Synopsis: Zayane a 75 ans. Depuis son arrivée en France, elle n’a jamais dépassé les frontières de sa cité. Un jour elle reçoit une lettre lui annonçant le décès d’un homme qu’elle a connu, autrefois, en Algérie. Le temps d’une journée, elle part récupérer une boite que le défunt lui a léguée. Pendant son absence, ses onze enfants se réunissent dans son appartement et découvrent un pan de la vie de leur mère jusque-là ignoré de tous…
La fiche du film
Le film
Prix du public au festival Premiers Plans d’Angers ,ce film a reçu l’an passé le prix du scénario. Deux distinctions tout à fait justifiées pour cette aventure parfaitement écrite et interprétée sous l’œil de Fejria Deliba qui connaît bien la chanson.
Actrice, auteur et réalisatrice, la jeune femme mène de front un projet qui tient à ses racines et aux souvenirs d’une mère qui pouvait ressembler à l’héroïne de cette belle histoire. Ce matin-là, Zayane ( Milouda Chaqiq, remarquable ) va changer ses habitudes.
Les messages téléphoniques resteront lettre morte sur le répondeur où défilent avec drôlerie ses onze enfants, garçons et filles. Ils annoncent leur passage plus ou moins rapide dans l’appartement, et plus particulièrement dans la cuisine. Il faut préparer des boulettes pour l’un, des cornes de gazelle pour l’autre…
La famille est très grande, mais Zayane ne les entend plus. Avant de disparaître, elle a laissé un simple mot : « Il y a du couscous dans le frigo. Je pars. » Elle va pour la première fois sortir de ses frontières banlieusardes, en suivant les recommandations d’un français qu’elle a connu il y a très longtemps au bled.
Il vient de mourir non loin de là et lui lègue une boîte. Zayane qui ne sait pas très bien lire va prendre le train. Malgré les difficultés de la langue, elle avance gaillardement dans cette nouvelle vie où la rattrape sa copine (Brigitte Roüan) qui l’aidera à finir son périple.
Mais on ne la tient déjà plus. La brave dame s’en prendra même au beau poids-lourd d’un camionneur qui l’avait royalement engueulée. Toute l’image du film : elle ne demande rien à personne et n’attend rien en retour.
Ou si peu, comme cette reconnaissance d’une vie où elle aussi aura beaucoup perdu dit-elle en réponse à l’épouse du défunt (Claire Wauthion), qui pleure tout autant son mari que la propriété abandonnée sur la terre d’Algérie.
Fejria Deliba raconte ainsi l’Histoire de son pays, toujours à vif, avec une délicatesse et un humour propre à cette terre qui a porté tant de malheur et d’espérances. Elle défile maintenant sur le mur de l’appartement où les enfants projettent des films super 8 révélateurs de bien des mystères.
Plusieurs générations croisent leur regard sur la tapisserie défraîchie. A l’absence de la mère se substituent maintenant toutes les questions que ces images révèlent de sa jeunesse et sa beauté.
Des secrets percent au grand jour, qui ne devraient pas, disent les plus âgés. Plusieurs générations, des cultures différentes. Ce qu’exprime très bien l’affiche du film, mais pas son titre, incompréhensible.
De Zinedine Soualem à Samir Guesmi, Linda Prevot Chaïb à Myriam Bella, la réalisatrice évoque alors cette autre Histoire … de France. Exilé à Bruxelles, Slimane Dazi l’aîné de la fratrie la cristallise de manière exemplaire. Il ne fait que passer, mais ça veut dire beaucoup.
Littérature : Alice Zeniter « L’art de perdre »
Le film
Je ne comprends pas trop le titre qui me gâche un peu le plaisir de ce très beau film dans lequel l’actrice Fejria Deliba raconte le pays que sa maman a dû quitter un jour pour vivre sur le sol français. Pas de nostalgie forcée dans cet émouvant portrait d’une dame qui à la lecture d’une lettre décide de mettre la clé sous la porte pour retrouver un peu de son passé. Elle n’ira pas très loin, mais le si peu qu’elle découvre suffit à son bonheur. Fejria Deliba la suit dans son périple aux souvenirs, avec une délicatesse et un humour propre à cette terre qui a porté tant de malheur et de misères. C’est l’Histoire de l’Algérie qui défile ainsi, et donc celle de la France où les 11 enfants de Zayane s’étonnent maintenant de son absence. Plusieurs générations d’immigrés, des cultures différentes, là encore la cinéaste évoque cette Histoire avec tendresse et respect.
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