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« Divines » de Houda Benyamina. Critique cinéma-dvd

Synopsis: Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Divines"
De : Houda Benyamina
Avec : Oulaya Amamra, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda, Farid Larbi, Déborah Lukumuena
Sortie le : 03 janvier 2017
Distribution : Diaphana
Durée : 101 minutes
Film classé : 12 ans et plus
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le film
Les bonus

Caméra d’or Cannes 2016

2017, César du Meilleur premier film.

Janvier 2017 : le meilleur dvd !

Interdit aux moins de 12 ans

A la remise des prix, Houda Benyamina a laissé exploser sa joie. Normal. Son discours de remerciements débordait de bonheur. Une rage verbale, intarissable. Elle m’a paru excessive. Le recul peut aider à comprendre un tel emportement, mais c’est surtout à la sortie de la projection que l’on situe parfaitement la portée quasi hystérique du moment.

Ce second film vient du plus profond des ténèbres. Là où on ne peut encore entendre ce cri qui éclate au grand jour de la vie, à la une des quotidiens et dans la précarité des banlieues qui l’a vu naître. Dounia le reçoit un peu plus chaque jour, côtoyant une faune aux excès argentés, qu’elle envie silencieusement.

Un BEP d’agent d’accueil en guise d’eldorado ne répond pas à ses attentes. Ce sera sa première révolte au cœur de l’institution que la réalisatrice filme moderato.

La scène est mémorable, mais l’excès n’est pas de mise. C’est une prise de conscience qui au fil des rêves gonfle de désirs et de désillusions, d’amour et de haine, de coups bas et de bonheur céleste. Dounia et sa copine Maimouna (Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena , excellentes comédiennes encore inconnues) affrontent un monde trop grand pour elles,  avec la volonté farouche de le faire plier.

Dounia découvre au hasard de son trafic l'art de la danse, la beauté d'un corps
Dounia découvre au hasard de son trafic, l’art de la danse, la beauté d’un corps

En territoire ennemi. Chez l’adversaire. C’est Rebecca au cœur d’un trafic qu’elles vont infiltrer avant de l’accompagner sous l’œil plus ou moins bienveillant de la dealeuse et de ses compagnons. Ici la confiance n’est jamais la règle, à chaque coup, il lui faut faire ses preuves.

Dounia s’endurcit, prend de la graine et tombe amoureuse du haut des coulisses du théâtre où elle planque sa drogue et l’argent. Une compagnie de danse répète tout en bas : jeune fille sous le charme, totalement subjuguée. Par les pas, les saccades et la violence qui ébranlent le corps du jeune homme ( Kevin Mischel ). C’est sa vie qui se déhanche et qui l’habite, parallèles ou symétries d’un quotidien que  la cinéaste chorégraphie avec une emphase méthodique, constante, bien venue.

Le procédé cinématographique est assez classique dans sa stylisation, mais la cinéaste le porte à un état d’incandescence assez subjuguant.

On découvre maintenant une reine. Qui couvre de cadeaux ses amis et sa mère de plus en plus à la ramasse qui la malmène encore. Les derniers restes d’une vie de misère que Dounia abandonne à la force du poignet et de quelques raclées salvatrices.

Le jeu devient de plus en plus dangereux prévient la réalisatrice qui s’abandonne aux délices d’un polar à la noirceur formellement identifiable dans notre cinéma hexagonal. Mais Houda Benyamina a déjà bien gommé les clichés de la banlieue et ses travers mafieux pour poser son final d’un point de vue plus général sur les cités. Comme un retour de boomerang d’un système social et politique  toujours aussi mal appréhendé. Son constat n’est guère optimiste.

LES SUPPLEMENTS

  • La réalisatrice s’entretient avec son équipe.  « Je n’ai pas envie d’être dans le jugement, c’est beaucoup plus complexe que le bien et le mal. (…)  Les choix à faire, notamment le final, quelle option retenir entre la mort de la jeune femme ou son sauvetage ? le happy end ne correspondait pas au constat de la société telle que je la voie aujourd’hui. (…) Les émeutes de 2005, j’ai voulu reposer la question, c’est devenu un fait, repris par la politique, on n’humanise pas ce qui est avant tout une tragédie ».  

« Un acteur, c’est la personne la plus mise à nue, mais il faut alors la mettre en confiance, c’est le plus important à faire ».

