Au pays des guérisseurs et de leurs pratiques subliminales, la réalité est complexe, le voyage onirique.
La fiche du film
Le documentaire
Les bonus
- Dvd : 6 octobre 2020
Meilleur dvd Octobre 2020 (5ème)
Ce rituel échappe à notre réflexion d’occidental. Mais le fait devient incontestable devant l’application de son auteur, un praticien avec une licence officielle de guérisseur. Par diverses pratiques et interventions , il chasse les mauvais diables, conjure les mauvais sorts. Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav ont ainsi suivi à l’incantation près l’apôtre Médard.
L’homme vit chichement , a du mal à nourrir sa famille dit-il, mais vient en aide aux plus démunis. Dans un fatras de fioles et de produits divers, il reçoit dans un hangar où s’agglutinent, la famille, les proches, les amis.
Pour une cérémonie que les réalisateurs dirigent dans la précision de leurs déplacements, et leur regard critique. Pas question de se laisser emporter par la transe ou l’élan collectif.
Ils observent minutieusement le processus avant de lui accorder un droit de mise en scène. Le cadre, la lumière, les portraits, participent à une vision intrinsèque du reportage.
Ca le rend passionnant, plus réaliste. L’apôtre Médard facilite d’ailleurs cette approche par un discours raisonné sur l’avenir de son pays qu’il ne veut surtout pas confier aux sorciers. « Ils ne font que retarder son évolution. Même moi, ils cherchent à m’atteindre ».
Concurrence sous-jacente, qui sait, il demeure tout aussi perspicace devant les juges qui l’accusent de magie noire après la mort de plusieurs enfants foudroyés dans leur maison par un éclair. Un tribunal particulier ( voir les bonus ) et une procédure elle aussi ritualisée. La scène du mortier est singulière.
Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav révèlent ainsi cette Afrique toujours inexplorée, celle des spiritualités, dans l’utopie d’un monde qui ici n’est pas charlatanisme. De là à croire aux pratiques magiques de l’apôtre Médard …
Il était plombier et pourrait le redevenir si sa licence lui était retirée. Un risque garant de l’authenticité de son activité ? « Je n’en tire aucun bénéfice » se défend-il . Mais personne ne l’attaque …
LES SUPPLEMENTS
- Rencontre avec les juges . Ces hommes d’une loi singulière précisent bien qu’ils ne traitent pas le pénal, ni la criminalité. Leur autorité tient plus de l’ordre de la culture congolaise autour de la sorcellerie et des accusations de magie noire.
Ils expliquent leur fonctionnement, et surtout le raisonnement qu’ils engagent à travers des cas bien particuliers ( un enfant qui n’arrive pas à guérir, des accidents successifs … )
- Rencontre avec les Ngunzas. De l’ancien royaume Kongo ( Congo-Brazzaville, Angola, République démocratique du Congo ) subsiste une religion Ngunza qui invoque les esprits, dispense des enseignements spirituels et des soins thérapeutiques contre les mauvais sorts.
Des Ngunzas,, dont l’apôtre Médard, évoquent ici leur raison d’être, « on n’a pas peur de la mort, mais peur de n’être pas conforme à ce que la mort attend de nous ».
- Scènes coupées : Le documentaire n’est pas très long, et la scène de la transe pouvait sans conteste enrichir la qualité du film.
Le documentaire
Les bonus
La réalité est complexe, le voyage onirique. Au pays des guérisseurs et de leurs pratiques subliminales que les deux réalisateurs élèvent au rang d’une contemplation ethnologique.
C’est un rituel qui échappe à notre réflexion d’occidental. Mais le fait existe et devient incontestable devant l’application de son auteur, un praticien avec une licence officielle de guérisseur.
L’apôtre Médard ne croit pas aux sorciers, mais à ses dons qui garantissent sinon la guérison, du moins l’apaisement de l’âme et des tourments provoqués par les diables.
Il vit chichement, a du mal à nourrir sa famille. Ni gourou, ni charlatan, il fait office de bienfaiteur qui, traduit en justice pour avoir envoyé la foudre et tué des enfants, craint de perdre sa licence .
Un risque garant de l’authenticité de son activité ? Les deux réalisateurs laissent planer un doute qui rejaillit sur la beauté brute de ce documentaire où le cadre, la lumière, les portraits, participent à sa vision intrinsèque.
AVIS BONUS
Des angles, des éclairages, et des scènes coupées, le voyage se poursuit très bien