Synopsis: Alors qu'un hiver rigoureux sévit sur New York, un jeune homme, guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien, et affronte des obstacles qui semblent insurmontables - à commencer par ceux qu'il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l'aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n'importe quel petit boulot.
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Les meilleurs dvd Mars 2014 ( 7 ème )
Un courant. « The color wheel », « Oh boy », « Frances Ha »… Autant de références à l’élaboration d’un mode de vie au cinéma, qui entre glande et quête de soi, donne le ton à ce que tonton Woody a pu égrener pendant des décennies.
Et voici que les vétérans de la première heure, remettent le couvercle sur le feu pour nous donner leur version désabusée d’un rêve qui ne se fera jamais. Celui d’une Amérique qui depuis leurs débuts n’arrête pas de se mentir à elle-même. Les frères Coen situent l’origine du désastre à l’avènement de la musique folk, avec laquelle ils ont semble-t-il des comptes à régler.
Ils le font toujours avec l’élégance d’une mise en scène calibrée, qui donne du grain aux visages défaits et de la joliesse aux jeunes femmes, en fleur. J’adore le personnage de Jean Berkey (Carey Mulligan ), autrefois très grande copine du héros Llewyn Davis avec qui elle vient de coucher.
Jim son mari n’en sait rien, mais la voici enceinte. De l’un, de l’autre ? et la belle de reprocher à son amant d’un soir de ne rien faire d’autre que de coucher avec la femme de son copain. « Voilà que tu t’apitoies sur toi-même » lui rétorque le goujat avec l’insouciance du mec complètement paumé.
De canapé en canapé, il squatte au petit bonheur la chance, chez les copains, avant de rencontrer son public. Llewyn Davis chante de la musique folk et ne cesse de répéter « celle là vous la connaissiez certainement, elle n’est pas toute jeune, mais pas une ride ». Le leitmotiv renvoie au pays qu’il traverse, aussi désabusé que les gens qu’il rencontre.
Par petites touches subtiles et légères, c’est souvent drôle, les Coen cadrent leur tableau dans la mélancolie et la désillusion, sans jamais se laisser abattre. Il y a toujours de l’espoir chez eux .Leur héros, Oscar Isaac, tel qu’en lui-même, en est l’illustration parfaite. S’il sombre, ce n’est que momentané. Comme toujours, quelques contrariétés viendront lui barrer le chemin, mais cette fois la cause est entendue.
Il ne reprendra pas la mer, son premier job, c’est trop compliqué. Il lui reste la musique folk, une voix à suivre quand retentit celle du jeune homme, qui vient de lui succéder sur la scène du café de Greenwich. Une voix légèrement nasillarde. Peut-être la vraie voie de l’Amérique …
LES SUPPLEMENTS
- Making of (6 mn). Qui n’en est pas un .Chacun raconte sa petite histoire sur la manière dont il est arrivé sur le film, et T-Bone, le musicien-producteur, pense que ce film est une chanson folk. Voilà c’est sympathique, mais un peu juste…
- A la recherche du personnage (3 mn). Comment trouver un musicien compétent, qui puisse jouer le personnage. On n’a pas vraiment la réponse puisque l’on sait seulement qu’Oscar Isaac avait envoyé une vidéo et qu’elle a plu…
- T Bone et Oscar (3 mn). On a déjà entendu et vu ça dans les épisodes présents, mis à part un face à face entre les deux artistes, l’aîné qui le conseille est surpris par « la capacité de s’immerger d’Oscar. Il devenait de plus en plus le personnage. »
- Inside Greenwich Village (2.30 mn). Comment situer le lieu mythique du folk par rapport au film ? Un bel aperçu du système, mais un peu court. Il est clairement dit que dans l’esprit des Coen, tout se passe avant Dylan « il a tellement inspiré la scène folk, qu’il n’aurait été question que de lui ». En prime, une définition de ce courant musical, pas tout jeune, mais sans une ride.
