Un film plein de bruit et de fureur à l’image de son héros aussi grotesque qu’attachant.
La fiche du film
Le Film
les bonus
- Dvd : 3 novembre 2021
- Acteurs : Gian Maria Volonté, Klaus Kinski, Martine Beswick, Lou Castel, Jaime Fernández
- Sous-titres : : Français
- Nouvelle restauration
Il y a tant de repères incroyables dans ce film qu’il en devient très vite un western baroque, revendiqué par sa filiation italienne à un genre totalement déjanté. Gian Maria Volonté qui par la suite repensera sa carrière plus sérieusement est extraordinaire en bandit branquignole et grand cœur, adoubé par son grand frère El Santo, que Klaus Kinski porte aux nues.
Une sorte de prêtre défroqué qui les soirs de rapines demande pardon à Dieu d’avoir fait tant de mal, et tant de morts. Excuse de contrition, c’est pour le bien du peuple mexicain.
Au début de ce XX ème siècle, la révolution bat effectivement son plein et chacun tire du bazar ambiant tout ce qu’il peut. El Chuncho s’est spécialisé dans l’attaque des trains, pour les armes qu’ils transportent avec leur propriétaire dont il se débarrasse sans broncher.
Mais quand l’un d’eux, Bill Tate (Lou Castel), est un gringo yankee passager honorable, il fait ami-ami, total respect. Le guérillero va jusqu’à l’accueillir dans sa bande qui demeure quand même sur ses gardes.
El Chuncho le surnomme El Nino, très vite au parfum des coups de gâchettes faciles. L’homme demeure une intrigue cependant pour la belle Adelita ( Martine Beswick) sur ses motivations réelles (photo). Le regard pas très franc, Bill Tate demeure effectivement très secret, peu causant.
Mais il exécute ses contrats, et tanne de plus en plus le boss pour aller jusqu’au bout de sa mission. La livraison des armes à son patron, l’ancien général Elias réfugié dans la montagne (Jaime Fernandez).
Le gringo se dévoile alors un peu, mais prudent, il entretient la bonne humeur d’un scénario écrit par Franco Solinas, s’il vous plaît.
Qui caracole de chevauchées poussiéreuses en joyeuses fusillades, de pièges en traquenards laissant peu de répit au spectateur médusé par un tel spectacle. Damiano Damiani tient la cadence sans coup férir, et donne à voir peu à peu sous la fable, une vérité première sur l’homme et ses travers.
Un gringo intéressé par plus d’argent qu’il n’y paraît quand son compère bandit prône avant tout l’honneur et la survie de son pays. Le film deviendrait presque sérieux s’il n’y avait le rire cannibale de « El Chuncho », souverain dans son ultime rencontre avec Bill Tate expédié aux Amériques de manière définitive.
Ce retour à l’envoyeur très « léonien » n’occulte en rien la patte de Damiani qui au final du final invite à poursuivre la révolution avec de la dynamite. Comme un slogan pour son film !
LES SUPPLÉMENTS
- A propos de « El Chuncho » par Alex Cox, réalisateur et auteur du livre « 10 000 Façons de mourir » (11 mn)- « Le film est bon à tout point de vue : il est vertueux en termes de cinématographie, de décor. […] C’est merveilleusement interprété. » Et de citer Gian Maria Volonté, Klaus Kinski « et cet acteur colombien impressionnant qui a pris pour nom Lou Castel ».
Le réalisateur insiste aussi beaucoup sur la présence du scénariste Franco Solinas à qui l’on doit de nombreuses œuvres appréciables.
Comme il évoque en préambule les rapports de Damiano Damiani avec Sergio Leone, Cox revient sur le travail musical de Luis Bacalov. « Ennio Morricone apparait au générique, mais c’est plus un hommage, il n’était que superviseur, la musique porte bien la marque de Bacalov ».
Le spécialiste se félicite de la version présentée grâce au transfert numérique bénéfique « c’est la meilleure façon de l’apprécier. La version la plus longue à ce jour. Avant, en 77 minutes, on ne comprenait rien ».
- « El Chuncho », le western révolutionnaire (18 mn) par Lou Castel (2004)
L’acteur se remémore sa collaboration avec Damiano Damiani, cinéaste aussi attentif que rigoureux pour lequel il avait accepté d’incarner « El Niño », un personnage opposé à ses convictions de militant d’extrême gauche.
Le Film
les bonus
La révolution mexicaine portée par un western à l’italienne, ça ne peut que faire du bruit et causer beaucoup de morts. Mais la maîtrise du réalisateur est largement suffisante pour donner à ce souffle épique, une vérité certaine et un attrait particulier.
Surtout que la distribution ne manque pas de piment : Gian Maria Volonté en bandit branquignole et grand cœur, adoubé par son grand frère El Santo, que Klaus Kinski porte aux nues, c’est grandiose.
Avec en prime ce gringo venu des Etats-Unis, que Lou Castel joue à la superbe de l’intrus qui intrigue tout le monde. Mais pour se mêler à la hargne vengeresse des bandits, on devine bien que le bonhomme a son petit commerce à effectuer.
Damiano Damiani tient la cadence sans coup férir, et donne à voir peu à peu sous la fable épique et romanesque, une vérité première sur l’homme et ses travers. Il n’y a pas forcément de morale, mais il est question d’honneur et de respect. Ça ne rigole plus !
AVIS BONUS
Alex Cox et Lou Castel reprennent le fil de l'histoire du cinéma à travers " El Chuncho"