L’histoire : Été 2019. Diplômée de Sciences-Po, Madeleine part préparer les oraux de l’ENA en Corse avec son amoureux, Antoine. Au détour d’une petite route déserte, le couple se retrouve impliqué dans une altercation qui tourne au drame.
Le secret qui les lie désormais pèsera lourd sur leur future carrière politique…
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Une empoignade imbécile, le ton qui monte, le drame, à tout jamais … Antoine et Madeleine décident d’en taire les conséquences. Ils reprennent leur chemin, lui guidé par la politique paternelle, elle en passe d’accéder à l’ENA.
La politique est l’art de la dissimulation nous dit Sylvain Descloux . Une approche symptomatique pour ce couple à l’avenir rayonnant qui va au fil de son secret ébranlé, prendre la tangente et chavirer dangereusement.
Antoine n’est pas forcément le gentil garçon à son papa. Madeleine ne peut plus vivre sans le souvenir de ce jour de Corse sur une route tranquille où le temps s’est figé.
Elle vit désormais avec un fantôme à ses côtés . Et revoir maintenant Antoine, c’est revivre ce jour de Corse endeuillé. Elle voulait changer le monde, le rendre meilleur . Mais le monde a tourné dans le mauvais sens…
La question n’est pas de savoir si on aime ou pas ce film, mais si l’on y croit. Si l’on n’y croit pas, on ne croit pas au cinéma.
Il y a tellement de choses presque impossibles dans cette histoire , d’invraisemblances en porte à faux, qu’une fiction parfaite n’aurait pas tenue un instant. Mais voilà, chaque fois que les protagonistes se cassent la gueule, le rétablissement, spectaculaire, est tout à fait logique et en phase avec la réalité.
C’est donc vers le scénario que l’on se dirige ( Sylvain Desclous–Pierre Erwan Guillaume) pour saluer la force de l’écriture aux nombreuses ratures et notes emargées, rétablies dans un quotidien où les protagonistes se retrouvent bien souvent presque malgré eux.
On salue alors la direction d’acteurs en phase avec l’interprétation de chaque personnage, leur personnalité profonde, le vrai de leur existence.
Dans un rôle assez détestable Benjamin Lavernhe joue enfin à la hauteur de son talent , de ses possibilités plus que de ses disponibilités .
Consacrée par « Mon Crime » de François Ozon, Rebecca Marder s’affirme définitivement comme une maîtresse-comédienne devant Emmanuelle Bercot qui dirige tout aussi habilement sa composition scénique .Logique qu’elle soit devenue députée, elle est tellement convaincante .
Des personnages forts, bien dessinés et filmés, de grandes espérances effectivement.
Le film
Alors que Madeleine envisage un avenir politique où le monde ne pourra être que meilleur, un drame vient freiner ses ardeurs et réorienter ses espoirs. Son compagnon, tout aussi concerné par les faits, parait peu fiable, voire détestable. Et son entourage, ignorant ce qui la préoccupe, ne peut pas grand-chose, jusqu’au jour où … Suspense et intrigues joliment emmêlés , tournent dans tous les sens et on peut les reprendre à notre compte pour imaginer comment vont se dérouler les faits, tant les issues sont possibles, mais toujours avec des conséquences gênantes, fâcheuses, catastrophiques selon l’angle retenu. La suite appartient au volet judiciaire de l’affaire toujours avec cette tournure de style très forte sur le plan de la mise en scène et de ses attendus Sur qui le poids de la culpabilité va-t-il rejaillir ? l’étau se resserre et là la véritable passion s’affiche, mais pas celle que l’on attendait … Des personnages forts, bien dessinés et filmés, de grandes espérances effectivement.