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« Free to run » de Pierre Morath.Critique dvd

Synopsis: Des rues de New York aux sentiers des Alpes suisses, de Sao Paulo à Paris, hommes et femmes, champions ou anonymes, les adeptes de la course à pied se comptent aujourd'hui par millions. Pourtant, il y a à peine 50 ans, cette pratique était uniquement réservée aux hommes, cantonnée aux stades, avec des règles strictes, rétrogrades et sexistes.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Free to run"
De : Pierre Morath
Avec : Philippe Torreton ( voix off )
Sortie le : 25 octobre 2016
Distribution : Jour2Fête
Durée : 140 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Découvrir la naissance du marathon moderne, et son évolution au fil des circonstances et des hommes et des femmes qui ont forgé une histoire à jamais inscrite sur le macadam. Le portrait de l’écrivain américain  Kathrine Switzer est ainsi une véritable révélation. Commentatrice de télévision, cette pionnière de la course du marathon témoigne sur l’épreuve de Boston à laquelle est participe officiellement «  parce que mon nom avait été mal orthographié, et les organisateurs pensaient qu’il s’agissait d’un homme ».  

Vidéo et images à l’appui, on la voit alors se débattre en pleine course quand un des directeurs tente de la retirer du circuit. Elle est protégée par son entraîneur. Elle finira l’épreuve  mais sera radiée à vie de la fédération d’athlétisme. «  J’ai découvert ce jour-là ce qu’était la discrimination, et j’ai alors décidé de courir pour la combattre ».

Le responsable de la course tente d'empêcher de poursuivre son effort.
Le responsable de la course tente d’empêcher Kathrine Switzer  de poursuivre son chemin.

A cette époque, les femmes sont interdites au-delà de 800 mètres. Les croyances populaires vont bon train (« des poils vont te pousser, tu vas devenir un homme » …) alors qu’un médecin affirme que «  c’est vraiment très laid de voir courir une femme sur une piste ».

Un magazine US «  Spiridon » qui développe une autre idée de la course à pied, proche de la nature, voire de l’expérience mystique, arrive en France. « Et avoir le maillot Spiridon devient un emblème de l’opposition à la fédération qui se voit de plus en plus contestée dans ses organisations ». Des épreuves sauvages ont lieu, la fédé tente d’y mettre fin par la force. Là encore les images, les archives, les vidéos témoignent avec force d’une histoire qui m’avait échappé.

Les athlètes américains de la piste sont eux aussi en bisbille avec leur fédération et un athlète important dans l’histoire de l’athlétisme Steve Prefontaine va se rebeller et devenir une figure emblématique. Il gagne toutes les courses, mais pas l’argent qu’il rapporte aux autres « on a un statut amateur, mais on doit s’entraîner comme des professionnels ».

Steve Prefontaine disparaitra dans un accident de la circulation à 24 ans
Steve Prefontaine disparaîtra dans un accident de la circulation à 24 ans

Prefontaine met en place un circuit parallèle, avec l’aide d’une toute petite entreprise de 15 salariés implantée dans l’Oregon, comme lui. Nike venait de voir le jour. « C’était un rebelle, mais c’est pour les athlètes qu’il se battait » dit l’un de ses créateurs.

Ainsi  «  un sport associé à la souffrance devient beau, poétique » raconte la presse yankee après la victoire de Frank Shorter aux JO de 1972. « Tout à coup, tous les américains voulaient courir le marathon ». Ce que pressent une autre grande figure de cette activité, Fred Lebow qui va la révolutionner à travers son gigantisme et des lieux inhabituels. Il est l’organisateur du premier marathon de New-York, ce qui paraît ahurissant pour de nombreux habitants qui n’en croyaient pas leurs yeux. Shorter y participe pensant que ça ne fonctionnerait pas. « Ca a réunifié la ville, et redonné de l’espoir à des gens qui n’en avaient plus ».

Ou le marathon philosophie de vie, combat contre les préjugés aussi. Une marque de parfum comprend le bénéficie qu’elle peut engranger en organisant à son tour la première course officielle exclusivement réservée aux femmes. Elles seront 600 et ouvrent la porte à Los Angeles 1984 : le premier marathon aux JO pour les femmes.

