- Sortie : 17 mai 2023 en salle
- Durée : 116 mn
- Scénario : Maïwenn, Teddy Lussi-Modeste
- Drame, Historique, Romance
- Avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pascal Gregory, India Hair
L’histoire : Jeanne Vaubernier, fille du peuple met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, souhaite la présenter au Roi. La rencontre dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Mais à la cour personne ne veut d’une fille des rues …
Elle arrive là où on ne l’attend pas forcément. La fille du peuple élevée à la dure, et déjà rebelle du dedans. Prête à tout pour y arriver, mais sans se faire marcher sur les pieds. Un tempérament, un caractère qui s’attire les envieux, les méchants, et en font parfois des ennemis.
Jeanne Vaubernier plaît à Maïwenn et l’idée ne me parait pas innocente. Nul auto-portrait dans la mise en perspective de la future Du Barry, mais comme une accointance, des similitudes, et quelques oppositions …
Tout se joue dans la nuance pour ce portrait de gourgandine élevée au cœur d’un royaume qui, malgré bien des scandales et des écarts , n’imaginait pas un instant affronter « la créature » comme on l’appelle désormais à Versailles.
Louis XV collectionne les femmes, il n’y a pas d’autre mot, et Jeanne fait maintenant partie de sa galerie galante Un coup de foudre qui s’éternise et Jeanne Vaubernier, mariée pour la circonstance au comte Du Barry, peut officiellement devenir la favorite.
Us et usages en cours à la cour . Maïwenn nous les rappelle, par le détail, avec un peu d’ironie et un rien d’amusement. Le lever du roi auquel assiste tout son entourage vaut par le détour que la réalisatrice imagine à travers une glace sans tain. Une séquence peu commune …
Sa flamboyance ne rejaillit pas sur la mise en scène, bien sage, pour ne pas dire classique quand parmi les ors et les dorures, se pavanent nobles et courtisans. Je pense à ceux de « Ridicule » de Patrice Leconte, une autre allure, un engagement plus réel, quelques années plus tard sous Louis XVI .
Chez Maïwenn, il n’est encore que dauphin et s’apprête à fréquenter la jeune Marie Antoinette. Un couple important dans la vie de la Comtesse du Barry, pour la protéger notamment des filles du roi qui ne peuvent la voir en peinture. Un conflit larvé auquel le monarque assiste impuissant, impassible presque, amoureux fou, assurément.
Il parle peu et Johnny Depp le lui rend rien, happé par la caméra de sa réalisatrice-comédienne qui sublime ses regards totalement inexpressifs. Un rendu émotionnel surprenant dans un cadre resserré.
En zoom arrière, La Borde, l’alter-ego de sa majesté est grandiose, du début à la fin . Il est joué par Benjamin Lavernhe (photo), incroyable posture du serviteur, gardien du temple et d’un protocole dont il arrive à sourire.
Emporté par le charme de la Du Barry , sa grâce et leur complicité qui voit le jour de fort belle manière. Sans révolutionner le genre, Maïwenn pose de son empreinte très personnelle, un sceau royal .
- Louis XV, Louis XVI, la révolution …
» L’échange des princesses » de Marc Dugain, « La Révolution française » de Robert Enrico, » Un peuple et son roi » de Pierre Schoeller, » L’autrichienne » de Pierre Granier-Deferre, » Les adieux à la reine » de Benoît Jacquot
Un film historique, un film en costumes, avec ses anicroches scénaristiques amusantes et ses vérités sur le pouvoir et l’illusion, Maïwenn inscrit sa « Du Barry » dans un registre très confortable , où le semblant et le paraître rythment une mise en scène qui ne révolutionne pas le genre. Mais elle s’inscrit dans une direction d’acteurs pertinente, qui voit par exemple le roi , ne rien dire ou si peu, mais qui filmé en plan très serré , sublime ses regards totalement inexpressifs. Le ton est badin, léger... Maïwenn devant et derrière la caméra rend aussi grâce à ce personnage hors du commun, femme du peuple montée sur la plus haute marche du royaume, et qui devra serrer les dents devant l’adversité , les moqueries, les jalousies. Pour l’aider , La Borde, l’alter-ego de sa majesté, grandiose, du début à la fin . Il est joué par Benjamin Lavernhe, incroyable posture du serviteur, gardien du temple et d’un protocole dont il arrive à sourire. Et nous avec, tant cette petite musique de la cour des vanités, réussit à passer le cap de la rengaine .