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« En attendant le carnaval » de Marcelo Gomes. Critique dvd

  • RéalisateurGomes Marcelo
  • Durée : 86 minutes
  • Dvd : 20 avril 2021
  • Cinéma : 07 octobre 2020
  • LanguePortugais 
  • Sous-titres : Français
  • Studio  : jhr Films

L’histoire : Dans la région reculée du Nordeste au Brésil, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Les gens du pays travaillent sans arrêt, fiers d’être maitres de leur temps. Pendant le Carnaval, ils vendent leurs affaires sans regret et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère.

  • Film : 
  • Bonus : 

Ils sont fiers. De tout et aussi de se montrer maintenant à la télévision pour dire qu’ils sont fiers de travailler. Un peu n’importe comment, du lever du soleil à son coucher, et même pire, aveuglés par ce qu’ils nomment liberté.

Travailler comme ils l’entendent, sans patron, ni contrainte. Dans le poulailler, des paquets de tissus attendent de rejoindre la cuisine transformée en atelier où la machine à coudre défile ses mètres de couture sur des jeans encore informes.

Des pièces réaménagées, des usines de fortunes. On les appelle des factions…

Deux maisons plus loin le garage a été repensé pour aligner les tonnes de pièces à confectionner. Et ainsi de suite dans les rues de Toritama où des jeunes en scooter circulent péniblement, entravés par leurs paquets de jeans entassés devant et derrière.

Le village est devenu fou, mais tout parait paisible. On sourit beaucoup, on chante, on danse en repassant le pli d’un pantalon, portes et fenêtres ouvertes à tout vent. La caméra cadre posément, travelling intérieur-extérieur vers les regards de ces ouvriers-ouvrières attirés par l’objectif.

Ce documentaire composé comme un film vibre de toute cette agitation tranquille au cœur du néo-libéralisme qui ne dit pas son nom. Pas de politique, pas de syndicat, rien que le bonheur d’user son temps comme on l’entend, pour l’argent conséquent.

Tout le monde prend la parole, mais on retient beaucoup Léo qui depuis l’âge de 14 ans s’appelle «  travaille » et «  heures sup » en guise de surnom. Il dit aussi des choses sensées sur l’humanité . C’est un philosophe à sa façon, tout aussi perdu dans ses rêves fous.

Un bosseur à l’image de tous les villageois, mais lui peut-être un peu plus que les autres. Il aide en ce moment à construire une maison avec pour seul salaire la certitude qu’il pourra  travailler dans cette nouvelle faction.

L’autre sage de Toritama, le chevrier,  regarde le monde qu’il aimait s’éteindre doucement. «  L’arrivée des jeans a tout changé. Les gens veulent de l’argent, moi je veux faire juste ce que j’aime. Gagner de l’argent pour humilier les gens , moi je ne veux humilier personne ».

Surpris au cours d’une sieste, Léo n’en revient pas, lui qui travaille sans arrêt. Entre deux réflexions sur l’avenir du monde. Un personnage étonnant.

Il regrette les trottoirs où les gens se berçaient au soleil d’une sieste réconfortante. Aujourd’hui, au seuil des maisons, les vieux assurent la finition des pantalons…

Tête baissée, les yeux fermés, les villageois foncent dans le mur en toute connaissance de cause. Pour reculer l’échéance, ils vont vivre le Carnaval pendant une semaine et surtout profiter de ses plages . Pour assurer les frais, ils vendent tout ce qu’ils peuvent : machine à coudre, frigo, téléviseurs.

Ils disent qu’à leur retour ils les rachèteront et pendant 360 jours reprendront ce rythme infernal qui les fait mourir à petit feu. Une exploitation consentie…

LES SUPPLEMENTS

  • Interview de Marcelo Gomes . « Ils sont heureux de s’exploiter eux-mêmes » constate le réalisateur qui reprend dans cette interview l’histoire que l’on suit en voix off dans le documentaire : la sienne. Enfant, il accompagnait son papa, inspecteur des finances publiques, dans ses différents déplacements, dont ce village où il revient et ne reconnait plus rien.

Tout ici est consacré à la fabrication de jeans. «  Ils sont devenus leurs propres esclaves » dit-il en s’interrogeant sur «  le cercle vicieux de ce néolibéralisme » .

En cherchant le moyen d’aborder le sujet, Marcelo Gomes a compris qu’il fallait «  laisser les protagonistes choisir eux-mêmes la façon de filmer ». Et tenter d’entrer dans leur intimité à la manière des films d’Eduardo Coutinho.

Le cinéaste analyse finement la sociologie des lieux où la culture désormais n’existe plus , «  il ne reste que le travail sans passé, ni avenir ».

  • « Blue Gold Rush » – court métrage de Marcelo Gomes

Comme une synthèse du documentaire, une longue bande annonce dans laquelle le seul élément nouveau est la présence de Léo dans les manèges du Carnaval, avec toute sa famille .

  • Diaporama
  • Livret du film
Réalisateur : Gomes Marcelo Durée : 86 minutes Dvd : 20 avril 2021 Cinéma : 07 octobre 2020 Langue : Portugais  Sous-titres : Français Studio  : jhr Films L'histoire : Dans la région reculée du Nordeste au Brésil, le petit village de Toritama est un microcosme du capitalisme impitoyable. Chaque année, plus de 20 millions de paires de jeans sont produites dans des usines de fortune. Les gens du pays travaillent sans arrêt, fiers d’être maitres de leur temps. Pendant le Carnaval, ils vendent leurs affaires sans regret et fuient vers les plages à la recherche du bonheur éphémère. Film :  Bonus : …
Le documentaire
Les bonus

Habituellement pour ce genre de documentaire, il est question d’exploitation patronale, de misère sociale et de pays sous-développé. Ici, ni patron, ni cadences imposées, les gens de Toritama s’exploitent eux-mêmes en s’imposant des journées entières de travail, tous les jours, à leur gré. Ils fabriquent des jeans, dans des conditions de travail draconiennes, mais ce sont les leurs . Peut-on se féliciter de l’avènement de ce néo-libéralisme ultra qui rend l’argent seul maître à bord, mais parait bien incertain au bout du compte ? Quand il faut payer le voyage et les frais du Carnaval tant attendu, les villageois de Toritama vendent tout ce qu’ils peuvent en espérant à leur retour en racheter un peu . Et repartir pour une année de labeur sans fin , et en réalité sans espoir. Est-ce que ce monde est sérieux ?

AVIS BONUS Une interview très intéressante du réalisateur qui a aussi réalisé une sorte de synthèse de son documentaire en forme de court-métrage

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