Synopsis: 1890. Un homme arrive dans une petite ville et ne demande que la tranquillité, loin du tumulte d'un passé trop récent qu'il veut fuir. Mais quand on touche à son chien, la hargne se réveille…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Meilleur dvd Août 2017 ( 8 ème )
Tout dépend de quel côté on se place. N’imaginez pas un western bien huilé avec ses codes et ses repères. Il y en aura, principalement sur le dénouement, mais Ti West privilégie avant tout la galéjade et le bonheur de s’en payer une tranche.
Vaguement parodique dans son préambule, il déjoue les attentes de tous les protagonistes à colt qui ne savent pas comment aborder le compagnon fidèle de Paul, le héros : un chien intelligent et rusé. Les rapports entre la bête et le maître sont drôles, bien venus dans une relation que le héros a décidé de mettre sur le compte de la tranquillité.
On ne sait rien de lui, on imagine un passé douloureux et des envies pacifiques à faire damner le plus crétin des habitants de cette petite ville où il ne fait que passer. C’est du moins son souhait, contrarié par les velléités de ce jeune homme plein d’entrain, de fougue et de bêtises accumulées dans l’ombre d’un papa bien trop puissant pour se mettre en travers de son chemin.
C’est pourtant ce que Paul va faire après avoir discuté violemment avec le fiston. Le papa Marshall n’est pas content mais compréhensif conseille simplement à notre homme de quitter la ville et de ne plus y revenir. Pour des raisons que je préfère taire – on arrive au western conventionnel- il y reviendra et donnera un autre ton à cette histoire qui se voulait décalée, pour ne pas dire déjantée.
Les méchants sont assez trouillards
Il restera d’ailleurs encore un peu de folie dans les règlements de compte à venir avec un duel tout à fait classique comme le genre l’exige, bien que le réalisateur et ses acolytes s’emploient à ne pas fixer définitivement les lignes de partage.
Le Marshall est joué par John Travolta méconnaissable et génial dans son rôle de faux bienfaiteur de l’humanité qui conserve cependant un brin de justice à l’égard de concitoyens terrorisés par … sa jambe de bois. C’est le méchant, mais pas forcément, comme le constate notre héros parfaitement campé par Ethan Hawke.
John Travolta en défenseur de la loi, ça fait quand même assez bizarre, bien à l’image de ce western peu conventionnel
Il possède les tics du parfait « lonesome cowboy » dont la panoplie révélée autour d’une jeune fille très entreprenante et sympathique (Taissa Farmiga) forge là encore une personnalité bien différente de nos vengeurs de western habituels.
Un charme supplémentaire à ce film qui ne se prend pas la tête. Il donne du plaisir et des arguments à un scénario qui joue l’originalité -quitte à défriser les gardiens du temple- et soigne particulièrement ses personnages. La dualité exagérée entre les deux sœurs est bien vue à l’image de toute la galerie de mauvais garçons qui peuplent le saloon. Ah oui, j’oubliais, il y a un vrai saloon, avec un vieux barman qui craint pour son cristal. Et la musique pompée ouvertement sur Morricone. On pourrait peut-être parler d’hommage…
La Bible :
« Une histoire du western » de Louis-Stéphane Ulysse.
Quelques westerns plus ou moins conformes :
« Utu » de Geoff Murphy – « Fureur Apache » de Robert Aldrich – « Il était une fois dans l’Ouest » de Sergio Leone (1968)- « True Grit » de Joel et Ethan Coen (2010)- « Soldat bleu » de Ralph Nelson (1970- « Little big man » d’Arthur Penn (1970)- « The last movie » de et avec Dennis Hopper- « L’état sauvage » de David Perrault – « Un homme nommé Cheval‘ de Elliot Silverstein – » Les frères Sisters » de Jacques Audiard- « Hostiles » de Scott Cooper- « Duel au soleil » de King Vidor- « Je suis un aventurier » d’Anthony Mann
Le film
Aux apparences classiques ce western se détache du genre en décalant un brin ses fondamentaux vers l’ironie et la parodie, tout en conservant les repères de bases qui donnent des règlements de compte et un duel bien particuliers. Tout dépend de la manière dont on se place. Les gardiens du temple vont crier au sacrilège alors que je m’amuse d’un traitement cinématographique tout à fait dans la décontraction et la parade, avec des atouts techniques indiscutables (cadre bien soigné, mise en scène exagérée au possible, mais ça fonctionne). Car ici tout est assumé, la musique pompée ouvertement sur Morricone, jusqu’à la personnalité des personnages parfaitement bien dessinés pour des rôles peu conformes aux traditions. Rien que John Travolta en Marshall, il fallait oser, c’est fait et c’est bien fait.
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