Toute une évolution qui ne va pas sans heurts, les pionniers, les fidèles, les puristes rappelant qu’à l’origine, il s’agissait d’un plaisir du corps, libre et gratuit. Aujourd’hui il faut payer pour participer , alors qu’un commerce juteux bénéficie désormais des millions de pieds à chausser . « L’esprit originel de la course a été livré en pâture aux marchands du temple ».

Ce qui pourrait relever de l’anecdote est terriblement significatif des enjeux désormais placés dans de tels rendez-vous. A la veille du Marathon de New-York en 2012, certains quartiers sont dévastés par un ouragan. Jusqu’au bout, élus et organisateurs décident de le maintenir «  alors que tous les jours on retirait des corps de l’eau des rues ». Il sera annulé la veille du départ.

6000 personnes ont quand même couru ce jour-là, parfois sous les huées des passants.

LES SUPPLEMENTS

Il s’agit le plus souvent de passages qui n’ont pu être inclus dans le montage final et qui méritent effectivement d’être vus.

  • Noël Tamini (6. 32 mn). L’un des animateurs de la revue Spirodon vit désormais entre la Roumaine et l’Ethiopie, là où on le retrouve près d’Addis-Abeba, pour une course assez particulière.
  • Oregon (7.30 mn). L’Etat à l’origine de la révolte des coureurs à pied. Un tournage sur le lieu des exploits des grands hommes de cette région dont Steve Prefontaine et les premiers responsables de Nike
  • Kathrine Switzer (2.35 mn). Sa dernière course à Berlin, rien que des femmes, et un parfum pour sponsor…
Encore une femme priée de quitter les lieux.Mais sa course est devenu un combat qu'elle affiche sur son T-shirt
Encore une femme priée de quitter les lieux.Mais sa course est devenue un combat qu’elle affiche sur son T-shirt
  • Philippe Torreton et Pierre Morath. Le comédien est la voix off de ce documentaire. On le voit plusieurs fois à l’action, en compagnie du réalisateur avec lequel il se souvient de ces cross d’antan, alors qu’il a repris la course à pied, pour son plaisir. «  La course c’est comme le théâtre on n’a besoin de rien »
  • Martine Segalen (7.35 mn). Ethnologue, sociologue, pionnière de la course à pied en France, au début des années 1970. « On ne s’en rendait pas compte, mais à l’époque ce que l’on faisait était assez extraordinaire ».Son témoignage, vidéos archives à l’appui, des images toujours formidables à voir et à revoir.

 

Découvrir la naissance du marathon moderne, et son évolution au fil des circonstances et des hommes et des femmes qui ont forgé une histoire à jamais inscrite sur le macadam. Le portrait de l’écrivain américain  Kathrine Switzer est ainsi une véritable révélation. Commentatrice de télévision, cette pionnière de la course du marathon témoigne sur l’épreuve de Boston à laquelle est participe officiellement «  parce que mon nom avait été mal orthographié, et les organisateurs pensaient qu’il s’agissait d’un homme ».   Vidéo et images à l’appui, on la voit alors se débattre en pleine course quand un des directeurs tente de la…
Le film
Les bonus

J’ai personnellement beaucoup appris dans ce documentaire richement agrémenté d’images, de vidéos,d’archives .Elles confortent l' histoire étonnante de la course à pied qui autrefois devait se faire la nuit, car il n’était pas bien vu de courir ainsi «  presque nu, en plein jour et devant tout le monde ». Les témoignages sont nombreux pour marquer l’évolution de cette activité, longtemps interdite aux femmes. L’une d’elles raconte sa participation au marathon de Boston, «  sans dossard officiel, presque anonyme pour ne pas se faire repérer». On apprend aussi comment Central Park est devenu un lieu très privilégié, autrefois repère du crime et des mauvaises rencontres. Jackie Onassis, Robert Redford, Dustin Hoffman, les grands noms se mettent à leur tour à faire du jogging. «  Les américains ont appris à être intelligents » dit un vieux jogger après la victoire de Frank Shorter en 1972 aux Jeux Olympiques. Un point de repère important dans l’histoire du marathon marquée par des figures emblématiques qui revivent ici à travers des portraits éloquents, et toujours aussi soigneusement illustrés.

Avis bonus Plusieurs chapitres n’ayant pu être intégrés au montage final, les voici dans les suppléments, et ils sont tout aussi intéressants.

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