- 8 novembre 2023 en salle
- 2h 14min
- Historique, Romance
- Avec Juliette Binoche, Benoît Magimel, Emmanuel Salinger
Synopsis : Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. Au fil du temps est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Alors un jour …
- Cannes 2023, prix de la mise en scène.
- Représente la France pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2024.
- Lumière 2024 de la Meilleure Image
D’après le roman éponyme de Marcel Rouff (1877-1936)
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Si à mes yeux « Anatomie d’une chute » de Justine Triet ne mérite pas d’être oscarisé, « La Passion de Dodin Bouffant » ne me paraît pas plus armé pour rafler le prix du meilleur film étranger. On y célèbre la gastronomie française , dans toute sa noblesse et ses vertus amoureuses, sans y déceler les émotions et les sentiments qui semble-t-il transpirent entre nos deux maîtres-queue.
Dodin, le propriétaire d’un manoir cossu, gastronome réputé, et Eugénie sa cuisinière à son service depuis 20 ans. Le génie de l’homme conjugué au talent de son employée ravivent les convives , principalement des amis proches , fins gourmets par nature.
On les voit se pourlécher sur un carré de veau précédant une omelette norvégienne, via un vol au vent. Autant de plats mitonnés devant nos yeux avec insistance (c’est long, fastidieux ) , et noyés dans des nectars qui n’ont plus d’âge.
Eugénie est aux anges pour son maître qui dans le privé est aussi son amant. Ils se rejoignent parfois la nuit, quand la dame laisse sa porte entrouverte. Jeu de séduction mêlé à la création et à un lourd secret.
Et retour aux cuisines.
Plus attiré par « L’odeur de la papaye verte » Tran Anh Hung repasse cette fois les plats, assez platement, entre les fourneaux où les femmes sont à l’œuvre et la salle à manger. Eugénie a refusé de rejoindre les hommes : « c’est à travers ma cuisine que je converse avec vous ».
A plusieurs reprises ce genre de dialogues épice des conversations précieuses , mais sans distinction aucune (* ) dans le faste apparent d’une mise en scène démodée. Ou datée par les circonstances scénographiques dans lesquelles s’empêtrent très gentiment Benoît Magimel et Juliette Binoche.
Je les ai connus plus inspirés.
Et quand l’un devra quitter l’autre, on imagine que la messe est dite, le repas achevé. Ce qui aurait constituer un honnête dîner et un film tout aussi supportable. Mais il nous faut comprendre comment l’un sans l’autre peut survivre à la nourriture terrestre.
On repart donc aux fourneaux, avec Violette, la servante de toujours ( Galatea Bellugi ) et Pauline la petite cuisinière appelée à prendre le relais . Pour son premier film Bonnie Chagneau-Ravoire apprend elle aussi très vite.
Elle ouvre de très grands yeux. Elle n’en revient pas, nous non plus.
(*) Il y a pire « le mariage est un dîner qui commence par le dessert »
- Mais encore : « Les délices de Tokyo » de Naomi Kawase-« Salé sucré » de Ang Lee-» Le festin de Babette » de Gabriel Axel-« Soul Kitchen » de Fatih Akin-« La grande cuisine » de Ted Kotcheff-« La saveur des Ramen » de Eric Khoo
Le Film
En dehors de la polémique sur les Oscars ( mais je crois que c’est perdu ) ce film est étrangement en dehors du propos qu’il veut tenir sur la confection d’une table de gastronome. A travers l’amour que se portent un cuisinier réputé et sa fidèle compagne et assistante depuis vingt ans, Tran Anh Hung repasse les plats, assez platement, sans discontinuer, l’œil rivé au bouillon de légumes arrosant une viande rouge à souhait. Des amis dégustent ces mets plus délicieux, les uns que les autres, et puis retour aux cuisines. Là où une jeune fille apprend à son tour les secrets du maître-queue. Une relation bien sympathique qui ne fait pas plus frissonner un scénario aux dialogues douteux. Sur lesquels s’emmêlent très gentiment Benoît Magimel et Juliette Binoche. Je les ai connus plus inspirés.
Merci à l’auteur de ce blog, je n’étais pas très motivé au départ pour aller voir ce film et donc mon choix est fait : je reste sur « Le festin de Babette ».
Bon appétit quand même