Synopsis: A Lahore, Haider et son épouse, cohabitent avec la famille de son frère. On lui demande de trouver un emploi et de devenir père. Le jour où Haider déniche un petit boulot dans un cabaret, il tombe sous le charme de Biba, danseuse sensuelle et magnétique.
La fiche du film
Le Film
les bonus
- Cannes 2022 Un certain regard : Prix du Jury . –
- Prix du Meilleur Premier Film Étranger 2022 ( Syndicat Français de la Critique de Cinéma.)
- DVD : 04 Avril 2023
Du Pakistan et de son cinéma audacieux, le souvenir de « Noor » demeure à jamais dans l’histoire de ce pays que rejoint maintenant « Joyland » à l’écho tout aussi provocateur, l’originalité en prime.
La personnalité transgenre de Biba est un fait acquis, elle règne sur le monde de la nuit et de la danse, plus personne ne s’étonne. Mais son regard nous sollicite . Elle le porte sur Haider, le pauvre Haider pourrait-on dire, gentil garçon éberlué dans cet univers où le déhanchement et la cabriole font office d’activité professionnelle.
Ce qu’il s’apprête d’ailleurs à faire, pressé par toute sa famille de trouver un travail. Son choix risque de les perturber, notamment le père, gardien des traditions et d’un ordre moral indéfectible.
Le voici donc « agent artistique » de ce cabaret où il apprend presque innocemment les codes de la transgression et du plaisir. Sa femme ne tarde pas à découvrir sa véritable activité, mais en quête, elle aussi, d’une autre voie, elle n’y prête guère attention.
Contrairement au réalisateur Saim Sadiq qui greffe à cet instant le nœud de son histoire racontée à rebours : l’émancipation d’un homme au cœur d’un système patriarcal et machiste.
L’émoi que lui procure Biba (Alina Khan), sa patronne et bientôt sa maîtresse, l’ivresse de la liberté, la soif de reconnaissance. Tout un élan de circonstances dans lequel Haider (Ali Junejo ) s’engouffre face au monde qui l’observe et peut-être le condamne.
La scène du métro où il rejoint Biba , rejeté du compartiment des femmes est admirable . Toute son implication humaine s’y révèle, sa personnalité pleine et entière que sa famille ne peut certainement pas voir et entendre.
La boucle est pourtant bien bouclée nous dit encore le cinéaste dans ce panorama des interdits où transgressent non seulement le genre, mais aussi les tabous de la société pakistanaise.
Sa mise en scène en devient inflexible, ses partenaires de jeu , rigoureux. Comme une évidence que le cinéma est bien là ! Et la vie aussi …
Les suppléments
- Darling de Saim Sadiq ( 16 mn ) – Un théâtre de danse érotique à Lahore se prépare pour un nouveau spectacle au moment où une chèvre sacrificielle disparaît, une fille trans rêveuse se bat pour la vedette et un jeune garçon naïf tombe amoureux.
Ou l’ébauche possible du long-métrage « Joyland » . Intéressant à ce titre
- Rencontre avec Saim Sadiq ( 9 mn ) – « On dit qu’un premier film est toujours basé sur la vie du réalisateur, et c’est mon cas, pas forcément au niveau de l’histoire, mais de la vérité émotionnelle de ce film . (…) C’est ce que j’ai vu dans mon enfance, observé comment les femmes étaient traitées par de bonnes personnes, pourtant »
La transidentité au Pakistan ? « Un pays plutôt progressiste qui la reconnait officiellement et il n’y a que 13 pays au monde à le faire , mais face à cette communauté, la violence est encore très présente, les conservateurs ne lâchent pas. (…) Mon film ne parle pas de la transidentité mais porte plutôt sur une exploration de la masculinité et de la féminité dans une société patriarcale »
On termine sur son univers cinématographique, ses influences, ses souvenirs …
Le Film
les bonus
Une famille quasiment repliée sur elle-même où tout à chacun se doit de respecter le patriarche, son autorité, ses traditions. Quand l’un des fils Haider est prié de se mettre au travail, il va sans le vouloir faire éclater la cellule familiale.
Sans tapage particulier, mais sa personnalité se révèle à elle-même et à une liberté consentie dans le silence et le mensonge. Haider est devenu danseur de cabaret, amant de son patron, Biba une artiste à la sensualité dévorante.
L’émoi qu’elle lui procure, l’ivresse de la liberté, la soif de reconnaissance, tout un élan de circonstances dans lequel Haider s’engouffre face au monde qui l’observe et peut-être le condamne.
Pour ces interdits transgressés, de la famille à la morale, ces tabous dépassés …
Une communauté qui se tait n’avance pas nous dit le cinéma qui parle fort et bouge bien . Du cinéma comme dans la vie.
AVIS BONUS
Un court métrage intéressant, prélude à « Joyland » et les commentaires du réalisateur