Synopsis: Francisco Galván De Montemayor, riche propriétaire foncier et catholique fervent, tombe sous le charme d'une fidèle, Gloria Milalta. Bien qu’elle soit déjà fiancée à Raul, un ingénieur, Francisco parvient à la séduire. Il ne lui faut guère plus de temps pour la convaincre de l'épouser. Mais très vite, il révèle sa jalousie maladive et s’enfonce dans la paranoïa
La fiche du film
Le Film
Les bonus
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Dans la filmographie de Buñuel, ce n’est pas forcément le titre qui vient immédiatement à l’esprit. L’auteur le revendique pourtant comme étant le plus proche de ses aspirations. De la personnalité de son héros, dépeint sous les traits les plus noirs.
Un personnage dont la distinction de façade dissimule un mal-être paranoïaque.
Très fortuné, Francisco Galván De Montemayor, se bat pour récupérer des biens qui plus d’un siècle auparavant, appartenaient à sa famille. Il ne lâche rien malgré la faiblesse de ses arguments, préviennent ses avocats. L’homme est tout aussi intraitable avec la jeune femme qu’il convoite et courtise aux offices religieux.
Gloria est la fiancée de l’un de ses amis, mais l’intrus passe outre et réussit à convoler en justes noces. Le début de l’enfer pour cette jeune femme qui dès la lune de miel découvre comment l’amant est devenu un mari, veule, jaloux, stupide.
On entre dans la sphère tourmentée d’une personnalité plus que déviante. Morbide et destructeur, il aliène son double et lui procure des sentiments divers, de la pitié à la peur, de la crainte à l’angoisse, jusqu’à l’abandon de toute indulgence.
Gloria va se défendre, puis riposter.
La même année (1954) « Fenêtre sur cour » et « Le Crime était presque parfait » sortent sur les écrans. L’ombre d’Hitchcock rejaillit immanquablement sur le plateau de Buñuel, à moins que celui-ci n’ait soufflé quelques idées aux réparties hitchcockiennes
Où l’emprise morale et physique du héros sur l’héroïne façonne en sens unique l’altération des rapports. Pour des scènes typées, des simulations de meurtres au cours desquelles le remord sonne chaque fois comme un aveu.
L’église aura bien du mal à admettre cette vérité si peu raisonnable ( le curé du village est un ami d’enfance ) quand l’amicale bourgeoisie feint l’indifférence, voire l’ignorance. Buñuel chevauche à nouveau ses ânes favoris. Avec au passage un pied de nez désopilant sur les hallucinations du pauvre Francisco en pleine célébration religieuse. C’est triste à voir, mais c’est drôle … Ce film ne l’est pas vraiment, il est grand !
LES SUPPLÉMENTS
- Entretien avec Guillermo del Toro dirigé par Olivier Père (2024, 30 min)-L’auteur de « L’échine du diable » a soutenu l’édition de ce dvd, et se dit proche de Buñuel en tant que cinéaste, mais aussi en tant qu’homme. « Tout comme Hitchcock » .
Il parle alors de l’œuvre de son ami « plus comme des œuvres d’art que du divertissement (..) brut de décoffrage, jamais parfait (… ) il aimait les erreurs ».
« Tout veut dire quelque chose chez Buñuel, le côté immaculé d’une maison juxtaposé à la poussière qui s’échappe des placards ».
« Il était monstrueux dans sa jalousie, dans sa paranoïa ».
Uniquement sur le blu-ray :
- « Buñuel, un cineasta surrealista» : Un documentaire de Javier Espada (Espagne, 2021, 83 min)-A l’avant-garde du cinéma surréaliste, Buñuel n’a cessé de s’y référer dans ses films dès l’origine, mais aussi en passant au Mexique et en France via l’Espagne. Tout un parcours retracé dans ce documentaire où son enfance marque à jamais l’esprit d’un créateur tourmenté.
Et si l’humour demeure malgré tout patent chez lui, c’est par sa découverte du cinéma comique des années trente, qu’il n’oubliera jamais. Comme l’enseignement parisien d’Epstein lui sera toujours profitable.
« Tous mes films sont liés les uns aux autres, avec les mêmes obsessions.. » Rituels fétichistes en point de mire …
Si d’illustres peintres l’inspirent ( Vinci, Goya … ) , sa rencontre cannoise avec Jean-Claude Carrière demeure déterminante. Elle sera suivi de nombreuses collaborations
A noter cette mise en illustrations dans plusieurs de ses films du thème voyeuriste. « Le plaisir de regarder en secret, de voir sans être vu ». Ou l’utilisation du judas chez Buñuel, éloquente !… Cette autre vision du monde qui l’interpelle dans ses obsessions les plus intimes
Le Film
Les bonus
Il y a des scènes d’église fabuleuses ( avec un clocher aussi ), des simulations de meurtres, des sueurs froides, et un héros bien sous tous rapports, mais compliqués quand il en sort.
Francisco qui désire Gloria a tout prix nourrit une jalousie morbide et destructrice. Cet homme fortuné et catholique sans l’ombre d’un doute est sujet à une maladie obsessionnelle, une paranoïa intense, un délire de persécution dévorant.
L’église aura bien du mal à admettre cette vérité si peu raisonnable ( le curé du village est un ami d’enfance ) quand l’amicale bourgeoisie feint l’indifférence, voire l’ignorance. Buñuel chevauche à nouveau ses ânes favoris. Avec au passage un pied de nez désopilant sur les hallucinations du pauvre Francisco, en pleine célébration religieuse. C’est triste à voir, mais c’est drôle … Ce film ne l'est pas vraiment, il est grand !
AVIS BONUS
Le coup d'oeil de Guillermo del Toro, et celui de ... Buñuel à travers un documentaire très pédagogique