- Inside Design (2.45 mn). Le décor, le choix des costumes, rien qu’un aperçu, c’est vraiment le strict minimum.
- Inside ensemble (4 mn). Pas très bien compris à quoi ce chapitre faisait allusion…
- « The auld triangle » (2 mn). La façon de chanter un air irlandais, séance d’enregistrement
- « Please Mr Kennedy ». L’histoire de cette chanson qui parlait du Vietnam et réécrite pour les besoins du film, sur l’aventure de l’espace. Une belle anecdote, enfin.
- Rencontre avec Oscar Isaac (6 mn). « La façon dont les frères Coen écrivent, te conditionne tout entier, tu deviens le personnage ». Il en parle alors élogieusement. Une confidence ? Il grattait simplement la guitare et quelqu’un lui a donné des cours de picking.
- Rencontre avec T Bone (8 mn). « Pour moi ce n’était pas un film, c’était ma vie ».
- Des chefs-d’œuvre selon mon blog
Review Overview
Le film
Les bonus
Sur le thème de l’artiste incompris, les frères Coen réinventent le mythe d’une musique qui pourrait aider à vivre. Mais cette fois la folk est passée de mode nous disent-ils, et la ringardise se niche dans les pulls irlandais. Alors c’est le rêve de l’Amérique qui une fois encore disparait dans le souffle de leur mise en scène, artistiquement correcte, et qui nous aide à accompagner le héros en quête d’un auditoire.
Les dialogues souvent à fleuret moucheté sont magnifiques, les personnages d’une inventivité quotidienne et le ton résolument mélancolique n’engendre pas la dépression. Bien au contraire, on en ressort en disant qu’un Dylan est toujours possible. Les temps changent.
Avis bonus
Ça tient plus du détail que de la profondeur, que d’une véritable incursion dans les coulisses. Mais vu le nombre de chapitres proposé, on apprend quand même certaines choses .
« J’irai dormir chez vous » aurait pu être un éventuel titre (en référence à l’émission d’Antoine De Maximy),comme me le suggéra mon ami (et plus si affinités) à la sortie de la séance!
Un plongeon dans les sixties dans une New York presque en noir et blanc,car c’est bien la grisaille ambiante qui donne le ton au film Seul le chat rouquin passant en filigrane tout le long du scénario,donne une touche de couleur.
Et c’est justement parce qu’il fait froid que le protagoniste cherche un canapé où pioncer chaque nuit,en plus de chercher une notoriété qui n’arrive pas.
Imaginer le même synopsis au moins d’août serait impossible, car les univers confinés du café ou de l’intérieur de l’automobile rendent plus difficiles l’évacuation de la fumée des clops. S’abstenir en cas de sevrage tabagique!
Egoïste sans envergure et sans scrupule,notre chanteur folk semble accorder plus d’importance à la poursuite du fameux chat qu’à l’annonce de la grossesse de son ex.On suit ses pérégrinations loufoques en souriant ,voire même en riant vu l’excellence des comédiens.
.J’ai adoré.
PS: ma grand-mère m’avait tricoté le même pull irlandais que celui porté par les chanteurs ringards.
Quelle promesse : une affiche qui reprend « Another side of Bob Dylan » quatrième album du célèbre Zimmerman et le parcours d’un chanteur de folk au début des années 60. J’ai bien aimé la musique : il n’est pas si fréquent d’avoir un morceau de musique entier dans un film et je ne pense pas que les Coen aient des comptes à règler avec le folk, en tout cas pas celui qui est de bonne facture. J’aurais aimé quelque chose de plus profond sur l’Amérique de ces années-là.
Malgré tout, on ne s’ennuie pas et il y a de l’humour. On apprécie les clins d’oeil du parallèle entre les vies du chanteur et du chat (qui tous les deux partent mais beaucoup moins longtemps qu’Ulysse) et on découvre au retour que tous les deux sont de retour et que le chat s’appelle ….Ulysse.
Bref, un Coen correct, mais ils ont déjà fait (et souvent) beaucoup mieux.