Le second film de la trilogie "Koker" est un chef d'œuvre
La fiche du film
Les suppléments
Le film
La quintessence du cinéma. Trois ans après « Où est la maison de mon ami ?» , un terrible séisme ravage la région dans laquelle Kiarostami a tourné ce film. Il décide donc de se rendre à nouveau sur les lieux pour ce long-métrage qui interroge de la même manière un pays et ses habitants.
Que sont-ils devenus ? Que reste-t-il de la maison du film ? Où sont passés Ahmed et Mohamed, les deux jeunes héros ?
Autant de questions que se pose le réalisateur ( Kiarostami mais aussi son personnage joué par Farhad Kheradmand ) qui en compagnie de son petit garçon Puya, se rend dans la campagne , difficilement accessible. Les routes sont coupées, la circulation très ralentie.
Il prend des chemins de traverse, traverse des villages en ruines et s’informe auprès des villageois de la direction à suivre. Ce sont plutôt à des sinistrés qu’il s’adresse et la mise en scène prend une tout autre tournure.
Sans formellement opter pour le documentaire, elle s’y conforme ( les images de la catastrophe parlent d’elles-mêmes ) et se mêle de façon déconcertante à l’itinéraire du réalisateur. On ne sait plus qui du scénario ou du fait divers maîtrise les codes d’un cinéma hors de portée, un cinéma réel ,authentique.
Il s’affirme pleinement une fois arrivé au cœur du village de Koker, cœur de la trilogie de Kiarostami (*), et d’une catastrophe irrémédiable.
Au milieu des gravats, des décombres et des poutrelles calcinées, difformes, les survivants reprennent le cours de leur existence. La vie continue effectivement près du robinet de la source et de son eau potable, puis dans les restes d’une demeure qu’une vieille femme a du mal à quitter.
Puya reconnait même le vieil homme à la bosse du film ,sans sa bosse , pas si vieux. Le gamin s’en étonne et s’ensuit un superbe dialogue sur l’art du cinéma et la philosophie du quotidien. « Tant qu’on n’est pas vieux, on n’apprécie pas sa jeunesse » dit l’ancêtre pour qui l’art devrait rendre les gens plus jeunes, et non pas l’inverse.
Il rejette le fait aussi d’être un élu de dieu pour avoir survécu à la catastrophe. « Je ne crois pas en ces sottises ».
Un peu de sagesse et de raisonnable, d’humour et d’amour dans ce périple dont l’évidence bannit les difficultés du moment pour instaurer un monde qui revient à ses racines, à l’origine de sa raison d’être. Ca parait si simple que Kiarostami en fait un chef d’œuvre.
(*) Coffret: « Où est la maison de mon ami ? ». « Et la vie continue ». « Au travers des Oliviers ».
LES SUPPLEMENTS
- Le point de vue de Alain Bergala . Tout ce que raconte le critique est passionnant, mais je n’en révèlerais rien, avant que vous n’ayez vu le film. Afin d’en conserver la force émotionnelle qui en émerge, autour d’une fiction qui n’est pas un documentaire, ou l’inverse, Kiarostami établit une frontière indistincte entre les deux pour raconter une histoire à la fois terrible, et très belle .
- Ahmad Kiarostami. L’un des deux fils du réalisateur nous raconte qui était son père , créateur plus que cinéphile . Il nous montre sa façon de travailler, avec de nombreux exemples filmés, à l’appui. C’est encore très passionnant
- « Avec le vent » de Mahdi Shadizadeh . ( 1 h 25 ) .Un documentaire foisonnant, et un peu fourre tout sur un artiste, un créateur qui se révèle multiple sous les yeux et le regard respectueux de ses amis et collègues. Le cinéaste Kianoush Ayari avoue ne l’avoir jamais rencontré, à cause de son répondeur qu’il n’écoutait jamais. « Quand j’ai voulu effacer mes messages, je me suis aperçu qu’il m’avait appelé à deux reprises, mais c’était trop tard ».
Très proche de lui le peintre Aydin Aghdashloo lâche tous ses souvenirs et ses anecdotes ( « c’est ce que vous attendez de moi » ) alors qu’on sent qu’il aurait bien aimé parler aussi d’esthétique, d’art et de création.
Ce qu’il fera malgré tout …
Plusieurs vidéos et archives nous montrer Kiarostami dans des tournages et sur des événements quotidiens, notamment en compagnie de la photographe Maryam Zandi, qui évoque son propre travail en relation avec le réalisateur. « Il excellait dans tout au plus haut niveau ».
Pour Javad Mojabi (poète et auteur) « l’héritage intellectuel de sa culture se manifeste dans son œuvre, ce qui éveille la curiosité des occidentaux. Sa provenance d’une culture ancienne, par bien des aspects leur est inconnue et donc les attire ».
Ou les multiples dimensions artistiques d’Abbas Kiarostami, et pas seulement celles d’un géant du cinéma. « Un artiste composite et véritable homme de la Renaissance moderne. »
Avec également Lili Golestan (traductrice, propriétaire et directrice artistique de la galerie Golestan à Téhéran), Ebrahim Haghighi (graphiste) et le critique Mohsen Azarm.
Les suppléments
Le film
Après le tremblement de terre de 1990 , Kiarostami retourne sur les lieux du tournage de « Où est la maison de mon ami ? » en quête de ces deux jeunes héros . Un prétexte, un de plus dans l’œuvre du cinéaste iranien pour interroger un pays et ses habitants.
Il le fait d’abord en roulant péniblement dans une vieille voiture sur des routes cabossées par le séisme, et à travers des villages dévastés. Un état des lieux qui dès lors nous plonge dans un reportage qui n’est pas un documentaire, mais qui s’éloigne de la fiction originelle.
On ne sait plus alors qui du scénario ou du fait divers maîtrise les codes d’un cinéma hors de portée, un cinéma réel ,authentique. La quintessence du cinéma .
AVIS BONUS
Trois grands , voire excellent chapitres sur et autour un homme hors du commun. Avec une analyse pertinente du film et un long documentaire un peu fourre-tout mais si riche en anecdotes, révélations, images et témoignages .
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