L’histoire : Alors qu’un homme se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article
Un dilemme dans toute sa portée. Juré lors d’un procès criminel, Justin Kemp comprend qu’il est lui aussi impliqué dans l’affaire. Tout ce que l’on reproche au coupable, il l’a plus ou moins vécu.
Le heurt avec une bête sauvage, la nuit, sous l’orage, là où le cadavre d’une jeune femme sera retrouvé. Un cerf pensait-il, sincèrement, jusqu’au rappel des faits, qui le troublent énormément.
L’homme que l’on juge est peut-être innocent.
L’étonnement, puis le doute et la confrontation avec ses souvenirs. Depuis sa place dans le jury, et surtout lors des délibérations où les jurés pensent faire le tour de la question en quelques heures.
Justin Kemp les retient, et prolonge le cours des discussions. Implacablement rapportées par une caméra instinctive. Elle furète, du tribunal, aux consciences de chacun, juge, avocats, témoins, mêlés les uns aux autres, par une alchimie destructrice.
Loin du film de procès classique, encore moins banal ( voir les plaidoyers ), Clint Eastwood élève le propos au niveau d’une inquisition personnelle , voire intime pour ce futur jeune père de famille, au passé équivoque.
Va-t-il laisser passer sa seconde chance sous prétexte d’une enquête bâclée, d’un travers de la société, d’un contre-temps hasardeux ? Va-t-il laisser cet individu plonger dans l’enfer carcéral , lui que tout accuse, et qu’il sait vierge des reproches de la justice ?
Ces questions qui le taraudent marquent les traits de son visage. Marcus, (Cedric Yarbrough) un juré l’a remarqué. Harold, l’a tout autant souligné, mais pour d’autres raisons.
On juge un homme, mais chaque homme ou femme de l’assemblée s’interrogent devant ce miroir brisé que leur tend le réalisateur et son scénariste, Jonathan Abrams (II) , habiles manipulateurs de variations sensorielles.
Pour des personnages profilés avec la justesse de leur caractère, de leurs sentiments, de leur responsabilité.
Amy Aquino, la juge , Toni Collette , la procureure, J.K Simmons, l’un des jurés, et encore plus, Nicholas Hoult, le fameux juré N° 2, Gabriel Basso, l’accusé et même Kiefer Sutherland dans un rôle plus secondaire, tous s’accordent sur un même tempo, écrit avec brio sur une partition sans tâche.
Et vous pensiez que j’allais vous parler de l’âge du capitaine !
Le Film
C’est propre, peaufiné, classique, c’est-à-dire ici d’une grande classe. Le cinéma qui reprend les fondamentaux du septième art, des thèmes archi rebattus, et nous persuade que c’est tout nouveau, de l’inédit dans les plans, le cadrage, le décor. Sur ce point Clint Eastwood n’a pas fait d’efforts, mais le si peu qu’il tend pour son récit , suffit à le confiner dans une position attentiste extrême, face au dilemme qui pendant deux heures nous retient à notre siège. Et à celui de Justin Kemp, juré d’un procès auquel il est aussi témoin. Sinon coupable, se demande-t-on au fur et à mesure que les événements lui reviennent à la mémoire, sous forme de réquisitoire, de plaidoyer, de conscience torturée… Loin du film de procès classique, encore moins banal , Clint Eastwood élève le propos au stade d’une inquisition personnelle , voire intime pour Kemp, ce futur jeune père de famille, au passé équivoque. C’est un grand film qui jusqu’à son épilogue nous laisse dans ce porte-à-faux douloureux, incertain, viscéral. L’affiche est elle aussi sans retouche , des comédiens et comédiennes qui s’accordent sur un même tempo, écrit avec brio sur une partition sans tâche.