Avec la scripte Julie Darfeuil. « Quand je rencontre un collaborateur je ne lui dis jamais ce que je veux, j’attends ce qu’il va me proposer et souvent ils vont plus loin que ce que vous aviez envisagé . (… ) La scripte, c’est la seule personne à qui je peux montrer toutes mes faiblesses, pour le reste je dois être un roc, mais avec elle je peux m’abandonner. C’est elle qui me dira « n’oublie pas, tu voulais … »

Julie Darfeuil explique très bien son travail et l’assistance qu’elle porte à la réalisatrice, lors d’un tournage.  « La mise en scène se construit avec le rythme des séquences, c’est une partition de musique, la nuance, le rapide, ou pianissimo ».

Les monteurs Loïc Lallemand et Vincent Tricon.  « Il nous a été difficile de trouver la structure du début sans faire une présentation classique des personnages, on a beaucoup cherché »relève Loïc Lallemand. Houda Benyamina confirme :« la première partie du rythme a été trouvée au montage. (…) Dans l’ensemble il fallait pouvoir harmoniser deux rythmes très différents, celui de l’apaisement avec le danseur, et celui de l’héroïne assez survoltée ». Les deux monteurs expliquent alors très bien la manière dont ils vont procéder pour atteindre le but recherché.

La musique. Selon sa propre méthode, Houda Benyamina demande là encore au superviseur musical de lui proposer des partitions dès le départ, sans attendre la post-production. Qu’il apporte des idées à partir de ce qu’elle va lui dire « mais je ne veux pas venir avec mes propres choix » prévient-elle.

Superviseur musical ? « Mon travail était de trouver des morceaux qui percutent tout de suite mais qui ne sont pas forcément des tubes internationaux, voir la musique de la boîte de nuit ou le Haendel final, qui ont un impact à l’image tout de suite évident. J’ai compris que Houda avait besoin d’être nourrie de musique avant de tourner ».Elle en fera aussi profiter les comédiens dont certains joueront avec des oreillettes.

« Si la musique me raconte ce qu’il y a sur l’image ça ne m’intéresse pas, il faut qu’elle soit à côté. A Demusmaker, le compositeur je ne lui ai dit qu’un mot « western », pour qu’il entende ce que je voulais entendre, je ne parle pas de style, mais de sens ».

  • Du tournage à la consécration cannoise. L’ambiance du plateau en quelques images bien senties, et un suivi de la réalisatrice au plus près de son histoire. « Tant qu’elle n’a pas ce qu’elle veut, même le plus petit détail, elle ne lâchera pas » relève le danseur Kevin Mischel « mais elle donne confiance, énormément, surtout à moi qui au départ ne suis pas acteur ».

Une énergie qui se voit sur ce trop court documentaire, passionnant.

  • Dans les cités, dans les banlieues :

 » Chouf » de Karim Dridi – «  Divines » de Houda Benyamina – « Black » d’Adil El Arbi et Billal Fallah -« Qu’Allah bénisse la France » de Abd al Malik -« Bande de filles  » de Céline Sciamma-« La cité rose » de Julien Abraham!

Caméra d’or Cannes 2016 2017, César du Meilleur premier film. Janvier 2017 : le meilleur dvd ! Interdit aux moins de 12 ans A la remise des prix, Houda Benyamina a laissé exploser sa joie. Normal. Son discours de remerciements débordait de bonheur. Une rage verbale, intarissable. Elle m’a paru excessive. Le recul peut aider à comprendre un tel emportement, mais c’est surtout à la sortie de la projection que l’on situe parfaitement la portée quasi hystérique du moment. Ce second film vient du plus profond des ténèbres. Là où on ne peut encore entendre ce cri qui éclate au grand…
Le film
Les bonus

Sur un thème quasiment unique, celui de l’émancipation et de l'amitié, Houda Benyamina brasse des milliers de sujets qui de l’immigration à la vie des cités, de la quête amoureuse à l’apprentissage de la vie (sociale et religieuse) conduit la jeune héroïne (extraordinaire Oulaya Amamra pour la première fois à l’écran) dans les arcanes de la création chorégraphique et les bas-fonds du trafic de drogue. Le tout se joue naturellement d’interactions bien souvent inattendues que la mise en scène explore à son tour avec bonheur, humour, et violence. Un quotidien que le cinéma a su déjà explorer mais à qui la jeune cinéaste offre de nouvelles perspectives dans un discours moins radical, une liberté de ton plus conciliante. Si le jeu est toujours aussi dangereux prévient-elle, il lui faut peut-être alors prendre en compte les propres acteurs de sa survie. Le dénouement est à ce titre un peu symptomatique d’une critique indirecte de la vie des cités. Comme un retour de boomerang d’un système social et politique  toujours aussi mal appréhendé. Son constat n’est guère optimiste.

Avis bonus La réalisatrice avec les techniciens, du monteur au compositeur évoque les différentes facettes de son film. Un tout petit making of révèle le travail en amont. C’est passionnant.

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