Synopsis: Au début du XIXe siècle, sur les terres sauvages de l’Oregon, Cookie Figowitz, un humble cuisinier, se lie d’amitié avec King-Lu, un immigrant chinois. Ils montent un petit commerce de beignets qui très vite fait fureur . Le succès de leur recette tient au lait qu’ils tirent clandestinement chaque nuit de la première vache introduite en Amérique, propriété exclusive d’un notable .
La fiche du film
Le film
Le bonus
D’après « The Half Life » de Jon Raymond, co-scénariste . –
« A l’oiseau le nid, à l’araignée sa toile , à l’homme l’amitié » . –
Cet extrait des « Proverbes de l’enfer » de William Blake, en exergue à « First cow » me renvoie au beau film de Jim Jarmusch sur le poète anglais : « Dead man ». L’assimilation entre les deux ne tarde pas .
Le ton , l’esprit , l’indolence, l’ascétisme… et l’aventure de deux hommes qui ont le monde à construire.
Ils vivent dans l’Ouest des USA au XIXè siècle, le futur Far-West. L’Oregon sauvage, les premiers pionniers. A leur façon, Kelly Reichardt plante son décor sur cette terre vierge de toute civilisation qui ne demande qu’à s’ouvrir.
Cookie Figowitz et King-Lu l’entrevoient rapidement. Une rencontre de hasard dans une espèce de taverne au milieu des barraques préfigurant peut-être la ville de demain.
En quête de réussite sociale Cookie ( John Magaro) imagine vendre sur le marché des beignets comme en Angleterre. Une vache est arrivée sur la terre ferme dont le lait fournira dit-il l’élément essentiel. C’est le premier bovin d’Amérique, la propriété du Facteur en chef (Toby Jones), un notable anglais déjà bien établi sur la petite communauté qui le craint et le respecte. A ses côtés, son épouse (Lily Gladstone) tout aussi importante …
S’attaquer à un tel personnage rend méfiant mais Cookie se rassure. C’est le genre de type qui ne conçoit pas que l’on puisse le voler. « Il se croit intouchable ».
L’hypothèse ainsi formulée entrevoit une mise en scène plus dynamique que les premiers tâtonnements naturalistes repérés dans une forêt inextricable. Mais loin d’un jeu de dupes, de ses énigmes, de ses indices, Kelly Reichardt poursuit son petit bonhomme de chemin, là où la nature prime avant tout, hiératique et secrète. Silencieuse …
C’est parfois fastidieux, lassant, énervant, mais l’exubérance requise, voire espérée, tient simplement dans cette amitié entre deux étrangers qui font le monde. Leur esprit d’entreprise modèle un genre alors bien dévoyé dans ce futur far-West . Là où les cow-boys allaient conduire leurs troupeaux ignorant tout de la première vache et de son précieux cousinage .
Mais ça c’est une autre histoire …
LE SUPPLEMENT
- Rencontre avec Kelly Reichardt, la cinéaste d’une autre Amérique ( 32 mn )- La réalisatrice reprend sa filmographie en détail, avant de conclure bien évidemment sur « First Cow » .
« Le roman couvre quatre décennies avec un voyage en Chine, c’était trop grand pour moi » dit-elle en évoquant les balbutiements d’une époque où les prises de pouvoir se dessinaient déjà, des strates sociales avec ses notables et le peuple.
« Les deux acteurs ne s’étaient jamais rencontrés, ils ont vécu quelques jours lâchés dans la forêt avec un survivaliste, sous une pluie constante. (… ) Ils avaient chacun certaines qualités de leurs personnages sans que je le sache à l’avance. (…) Ils font ce travail magique d’acteur auquel je ne comprends rien ».
Le film
Le bonus
Cinéma indépendant, total, ce film revendique un retour aux sources dans la forme et le fond. Une réalisation plutôt primaire, voire ascétique, peu d'actions, une direction d’acteurs indolente et un sujet qui revient quasiment à l’origine du monde.
L’Oregon sauvage qui n’est pas encore le far-West , ses premiers pionniers.
Parmi eux Cookie Figowitz, cuisinier de son état, King-Lu, chinois par sa naissance. Ils ont l’esprit d’entreprise et là où tout est à construire ( même les banques ) ils imaginent un petit commerce de beignets qui va faire leur réputation.
Problème, le lait, élément indispensable est tiré de la seule vache qu’un notable a fait venir du vieux continent. L’homme n’est pas un tendre, il ne doit rien savoir …
Plus que l’enjeu policier de la rapinerie, la réalisatrice ne parle que d’amitié dans un monde qui le permet encore. Ce monde qu’il vont aider à construire avant que la civilisation ne les rattrape. Une forme de morale à méditer .
AVIS BONUS
Une rencontre avec la réalisatrice qui reprend tout sa filmographie. C’est intéressant .