Synopsis: Ferdinando Cefalu, un noble sicilien, est amoureux de sa jeune cousine, Angela. Mais il est marié à Rosalia, une femme insupportable, et le divorce est illégal en Italie... Plein de ressources, Ferdinando concocte donc un " divorce à l'italienne " : pousser sa femme dans les bras d'un amant, surprendre l'infidèle en pleine action et commettre un crime passionnel qui n'entraîne qu'un minimum de peine de prison.
La fiche du film
Le film
Le rire de la comédie italienne est chronique. Ecrite dans les années soixante, cette histoire transalpine fait grincer des dents. A l’époque, elle fait l’actualité, mais on en rit. Le rire est grinçant.
Un demi-siècle plus tard, on s’amuse tout autant des déboires de cette aristocratie chancelante dont l’un de ses mentors, notable respectable est tombé amoureux de sa très jeune cousine. Qui le lui rend bien.
Aussi faut-il se débarrasser de l’épouse encombrante. Tuer par passion, la justice sera compatissante. Ainsi Ferdinando voit les choses qu’il envisage de manière assez sereine.
Jeter un homme (Leopoldo Trieste) dans les bras de la femme, les surprendre, passer à l’acte et puis bénéficier des circonstances atténuantes de la justice italienne, très compréhensive à l’égard des maris trompés et vengeurs.
Un tel scénario élaboré sur une mise en scène aussi folle qu’elliptique nous fait encore rire et sourire aujourd’hui. Mais le rire est décomplexé.
Par les mimiques d’un comédien passé à la postérité, Marcello Mastroianni qui donne ici le meilleur de la fantaisie sous les traits du cocu qui s’ignore. Toute la bonne société le montre du doigt quand dans le silence et la pénombre l’homme prépare sa propre mise en scène.
Une anticipation sur laquelle repose la dynamique de Pietro Germi : la place que prendront les amants, celle du pistolet que l’on découvrira par hasard dans un vieux meuble, et la plaidoirie de l’avocat que Ferdinand entend déjà dans son emportement.
Le dispositif sera bien respecté, mais les anicroches ne manqueront pas. Ressorts indispensables à la vitalité de la comédie italienne qui au passage salue la « Dolce Vita » de Fellini avant de replonger le ver du soupçon dans le fruit de l’infidélité.
Lyrisme, emportements, fièvre, tout est contenu dans la posologie des trois scénaristes réunis pour une fête qui ira jusqu’à célébrer avec drôlerie les enterrements .
Comme un poisson dans l’eau, Mastroianni mène toute son petit monde à la baguette, dont Daniela Rocca l’épouse, qui avec l’ombre d’une moustache a bien du mal à se défaire des minauderies du scénario. Stefania Sandrelli, la jeune cousine, fait son effet, effectivement !
Le film
Sans crier gare , Petro Germi donne carte blanche à Marcello Mastroianni pour régler à sa façon cette incongruité administrative italienne : l’interdiction du divorce. Seul le meurtre permettait d’accéder à la liberté en comptant sur la clémence de la justice. Un crime passionnel bien plaidé et c’était effectivement la clé du succès judiciaire. Question d’honneur pour un homme et de dignité qui plus est pour un aristocrate tel que Ferdinando qui met alors en place son système afin d’arriver à ses fins. Jeter un homme dans les bras de l’épouse, les surprendre, passer à l’acte et puis bénéficier des circonstances atténuantes… Le réalisateur et son comédien vedette s’en donnent à cœur joie pour dynamiter les ressorts d’une société italienne où l’hypocrisie et le machisme reçoivent l'onction de la religion !
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