 2024
- Acteurs : Jean Desailly, Françoise Dorléac, Jean Lanier, Pierre Risch, Nelly Benedetti
- Format : Noir et blanc
- Studio : Carlotta Films
Hyper classique, le récit de ce couple adultérin porte l’estampille Truffaut, et dès lors tout s’éclaire, ou presque. Par l’élégance d’une mise en scène qui heurte la froideur bourgeoise de cet intellectuel toujours trop pressé.
Pierre Lachenay esquive, fuit, ne veut pas voir, confiné dans son petit bonheur tranquille que l’amour d’une hôtesse de l’air perturbe sérieusement. Il prend les devants, elle le rattrape.
C’est toujours filmé dans le paradoxe et la contradiction d’événements imprévisibles, comme cet ascenseur qui monte très lentement, propice aux rencontres inattendues , à la manière d’un va-et vient hitchcockien .
Truffaut en a-t-il pris de la graine et de l’expérience ? Un peu plus que l’illusion du cinéma et sa technique en filigrane.
Elle nous conduit aussi vers Chabrol qui bien plus tard allait astiquer la petite société provinciale venue accueillir le conférencier, mais ne pensant qu’au dîner organisé à son attention.
Cette belle séquence condense toutes les attentes du film, son suspense latent ( « une jeune fille vous demande à l’entrée » ) et ses incertitudes fâcheuses. L’homme était venu pour un Week end tranquille avec sa maîtresse sous prétexte d’une conférence rapide .
Le voici prisonnier du carcan des notables, imbuvables. Daniel Ceccaldi est impayable!
Ce contretemps joliment orchestré par le cinéaste dérègle le bel ordonnancement du couple, poursuivi par la malchance, le remord, la honte ?
Truffaut observe, commente à peine. Le profil de Jean Desailly laisse un brin perplexe dans sa retenue presque pincée, ses maladresses amoureuses et son allure de grand monarque.
Il séduit, imprévisible comme le comprend maintenant sa maîtresse qui sous les traits de Françoise Dorléac interroge ce monde presque superficiel – aussi étroit que celui des notables de province – qu’elle découvre au bras du romancier.
Ce n’est pas la vie dont elle rêvait . L’arracher à sa famille lui parait alors être « une grosse bêtise » comme elle dit quand sa femme se morfond d’un tel déchirement. Une femme dévastée, pitoyable devant la fatalité du destin qui ne pourra rabibocher le couple . Nelly Benedetti est inoubliable.
Un ticket de pressing oublié dans une veste, une cabine téléphonique occupée, un appel qui ne parviendra jamais, il y a des signes ( hitchcockiens, parfois … ) qui ne trompent pas. A ces petits détails, Truffaut fait un grand film…
- Tout Truffaut dans ce blog : « Les 400 Coups », « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal » – « L’Amour en fuite ». -« La mariée était en noir« -« Le dernier métro » ( + Suppléments) – Coffret François Truffaut– « L’enfant sauvage« – « L’Histoire d’Adèle H«
LES SUPPLÉMENTS
. Commentaire audio de Serge Toubiana (biographe de François Truffaut) avec Jean-Louis Richard (scénariste du film)
. Présentation du film par Serge Toubiana
. Actualités télévisées : Françoise Dorléac et Nelly Benedetti à propos du film « la peau douce » (2 mn) Réalisation : Mario Beunat (journaliste) – © 1964 INA
À Cannes, sur la Croisette, Françoise Dorléac se promène dans la rue. Elle est abordée par Jean-Louis Richard, le scénariste, mais aussi le dragueur dans le film.
Cette fois il n’est pas question d’importun, mais quand Françoise Dorléac est ravie que le scénariste l’ait accompagnée « jusque-là ! », l’homme prend subitement la fuite. Ils se trouvaient devant une vitrine « Cartier »
Toujours à Cannes, Nelly Benedetti aux bras de son mari Dominique Paturel parle de son personnage .
- Première (4 mn) – © 1964 François Truffaut et Françoise Dorléac sont interviewés par la télévision flamande.
- Cinéastes, de notre temps : François Truffaut ou l’esprit critique (10 mn – HD*) Réalisation : Jean-Pierre Chartier – © 1965 INA-François Truffaut raconte l’idée originale de La Peau douce et analyse quelques scènes clés du film.
« J’avais l’impression de pouvoir dire des choses nouvelles sur l’adultère ». Il commente en détail la scène de l’ascenseur , « ma direction d’acteurs était celle des regards, uniquement » et raconte comment il a présenté le personnage à Jean Desailly.
« Les scènes d’amour je n’aime pas faire ça, ça me rend malheureux, j’ai horreur des baisers, mais je ne peux pas faire d’ellipses, car ce sont des scènes importantes ».
La scène finale a aussi droit à un petit cours de cinéma déviant. « En réalité un corps ne tombe jamais comme ça, mais beaucoup plus vite … ». « Dans ce film j’ai souffert de son côté ingrat, qui ne permettait pas d’y mettre de la chaleur, c’était des personnages que je n’aimais pas, alors que de les aimer, ça aide ».
- L’ancien et la moderne (10 mn – HD*) .« La Peau douce, c’est l’intrusion de la femme moderne dans la vie d’un homme qui appartient à une autre culture : une culture du passé qui est sans doute une culture révolue. »
Dans son analyse Nicolas Saada, scénariste et réalisateur, insiste beaucoup sur l’apport hitchcockien dans ce film « au découpage très fragmenté,et les regards, les échanges de point de vue… ».
Il cite les clins d’œil ( « La mort aux trousses », « Le crime était presque parfait », et oppose à la vieille France de Lachenay, la Nouvelle vague incarnée par le personnage de Françoise Dorléac. « Plus je vois -La Peau douce-, plus je le trouve magnifique » .
Le film
Les bonus
Hyper classique, le récit de ce couple adultérin porte l’estampille Truffaut, et dès lors tout s’éclaire, ou presque. Par l’élégance d’une mise en scène qui heurte la froideur bourgeoise de cet intellectuel toujours trop pressé.
Pierre Lachenay découvre à nouveau l’amour et à nouveau repart dans ses diverses occupations difficilement compatibles avec sa double vie qui fait éclater son ménage et perturbe sérieusement sa maîtresse.
Cette exaltation Truffaut réussit à la sublimer dans l’attente et l’urgence, le suspense et le quotidien . Quelques coups de griffes ici et là, à la bourgeoisie bien-pensante et aux notables de province et le harcèlement sexuel à plusieurs reprises…
AVIS BONUS
De petites rencontres d’époque sur la Croisette, des commentaires du réalisateur sur quelques scènes et un joli point de vue de Nicolas Saada