Synopsis: Naturalisé américain, Wai-Tung Gao mène une vie heureuse avec son amant Simon, à 15 000 Km de ses parents et des traditions chinoises. Mais celles-ci sont les plus fortes, et il apparaît évident que Wai-Tung doit épouser la pauvre Wei-Wei, mariage qui se célèbrera en grande pompe et en présence des parents de Wai-Tung...
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Le film
Les bonus
Les meilleurs dvd Novembre 2015 ( 2 ème )
1993, l’année de « Philadelphia », Ang Lee aborde à son tour la thématique de l’homosexualité, peu courant à l’époque au cinéma. Plutôt que de l’évoquer frontalement à la manière de Jonathan Demme (le sida en guise de fil rouge), le cinéaste taiwanais opte pour une tragi-comédie autour d’une supercherie familiale.
L’arrivée inopinée à New-York de ses parents chinois crée la panique dans le couple que forme Wai-Tung ( Winston Chao) avec Simon. Le jeune homme élabore un plan avec Wei-Wei, une très bonne amie qui en est très amoureuse. Aussi le couple se forme sans trop de peine, et fait l’admiration de Mr.et Mme Gao qui se préparent à marier les deux tourtereaux.
Ce qui se fera, après bien des atermoiements et des quiproquos élaborés sur la base du mensonge organisé. La pirouette scénaristique fonctionne parfaitement tout au long du récit, encouragée par des dialogues qui sans en avoir l’air, sans jouer la grande littérature, sont d’une écoute agréable.
Tout en finesse et subtilité. Le principe narratif qui participe à cette élaboration nous prépare tout à fait à la tragédie familiale qui s’annonce. On n’imagine pas un instant que le subterfuge ne soit pas démonté.
Alors, pour l’heure c’est assez drôle, en tout cas très léger , ce chambard dans la tête et les esprits , chacun s’accommodant de ce qu’il sait, de ce qu’il voit ou de ce qu’il ne veut pas voir. Wei-Wei cuisine merveilleusement par procuration, dans le dos de ses beaux-parents, grâce à la complicité de Simon.
Ang Lee moque au passage un peu les traditions chinoises, particulièrement l’exagération des marques de politesse, qui fait dire à l’un des protagonistes qu’il est temps d’arrêter ce genre de simagrées. Par contre le respect pour l’autorité demeure lettre de noblesse au pays du soleil levant.
C’est une belle scène dans un grand restaurant de New-York, et tout le décorum déployé autour de la personnalité du chef de famille (Long Sihung), qui fut un grand soldat de l’armée impériale.
Nous sommes entre deux époques, deux pays, deux cultures et des traditions que le réalisateur filme avec jubilation comme cette cérémonie nuptiale qui risque de finir en orgie. L’invasion dans la chambre nuptiale brise tous les tabous consignés dans l’histoire de ce couple mal formé. Il va éclater au cours d’un repas mémorable.
Wai-Tung et Simon (Mitchell Lichtenstein) supportent en effet de plus en plus difficilement leur cohabitation dégradée, tandis que l’épouse de substitution entrevoit les conséquences déplorables d’une situation dont elle avait rêvée, mais qu’elle ne connaîtra jamais, dans la vraie vie. Ang Lee orchestre le désenchantement avec la même maestria qu’il installait ce bonheur factice, qui aujourd’hui encore est source de crispation au sein de nos sociétés dites évoluées.
Les suppléments
- Taïwan et New York (24 mn). Ang Lee et le producteur et coscénariste James Schamus reviennent sur l’origine de leur collaboration et le tournage de « Pushing Hands » leur premier film. Lee souhaitait être acteur, mais ne pouvant accéder à la filière, le voici dans celle des réalisateurs. Alors qu’il vit déjà aux USA, un concours de scénario à Taiwan lui permet de décrocher les deux premiers prix, et l’argent qui va avec. « Pushing Hands » va pouvoir voir le jour. Une histoire autour du tai-chi. Lee pensait aussi autrefois en devenir maître.
- Valeurs familiales : Ang Lee à propos de « Garçon d’honneur » (26 mn) . Il parle de la famille, thème clé de son deuxième long-métrage. « J’avais un ami qui m’avait raconté ce genre d’histoire qu’il connaissait dans son entourage proche. Mais je ne voyais pas comment en faire un long métrage et pendant deux ans l’idée est restée en suspens, jusqu’au jour où le déclic a été de faire un vrai mariage ».
Le cinéaste évoque les nombreuses similitudes avec « Pushing hands » autour des valeurs familiales « la grosse différence étant le traitement de l’homosexualité. (…) . On le voit encore aujourd’hui c’est un sujet intemporel, mais moins problématique désormais à Taiwan ».
Ang Lee parle aussi de la difficulté du montage pour ce film en raison d’une technique innovante, utilisée pour la première fois au monde. Visiblement il a payé les pots cassés, elle n’était pas au point…
- La comédie du remariage (22 mn). James Schamus revient sur le succès phénoménal de « Garçon d’honneur ». A Taiwan, dit-il le film a dépassé les entrées de « Jurassic Park ».
- Le garçon d’honneur (21 mn). L’acteur et réalisateur Mitchell Lichtenstein se souvient de son rôle de Simon et se remémore le tournage de cette coproduction américano-taïwanaise.
Le film
Les bonus
Un couple homosexuel doit momentanément mettre un terme à sa liaison pour que les parents de Wai-Tung envisagent sans sourciller d’organiser en grandes pompes le mariage de leur fiston. Les deux garçons décident alors de simuler un couple avec une de leur bonne copine .Dès lors le principe est entendu, tout va se jouer sur des quiproquos, et faux semblants, et ça fonctionne très bien. Ang Lee orchestre le désenchantement avec la même maestria qu’il installe ce bonheur factice ; le subterfuge ne peut aller à son terme. La vérité ne serait donc pas toujours bonne à dire. Cela se passait il y a 25 ans, mais depuis, en matière d’acceptation, de tolérance, les comportements et les mœurs n’ont quand même guère évolués. Le regard que le réalisateur porte sur la famille demeure malgré tout d’une grande tendresse, et porteur de bien des espoirs.
Les comédiens sont au diapason. C’est un film qui n’a nullement vieilli et pour une fois c’est peut-être dommage.
Avis bonus
Des éclairages nombeux sur le film et la carrière d'Ang Lee.
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