- Durée : 127 minutes
- Dvd : 6 février 2024
- Cinéma : 1986
- Acteurs : Shima Iwashita, Shohei Hino,
- Sous-titres : Français
- Studio : Carlotta Films
L’histoire : Adulé de tous, aimé par les femmes, Gonza a même gagné le droit de diriger une prestigieuse cérémonie pour son seigneur à la place de son rival. Cependant, un coup du destin va mettre fin à sa chance…
Dans un coffret avec » Fleur pâle »
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
- Ours d’argent de la meilleure contribution artistique Berlin 1986.
Adaptation d’une œuvre théâtrale de Monzaemon Chikamatsu
La dramaturgie shakespearienne, appliquée au cinéma japonais, rend encore plus saisissant son effet tragique. Le jeu nippon accentue le noir, approfondit les tensions sur des situations de plus en plus fébriles.
Un couple faussement accusé d’adultère doit fuir la colère du clan de l’épouse . Osai est bien secrètement amoureuse de Gonza, un samouraï émérite, mais femme du seigneur des lieux, elle ne peut se résoudre à cet amour qu’elle confie alors… à sa fille de 15 ans ( Photo).
Bien que déjà fiancé, Gonza accepte la proposition, désormais intégré au cœur de la famille et de ses secrets. Dont ceux de la cérémonie du thé, événement capital dans la vie d’un samouraï qui peut la présider.
C’est au cours de la préparation secrète de cette cérémonie, en pleine nuit, que le rival de Gonza , Bannojo surprend le couple et imagine l’adultère à travers les parois de la maison mère.
Le jeu des ombres chinoises prête à confusion, sauf pour Bannojo qui court au petit matin proclamer dans toute la ville la rumeur de l’adultère
Sur un mensonge, un malentendu bien entretenu par la haine et la jalousie, un drame humain extrême se saisit de ce décor pour en faire un linceul. Celui que tend la famille déshonorée partie à la recherche de tous les témoins de l’événement .
Même le père d’Osai reproche à son gendre que son épouse soit encore en vie. « Arriver à tuer la mère de trois enfants, arriver à tuer ma femme, dans quelle monde vit-on ? » pleure-t-il , héros shakespearien brisé par des codes en désuétude.
La fin d’une époque, un monde sans guerre, des samouraïs désarmés ( « Il y en a même qui font de la musique, quelle faiblesse ! » ) , la dignité à la place de l’honneur … Ultime refuge de Gonza, face au dilemme : mourir afin que triomphe la vérité, vivre pour affronter la honte .
Implacable dans la résolution de cette tragédie, Masahiro Shinoda force le destin sur une mise en scène minimaliste. Collusion paradoxale de l’écrit et de l’image. L’autre force du cinéma.
Le Film
Les ramifications sentimentales , familiales et historiques paraissent compliquées dans cette tragédie shakespearienne .Masahiro Shinoda les démêle sur une mise en scène , minimaliste, à la logique implacable. Puisqu’elle parle de la fin du monde des samouraïs à travers un soi-disant crime adultérin, le cinéaste reste à distance des derniers coups de sabres échangés pour un honneur qui s’efface au profit de la dignité. Ce que ressent le héros de cette tragédie, Gonza faussement accusé d’adultère avec la femme de son Seigneur. Le couple pris en défaut à travers un jeu d’ombres chinoises est traqué par la famille de l’épouse . Au-delà de la terrible tension qui en émane , un drame humain extrême se saisit de ce décor tendu par le mensonge, la haine et la jalousie . Shakespeare plus noir que William !