Synopsis: Daniel, 20 ans, se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention pour la jeunesse mais le crime qu'il a commis l'empêche d'accéder aux études de séminariste. Envoyé dans une petite ville pour travailler dans un atelier de menuiserie, il se fait passer pour un prêtre et prend la tête de la paroisse. L'arrivée du jeune et charismatique prédicateur bouscule alors cette petite communauté conservatrice.
La fiche du film
Le film
- Reprise : 22 juin 2020
- Acteurs : Bartosz Bielenia, Aleksandra Konieczna, Eliza Rycembel, Tomasz Zietek, Barbara Kurzaj
D’après une histoire vraie
L’amour, le pardon, la vengeance, la foi, la haine, la réinsertion sociale … ce film est immensément riche par sa thématique, ses sujets et sa réalisation. Et l’interprétation d’un seul homme Bartosz Bielenia, incarnation totale de toutes les pensées qui nourrit une histoire peu banale, mais bien réelle.
Dans un centre éducatif fermé un jeune délinquant découvre sa vocation pastorale. Mais le poids de son casier judiciaire lui interdit d’accéder au séminaire.
Libéré conditionnel, il s’en va travailler dans une menuiserie d’un village où le prêtre se retire momentanément pour cause de santé. Daniel qui répond à la provocation d’une jeune fidèle Eliza, devient prêtre et impose très vite une stature de missionnaire.
L’improvisation fait place rapidement à l’exercice d’un sacerdoce inné. Le jeune homme devenu le père Tomasz parle très simplement aux gens, et ses sermons font écho à l’histoire de ces villageois meurtris par la perte récente de plusieurs de leurs enfants.
Un terrible drame les divise et montre du doigt une veuve expiatoire (Barbara Kurzaj), recluse dans son malheur et dans la vérité que personne ne veut entendre.
Le prélat y voit sa mission : ramener la paix au sein de la communauté.
Une véritable mission évangélique contrariée par la haine profonde des habitants et l’omnipotence du maire (Leszek Lichota) propriétaire de la fameuse menuiserie. L’homme qui parle « d’émotions superflues » n’entend pas être déchu de son autorité et menace d’alerter les autorités ecclésiastiques .
Autant de ramifications à une histoire que le cinéaste évoque méthodiquement dans une rhétorique parfaite où les sentiments crèvent d’impuissance.
Daniel ne peut compter que sur Eliza (Eliza Rycembel) dont le frère figure au nombre des victimes. C’est peut-être pourquoi la mère, l’assistante paroissiale est parmi les plus haineuses.
Prête à lapider, à ne jamais pardonner. Daniel lui envoie un message d’amour et de compassion, toute sa raison d’être lui qui venu de l’enfer souffle sur les braises d’un paradis perdu. Avec son mensonge en guise de rédemption, officiant pour le plus grand bien de ses fidèles.
C’est oublier que le mal titille sans relâche les âmes fragiles rappelle aussi le réalisateur dans une résurgence du passé que Daniel avait oublié pour devenir le père Tomasz.
L’uppercut final terrible, d’une rare violence sonne le glas de ses illusions. Un terrible constat dans un pays qui n’en finit pas de vivre avec ses fantômes. Son cinéma le lui fait savoir de manière exemplaire. Voire magnifique !
Le film
Le titre français édulcore quelque peu l’original ( «Corpus Christi ») sans entacher la force et la puissance d’un brûlot politique où l’amour et le pardon, la vengeance et la haine, la foi et la raison , conjuguent les efforts d’un jeune délinquant qui découvre sa vocation pastorale au cœur de son établissement pénitentiaire. Un événement nullement fortuit le conduit à devenir prêtre au sein d’une paroisse qui un an après vit encore dramatiquement la disparition de plusieurs de ses enfants. Une thématique imbriquée dans de nombreux sujets que le cinéaste maîtrise parfaitement pour révéler la personnalité hors du commun de ce prêtre simulé que Bartosz Bielenia incarne totalement dans une histoire peu banale, mais bien réelle. Le scénario parfaitement écrit s’inspire en effet d’une histoire vraie.
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