- Format : Noir et blanc
- Durée : 2 heures et 43 minutes
- Dvd : 7 février 2023
- Acteurs : Willy Fritsch, Gerda Maurus, Klaus Pohl, Fritz Rasp, Gustl Stark-Gstettenbaur
- Studio : Potemkine Films
L’histoire : Le professeur Manfeldt est moqué par ses confrères lorsqu’il prétend qu’il existe des mines d’or sur l’astre lunaire. Mais son ami Wolf Helius souhaite construire la fusée pour y aller. Friede Velten et son fiancé l’ingénieur Hans Windegger sont intéressés par ce projet. Un groupement financier contrôlant le marché de l’or s’interpose …
D’après l’œuvre de Thea von Harbou
Avant de décoller vers la lune, Fritz Lang, bien que privé de paroles, prend tout son temps. La longueur extrême de son film ( 2 h 45 ) s’explique principalement par ces premières scènes qui n’en finissent pas. Le cinéaste s’attarde sur les avatars d’un projet lunaire que des malfrats tentent de récupérer.
Le scientifique auteur du projet (Klaus Pohl) est sur la paille, ses collègues ne croyant pas un instant à la réalité de ses dires : de l’or sur la lune. Son ami Helius (Willy Fritsch) décide pourtant de s’engager dans l’aventure qui ne manque pas de péripéties.
C’est long, donc, mais c’est bien filmé, et la technique du muet parfaitement accommodée au style du récit. Ca palpite, ça ne tient pas en place et on va décoller, enfin !
Ou presque, encore faut-il retrouver le groupe financier, qui pour participer à l’opération a subtilisé les documents. Mr Turner (Fritz Rasp) bien étrange personnage ( il ressemble à Hitler ), est leur agent très troublant. Il met ses menaces à exécution, et l’opération risque de capoter.
Les négociations sont longues, rudes, impitoyables . La vie ou la mort . « Mais je ne veux pas installer sur la lune une colonie de criminelles » dit Hélius qui devra pourtant bien composer avec les forces du mal.
Friede Velten (Gerda Maurus) et l’ingénieur Hans Windegger (Gustav von Wangenheim) sont aussi du voyage. Hélius ne peut rien refuser à son ami à peine fiancé avec Friede, qu’il aime lui aussi éperdument. Un secret aussi bien gardé que le trajet pour se rendre sur la Lune …
Il est marrant aujourd’hui de découvrir la manière dont Fritz Lang imagine la préparation des astronautes en herbe, le décollage, et la vie à l’intérieur de la fusée. Tout un processus qui renforce l’intérêt de ce film labellisé SF 1930, et confirmé par l’exploration de la lune qui demeure une aventure exotique.
« Nous devons faire un test pour savoir si nous pouvons respirer dehors ». assure l’équipage une fois au pied d’un cratère. Après quoi Fritz Lang et son épouse-scénariste Thea von Harbou débordent d’imagination pour mettre en œuvre l’expédition scientifique.
En dehors du « gangster » qui les accompagne et qui n’attend que son heure pour empocher la mise, et devant les difficultés rencontrées, dehors-dedans, les membres de l’équipage révèlent bien évidemment leurs véritables personnalités …
C’est l’épique dénouement avant que le triangle amoureux lui-même remette son isocèle d’aplomb. L’amour pour décrocher la Lune !
LES SUPPLEMENTS
- Avant-propos – La fascination des cinéastes pour la lune . Loin de la fantaisie baroque de Méliés, la précision scientifique pour l’époque surprend la critique et les spectateurs , qui ne trouve qu’un véritable écho chez Stanley Kubrick dans « L’odyssée de l’Espace ».
Mais aussi la volonté d’exactitude, de réalisme quasi documentaire. Le film prend son temps avec un certain sens de la démesure. Il est à l’origine du premier compte à rebours, repris ensuite officiellement.
Le III ème Reich interdit le film trouvant la fusée trop ressemblante aux V2 en projet. L’influence des comics est patente et par la suite Hergé avec « Objectif Lune » et « On a marché sur la Lune » s’en inspire fortement. Fritz Lang s’est entouré de scientifiques, de techniciens, d’experts
- Bernard Eisenschitz , historien et critique ( 26 mn ). « Un sujet populaire, les magazines en parlent, les scientifiques étudient déjà certaines techniques, s’interrogent sur l’apesanteur, l’attraction terrestre … le terrain est mûr pour un film de ce genre ».
Le personnage de la femme , qui fiancée à W, le financier, aime aussi Hans, le commanditaire de l’expédition. « C’est la Maria de Metropolis , reproduction quasiment trait pour trait , aucun faux pas, toujours sereine , mais on ne voit pas très bien quel est son rôle dans l’expédition ».
Il s’attarde aussi sur le destin de Thea von Harbou, qui écrit le roman dont s’inspire Lang .Ils ont été mariés pendant dix ans. Elle meurt accidentellement à la sortie d’un film de Lang au festival de Berlin. Elle avait 65 ans
Le Film
Les bonus
On distingue très nettement deux parties dans ce film très long. Fritz Lang sachant que le muet vit ses derniers jours en rajoute sur le thème très à la mode déjà à l’époque de l’exploration de l’espace.
Pendant 90 mn il met en place le projet, l’équipe, et les péripéties alimentées par un groupe financier qui craint que l’expérience lunaire n’affaiblisse leur pouvoir.
Un triangle amoureux se mêle à la fête pour décoller de plus belle dans la seconde partie : la préparation des astronautes en herbe, le décollage, et la vie à l’intérieur de la fusée. Tout un processus qui renforce l’intérêt de ce film labellisé SF 1930, et confirmé par l’exploration de la lune qui demeure une aventure exotique.
Lang surfe alors sur un phénomène populaire relayé par les magazines. Il s’est entouré de nombreux experts et professionnels pour rendre crédible son exploration cinématographique.
C’est long, donc, mais c’est bien filmé, et la technique du muet parfaitement accommodé au style du récit. Ca palpite, ça ne tient pas en place et la manière d’interpréter des comédiens renforce le réalisme de la mise en scène. Sans parole, il en fallait bien du talent .
AVIS BONUS
Quelques notes à savoir sur le projet de Fritz Lang, relayées par les commentaire d’un historien du cinéma . On apprend encore beaucoup