Synopsis: Sur l'île de Jersey, une jeune femme tombe amoureuse d'un homme mystérieux. Cette rencontre la pousse à fuir sa famille tyrannique. Alors que l'homme est soupçonné de plusieurs meurtres, elle le défend aveuglément.
La fiche du film
le film
L’île de Jersey, selon Michael Pearce n’a rien de l’affriolante contrée verte et touristique. On y chasse « le portos », les jeunes filles sont assassinées. Et quand la rumeur relayée par les bonnes familles fait son chemin, le marginal du coin fait l’affaire.
Pascal a le profil idéal. Solitaire à l’écart de la ville, il braconne et son passé ne plaide pas en sa faveur. Un beau garçon blond et ténébreux, le regard méchant, à la première rencontre. Moll ne peut pas l’oublier, ce visage buriné et sauvage qui la sauvera d’une situation périlleuse.
Moll est tout le contraire de son petit copain. Souffre-douleur d’une famille tyrannique de la bonne société de l’île, elle vit sous surveillance. Sa mère, sa chef de chœur, ne lui tolère aucune fantaisie. Elle doit tout justifier et ne jamais s’écarter du foyer pour veiller sur le papa qui souffre d’Alzheimer. Un climat familial lourd de conséquences et d’un mal être dans lequel la jeune femme s’est trop longtemps enfermée.
Pascal, l’homme des bois, va dérégler le bel ordonnancement et Moll y prend plaisir. Elle savoure les regards tendus sur son homme, les allusions à sa mauvaise vie, les soupçons qui l’accusent. Jessie Buckley et Johnny Flynn s’accordent parfaitement sur le tempo de ces vies désormais dissociées.
Deux comédiens excellents, en harmonie avec un cinéaste attentif aux comportements des personnages, à leur caractère, à leur personnalité. Là où on ne les attend pas.
Si l’intransigeance de la mère ne souffre d’aucune contestation (grande Géraldine James), dans un rôle plus secondaire, la femme flic venue en renfort pour l’audition de Moll est elle aussi bien à sa place.
La scène de l’interrogatoire est d’une incorrigible sévérité. Une séquence âpre et belle à la fois exemplaire d’un savoir-faire déjà bien affûté sur un premier long métrage. Pour nous avoir tellement happé, il me déçoit sur la fin qui n’en finit pas. J’ai cru à deux reprises que l’histoire s’arrêtait sur une part d’énigme joliment emportée par l’histoire.
La dernière image tout aussi incertaine a le mérite de la pertinence. Moll vient à nous faire douter ! Ce film n’en finira donc jamais !
le film
Reparti sans prix du festival de Beaune 2018, ce film n’en demeure pas moins intéressant sur le plan cinématographique et policier. Il prend à témoin un décor maritime, sans ostentation, pour mieux marquer un territoire familial inquiétant. Quand elle rencontre ce qui va devenir son amoureux, Moll est une jeune fille de la bonne société qui est tenu en respect par sa mère et son beau-frère. Elle doit leur obéir au doigt et à l’œil, ne jamais protester et s’occuper du papa qui souffre de la maladie d’Alzheimer. Son amant, est le mauvais garçon de l’île, celui que l’on montre du doigt pour un passé douteux. Aussi la mort de plusieurs filles peut-elle lui être imputée. C’est sur ce constat que le réalisateur signe un premier film prometteur d’un avenir rayonnant. Car l’essai est plus que concluant de la direction d’acteurs à la mise en scène tranquille, mais efficace. Il est dommage qu’il en rajoute sur la fin qui n’en finit pas ….
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