- La dixième édition du festival du film policier de Beaune a ouvert ses portes mercredi soir. Déçu par Kore-Eda, je me rattrape avec le premier film de Samuel Tilman « La part d’ombre ». Avant de vous signaler ma déception sur « Piercing ».
Beaune n’affiche pas son festival. Il pleut. Ce n’est pas de son fait, je sais, mais la ville pavoisée aux couleurs du polar se fond dans la grisaille-pluie-d’orage.
File d’attente, grêle et mines dubitatives. Les « pass » mêlés aux invitations dans des files incertaines, cherchent la barrière accueillante. L’occasion de causer avec mon voisin qui ignore tout du film programmé. Il veut voir Lambert Wilson, mais le président du jury est ailleurs, dans une autre salle, justement celle réservée aux invités.
Mon voisin est déçu et peut-être plus encore à l’issue de la projection. « Third Murder », le nouveau film de Kore-Eda visait une palme à la dernière Mostra de Venise. Il est reparti bredouille ce qui risque de lui arriver dans la capitale des vins de Bourgogne.
Cette histoire d’avocat défenseur d’un criminel qui le balade comme il veut est assez tordue pour plaider coupable.
Si la vengeance est le premier motif du crime, le coup de l’assurance vie de l’épouse pourtant fort éplorée revient très vite sur le tapis. Avec la gamine du couple qui ne parait pas très claire, le réalisateur jette un coup de projecteur sur toutes les personnes plus ou moins louches qui gravitent autour.
Dans ce labyrinthe scénaristique peu passionnant, le ton est monocorde, sans emballement, linéaire, presque récitatif.
Mon premier coup de cœur de ce festival : le film de Samuel Tilman dont le titre français « Une part d’ombre » conserve bien effectivement tout l’intérêt que l’on peut lui porter. Contrairement au titre anglais qui laisse beaucoup plus entrevoir l’issue de cette aventure peu banale.
Celle d’ un monsieur propre et sympathique sur toute la ligne qui du jour au lendemain se voit accuser d’un meurtre. Histoire déjà entrevue que Samuel Tilman va filmer avec l’audace d’un premier essai. Il casse le rythme et les scènes pour jouer sur des contresens immédiatement révélateurs d’un ton et d’une dynamique.
Coupable ou pas, là n’est pas le vrai problème pour le réalisateur qui s’ingénue à tendre des énigmes autour d’une personnalité qui a peut-être effectivement des choses à se reprocher. La question étant de savoir comment il va pouvoir s’en tirer !
Dans ce quotidien fait d’amour, d’amitié et de bonne camaraderie qui s’effiloche dans le doute, la suspicion et l’abandon.
Belles audaces dans la mise en scène et dans la manière de conduire les comédiens à n’être plus que des personnes très communes. Un premier grand pas pour ce Tilman !
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