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« La Belle et la Bête » de Jean Cocteau. Un tournage au château …

  •  « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau réalisé en 1945 au Moulin de Touvoie à Rochecorbon ( Indre-et-Loire)

Eté 1945. Jean Cocteau circule sur les routes de Touraine. Il rentre à Paris, où l’attendent les décors de son premier film « La Belle et la Bête ».

A ses côtés, son assistant lui parle d’un petit manoir qui ferait très bien les extérieurs. Cocteau, sans conviction, se laisse conduire à Rochecorbon, au Moulin de Touvoie. Il n’en croit pas ses yeux.

« C’est le décor exact que je craignais d’avoir à construire. Même les ferrures sont celles de l’histoire. C’est le lieu idéal » s’extasie le réalisateur qui le 27 août 1945 donne le premier tour de manivelle

« Comment rêver un plus limpide décor ? » remarque Jean Marais.

Jean Marais, Josette Day, Mila Parély, Marcel André, Henry Alkan, et même René Clément, tout le monde se penche sur le conte de Mme Leprince de Beaumont. Une histoire à la Cendrillon : une Belle, pour sauver son père doit épouser un monstre à corps humain, qui se révélera être un prince tout à fait charmant.

 En attendant, Jean Marais, dont l’étoile scintille un peu plus chaque jour (il vient de tourner « L’éternel retour ») se débat avec cinq heures de maquillage. « Il en faut trois pour le visage, une pour chaque main » soupire-t-il entre deux poses et de fréquentes visites à la Clinique Saint-Grégoire de Tours. Sa posture sur la selle d’Aramis lui provoque des furoncles aux fesses. Comme le tournage n’attend pas, c’est en costume de scène qu’il se rend à la ville.

L’anthrax oublié, la Touraine l’enchante. « Comment rêver un plus limpide décor. Le cadre de ses coteaux est admirable. »

Pour « Le Monde Illustré » Jean Cocteau confirme la quiétude des lieux : « au milieu de cette halte de romanichels, la vie du petit manoir continue son rythme, comme si nous étions les fantômes invisibles d’une autre époque, celle de Vermeer de Delft. »

Pourtant quelques nuages s’amoncellent. Le soleil se fait attendre, les avions se font entendre. Le camp de Parçay-Meslay n’est pas loin. La basse-cour de la ferme non plus. La semaine prévue pour le tournage dure un mois.

 Dans la cour pavée, la scène des chaises à porteurs laisse aussi des empreintes. On s’y tord fréquemment les pieds . Improvisant sur sa peur Josette Day se demande alors si les porteurs ne sont pas ivres. La réplique a été conservée.

Aramis, lui, ne supporte pas une jeune figurante qu’il renverse avant de s’allonger dessus. La belle et la bête, version hard, mais sans dommage.

Une anecdote de plus pour le réalisateur qui chaque soir, invariablement, anime les tablées. Les artistes et les techniciens sont aux anges, jusqu’à ce que le maître leur donne congé d’un péremptoire : « et maintenant tout au monde au lit ! ».

Demain on tourne la scène des draps. A court de tissu Jean Cocteau dévalise la lingerie de Mme Lecour-Lorezi la propriétaire de l’époque.

Présenté au premier festival de Cannes en 1946 « La Belle et la Bête » repart bredouille. La même année le Prix Louis Delluc répare l’oubli.

 « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau réalisé en 1945 au Moulin de Touvoie à Rochecorbon ( Indre-et-Loire) Eté 1945. Jean Cocteau circule sur les routes de Touraine. Il rentre à Paris, où l’attendent les décors de son premier film « La Belle et la Bête ». A ses côtés, son assistant lui parle d’un petit manoir qui ferait très bien les extérieurs. Cocteau, sans conviction, se laisse conduire à Rochecorbon, au Moulin de Touvoie. Il n’en croit pas ses yeux. « C’est le décor exact que je craignais d’avoir à construire. Même les ferrures sont celles de…

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