- 1 heure et 44 minutes
- Dvd : 05 Novembre 2024
- 18 mai 1988 au cinéma
- Acteurs : Isaac De Bankolé, François Cluzet, Giulia Boschi
- Sous-titres : Anglais
- Studio : Carlotta
L’histoire ; La vie d’une famille de Blancs parmi les Noirs, peu de temps avant l’indépendance du Cameroun. Vie perturbée par les passagers d’un avion en perdition qui se pose sur leur domaine…
Très, très belle restauration 4K !
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez vous à la fin de l’article
Ce film date de la fin des années quatre-vingt , et apparait pourtant aujourd’hui en 2024, quasi expérimental. Cadres nuancés, interprétation à minima, de la retenue, dans le geste et la parole…
Pour parler du racisme, à travers la période coloniale (les années soixante-dix, au Cameroun ) Claire Denis, dans un premier film audacieux, retrouve les souvenirs de son enfance.
L’autobiographie patente se dessine à travers le regard d’une petite fille . Elle observe de la même façon ses parents ( papa commande le détachement du village – François Cluzet ) et la population autochtone qui pour la plupart vit au service de la communauté blanche.
Claire Denis établit le rapport de domination de manière presque logique, sans en faire un drame, même si désormais la petite fille de retour au Cameroun cerne mieux les enjeux d’alors. La mise en scène accentue cet effet d’apesanteur, d’un temps ralenti où les hommes s’observent, sans trop de mots, mais beaucoup d’attention.
La beauté transparente du paysage ( belle ouverture), annihile un temps le propos entretenu par cette scénographie si typée des pays africains, sous domination européenne. Mais , à l’image du style novateur du moment, toujours entretenu aujourd’hui, le récit demeure pertinent sur l’empreinte expansionniste dénoncée par la cinéaste.
C’est surtout vrai dans la seconde partie du film, au moment où un aviateur et ses passagers, contraints d’atterrir non loin du village, affichent leurs oppositions sur le droit du sol, et racle les certitudes des uns et des autres. Tout en entretenant ce climat sourd et sensuel qui ne cesse de planer entre maîtresse et serviteur (Giulia Boschi –Isaac de Bankolé) .
Sentiments exacerbés dans une atmosphère de fin de règne que les colons évoquent à demi-mots sans s’y attarder . Fatalité inévitable aux yeux de la petite fille devenue réalisatrice. Sa projection de l’enfance ne fait que dérouler le tapis d’une histoire sur lequel on se prend toujours les pieds.
LE SUPPLÉMENT
. Claire Denis à propos de « Chocolat » (18 mn)
« Au fond, l’enfant était un accessoire pour mettre en valeur le personnage de Protée, la mère. Et c’est seulement à partir du moment où j’ai choisi cette petite fille qu’elle s’est mise à exister dans le film. »
Le Film
Pour son premier long-métrage , en 1988, Claire Denis s’empare d’un sujet très personnel, inspiré de ses propres souvenirs d’enfance. Le Cameroun, les années soixante-dix au moment où la colonisation du pays s’essouffle.
La jeune femme qui y revient, bien des années plus tard, remet les pieds dans les empreintes de la petite fille qui durant toute son enfance aura observé ces adultes emportés par un courant destructeur. Marqué par la domination des blancs, face à la soumission de plus en plus rampante de la population autochtone, trop longtemps asservie.
Des rapports tendus, conflictuels qui bien souvent ne font qu’affleurer à l’image de la sensualité qui se dégage entre maîtresse et serviteur , sans jamais atteindre l’interdit.
Sentiments exacerbés dans une atmosphère de fin de règne que les colons évoquent à demi-mots sans s’y attarder . Fatalité inévitable aux yeux de la petite fille devenue réalisatrice. Sa projection de l’enfance ne fait que dérouler le tapis d’une histoire sur lequel on se prend toujours les pieds.
AVIS BONUS
Le point de vue de la réalisatrice, important peut-être pour mieux saisir sa démarche