Synopsis: L’histoire de Hans Hoffmann. Il est gay et l’homosexualité, dans l’Allemagne d’après-guerre, est illégale selon le paragraphe 175 du Code pénal. Mais il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour même en prison...
La fiche du film
Le film
Prix du Jury « Un Certain Regard » Cannes 2022
Premier prix au Festival du film de Sarajevo 2021
Parmi les déportés au cours de la seconde guerre mondiale, les homosexuels ont payé un tribut considérable. Une fois libérés par les Alliés, en Allemagne, ils se retrouvent ipso-facto en prison, selon une loi germanique votée en 1872.
Hans, aux yeux du réalisateur, Sebastian Meise est le personnage emblématique de cet enfermement programmé à vie, le peu de liberté retrouvée étant chaque fois sujet aux tracasseries administratives et répressions policières.
Le jeune homme sorti des camps de concentration va ainsi vivre de nombreuses incarcérations au cours desquelles jamais il ne baissera la tête. Entre les murs de la prison et les promenades dans la cour, on le traite de pédale, de pervers, sans atteindre sa dignité.
Hans demeure libre dans sa tête, à l’écoute des autres et prêt à les aimer en retour dans l’ombre d’un clapier en plein air, punition extrême et nocturne pour ne pas avoir obéi à la ronde de nuit.
Là, il combine avec des détenus des rencontres interdites, des passions sulfureuses, rebelles aux institutions. Autant que la claustration, Sebastian Meise filme le manque d’amour auquel s’accroche le détenu.
Auprès d’un compagnon de cellule qu’il retrouve épisodiquement depuis la fin de la guerre . Viktor purge une tout autre peine, et le fait de fréquenter un « 175 », l’horripile. Mais au fil des années, il va pouvoir composer avec l’amitié et la tolérance de cet étrange ami.
Cette humanité s’amplifie au fil d’un récit parfois difficile à cerner, le réalisateur interférant les époques au cours desquelles Franz Rogowski peine à changer de visage. La moustache est le marqueur du temps, et l’interprétation du comédien, extraordinaire, donne le change au temps qui passe.
Georg Friedrich dans le rôle du mâle indéfectible est tout aussi prodigieux de rudesse et de sentiments camouflés. Un beau personnage de cinéma auquel le réalisateur adjoint celui de Leo (Anton von Lucke) un tout jeune professeur arrêté lui aussi en raison de l’article 175.
Je termine par Oscar (Thomas Prenn) avec qui Hans communique via un code imaginé à travers les pages de la bible. Quand il le retrouve … au cachot pour avoir suivi la désobéissance prônée par le message, son auteur ne peut s’empêcher de sourire « c’est Dieu qui t’envoie ».
Un trait d’esprit conforme au caractère du personnage qui même en liberté ne peut oublier ceux qui croupissent en prison . Le sens d’une destinée qui jusqu’au bout s’affirme dans le respect et la bienveillance, traits si peu commun en de tels lieux.
Ce que nous rappelle ce film dont la mise en scène, austère, se paie de mots et de dialogues posés avec justesse dans le scénario. C’est très bien écrit, très bien raconté. Le fond et la forme, le cinéma !
Le film
Entre l’univers carcéral et la condition humaine des homosexuels depuis la fin de la seconde guerre le réalisateur Sebastian Meise décrit l’itinéraire d’un jeune homme qui ne connaîtra du ciel bleu que quelques éclaircies noyées au cœur d’une répression des homophiles, terrible. Il la doit à une loi vieille de 1872, qui mettra plus d’un siècle avant d’être abrogée. Si bien qu’en sortant d’un camp de concentration, Hans retourne directement en prison où malgré les conditions de détention, et l’hostilité de certains détenus, il va continuer à aimer et à aider son prochain. Particulièrement Viktor détenu pour une autre cause, et Leo un jeune professeur qui risque à sa sortie de ne plus pouvoir enseigner. Tous ces gens qu’il va aimer et pour lesquels il va se battre dans le respect et la bienveillance, traits si peu communs en de tels lieux. Ce que nous rappelle ce film dont la mise en scène, austère, se paie de mots et de dialogues posés avec justesse dans le scénario. Le fond et la forme, le cinéma !