Synopsis: Franck, 52 ans, est gardien de nuit dans un centre commercial de banlieue. Il y a dix ans, il était ouvrier spécialisé et délégué syndical, toujours sur le pont, toujours prêt au combat. Aujourd’hui il est le spectateur résigné de sa vie, et il s’ennuie. Une nuit, il voit un 4x4 qui rôde sur le parking, et sent que quelque chose se prépare… La curiosité le sort de son indifférence et il décide d’intervenir. Une occasion pour lui de reprendre sa vie en main…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Les meilleurs dvd Septembre 2015 ( 2 ème )
Sa fibre sociale est indissociable de son regard artistique. Chez Pierre Jolivet, ç’est une marque de fabrique. Il fera une entorse romantique pour « Je crois que je l’aime », dans une filmographie résolument marquée par la vie quotidienne des gens d’en-bas.
Pas forcément de petites gens, mais des individus parqués dans un destin mal fagoté, comme cet ancien leader syndical qui sans emploi accepte les petits boulots et les servitudes. Il paie ses années de lutte pour lui et surtout pour les autres, mais aujourd’hui il se retrouve tout seul, la nuit, à surveiller un hyper-marché de banlieue.
Jolivet filme bien ces petits lieux anonymes, sans âme, propices à toutes les dérives.
Au petit matin quand la cité s’éveille, la lumière éclaire à peine le béton et la tôle du grand bâtiment. Matin blafard, sans espoir pour Franck qui regagne son appartement dans sa barre HLM et jette encore un œil à son relevé de retraite qui affiche la misère.
Ce n’est pas glauque, mais désespérant quand rien n’allume vos passions d’autrefois. Alors la nuit où il remarque un manège pas ordinaire du côté de la station-service, Franck reprend goût à la vie. Il va servir à quelque chose, il ne sait pas encore à quoi, et comment il va tirer profit de l’enquête.
Un éclair dans sa vie. Et aussi dans son cœur lors d’une rencontre administrative où le charme discret de la secrétaire (Valérie Bonneton, moins nunuche qu’à l’ordinaire, donc très bien) ne le laisse pas insensible.
Olivier Gourmet est une fois encore l’acteur parfait pour ce rôle entre chien et loup, pour cet homme qui s’accroche à la vie en s’inquiétant toujours de celle des autres, ces anciens copains et ses nouveaux amis. Rôle discret mais très juste pour Marc Zinga, bien à l’image d’un film qui sans tapage ni coups de feu incessants donne du thriller social une valeur hautement spéculative. Moi j’achète !
LES SUPPLEMENTS
- Making of (10 mn) .Plus que des scènes de tournage, des ambiances et des commentaires. Ça passe
- Master class avec Pascal Mérigeau (95 mn).Il est rare qu’un DVD donne l’intégralité d’une telle rencontre, fabuleuse. Le cinéaste a des choses à dire, et le dit simplement, et surtout sans langue de bois. Pascal Mérigeau mène parfaitement les débats, c’est un régal. Jolivet évoque le Bergman de ses 16 ans qui fit son éducation cinématographique « même si je ne pensais pas faire ce métier-là ». Pierre et Marc Jolivet se font plutôt connaître comme le duo humoristique qui pendant plusieurs années rencontrera le succès sur scène.
Dix années de galère avant que le cinéaste s’impose avec « Force majeur » dont le remake américain permet quelques anecdotes amusantes. Toute une filmographie passe ainsi à travers des extraits (raccourcis par rapport au jour de la master class) et le critique de cinéma de remarquer que ce ne sont pas des films toujours très simples. « Je ne me vois pas faire un cinéma qui s’exonère de ces préoccupations politiques et sociales (…) sur le sort des gens ».
« Je crois que je l’aime » qui sort de son cadre habituel aura été son plus gros succès. Pierre Jolivet n’en revient pas encore, mais avoue que ce n’est pas son film préféré. Il parle de « Fred », « Ma petite entreprise » et n’évacue pas l’échec cuisant que fut « Le frère du guerrier ». « Je ne le regrette pas et je ne comprends pas comment cette époque médiévale n’arrive pas à s’imposer dans le cinéma français. C’est une imagerie dynamique. Sur le plateau je commençais à douter de mon casting. Vincent Lindon donnait tout ce qu’il pouvait, mais il n’était pas crédible ».
Le film
Les bonus
Une marque de fabrique. Chez Jolivet sa fibre sociale est indissociable de son regard artistique, et ce film en apporte une preuve supplémentaire. Un gardien de nuit qui a perdu ses illusions dans un combat syndical avorté renaît à la vie la nuit où des individus semblent préparer un mauvais coup. Il ne sait pas comment, mais il sait qu’il va agir.
Un thriller social de cette trempe mérite un regard attentif, tant le réalisateur s’attache aussi bien à dépeindre des ambiances inhabituelles (le réveil de la galerie commerciale, par exemple, quand les grilles grincent tour à tour …) que des états d’âme en dérivation. Le destin mal fagoté ficelle un thriller social comme peu de cinéastes en France savent filmer. Sand dévoiler le fond de l'intrigue, Pierre Jolivet dresse un constat plutôt amère, ne serait-ce que sur l'issue des combats syndicaux.
Olivier Gourmet est une fois encore l’acteur parfait pour ce rôle entre chien et loup, aux côtés de Valérie Bonneton et Marc Zinga, plus en retrait, mais indispensables et bien à leur place.
Avis bonus
Pour l’intégralité de la master class, c’est fabuleux.
Superbe film.