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« Carré 35 » de Eric Caravaca. Critique cinéma-dvd

Synopsis: « Carré 35 est un lieu qui n'a jamais été nommé dans ma famille ; c'est là qu'est enterrée ma sœur aînée, morte à l'âge de trois ans. Cette sœur dont on ne m'a rien dit ou presque, et dont mes parents n'avaient curieusement gardé aucune photographie. C'est pour combler cette absence d'image que j'ai entrepris ce film... »

La fiche du DVD / Blu-Ray

Le film : "Carré 35"
De : Éric Caravaca
Avec : Éric Caravaca
Sortie le : 07 novemb 2018
Distribution : Pyramide Vidéo
Durée : 64 minutes
Film classé : Tous publics
Nombre de DVD / Blu-Ray : 1
Le documentaire
Les bonus

C’est une histoire très intime, familiale, merveilleusement racontée, mais douloureuse dans ses révélations. Un secret de famille que le comédien Eric Caravaca découvre sur le tard, à petits mots et sans grande explication.

« C’était une enfant fragile, je n’ai pas de regret, c’est le bon Dieu qui me l’a enlevée ».

A la mort de cette grande sœur ignorée, sa mère a brûlé toutes les photos, détruit les films Super 8 et fait cadeau de la caméra. « A quoi tout ça aurait-il servi ? » répond-elle à son fils décontenancé.

Son amertume, son désespoir, s’affichent dans cette quête qu’il entreprend alors à la lecture des passeports d’autrefois, des tampons révélateurs du passé marocain de ses parents, à Casablanca où la petite fille a vu le jour. Trois ans plus tard, ces mêmes papiers ne parlent plus. On a maladroitement biffé les prénoms du père et de la mère, direction Alger.

Là où le couple a dû se refaire une nouvelle vie, mais la caméra Super 8 n’est plus là pour témoigner. Les actualités TV ont pris le relais et le cours d’une Histoire qui pour la France va se dégradant. Les événements tragiques de la décolonisation (1954) se heurtent à la destinée de sa famille.

Eric Caravaca joue habilement sur le documentaire une gamme plutôt originale, voire inédite. Même l’intervention de ses proches tient plus de la confession que du témoignage. Celui de sa maman est pourtant éloquent dans le déni d’une existence brisée dès la petite enfance.

« Elle n’était pas normale ? » interroge-t-il encore quand l’évidence ne fait plus de doute. Elle parlait, elle marchait… répond la vieille dame, hésitante. « J’aurais eu un certificat me disant qu’elle n’était pas normale ».

Dans ces instants de malaise silencieux, la caméra reste coite, comme en attente d’une vérité, d’une révélation.

Ingénieur BTP, le papa d’origine marocaine, aura eu de nombreuses affectations dont la France où vont naître ses deux garçons.

Que le réalisateur déniche au cours de ses escapades marocaines. Un cimetière européen, le « carré 35 » où sa « grande » sœur est enterrée. Il l’a enfin retrouvée, malgré la photo sur le marbre blanc arrachée. Tout près de cette épitaphe pour une petite « fauvette » cousue par une histoire secrète comme les familles savent en dissimuler.

En déroulant le fil d’une vie oubliée, « j’ai ouvert une porte dérobée sur un vécu que j’ignorais, sur cette mémoire inconsciente qui est en chacun de nous et qui fait ce que nous sommes ».

LES SUPPLEMENTS

  • « Kabuki » de Eric Caravaca. Atelier avec les enfants de l’Institut IMP Binet Simon et le chorégraphe Thierry Thieû Niang (12′).

C’est éloquent dans l’illustration d’un dialogue par le geste, impossible semble-t-il par ailleurs. La chorégraphie repose peu sur la tradition du théâtre japonais comme l’indique pourtant le titre, mais ça importe peu…

  • Serge Tisseron, psychanalyste. Entretien. (12′) . « L’enfant qui grandit dans une famille à secrets et qui le pressent, alors qu’on ne lui dit rien, va se replier sur lui-même… ». Ainsi débute la réflexion du spécialiste qui aligne les différentes portes d’entrée du secret dans une famille : l’intime, la situation collective, le secret qui cache le secret …

On s’aperçoit au fil du monologue que Serge Tisseron s’adresse au réalisateur et décrypte donc à sa manière le film et son histoire.

  • Galerie d’anatomie de Montpellier (6′). « Des images dans lesquelles nous avons peut-être peur de nous reconnaître, comme une part cachée de nous-même », commente une voix off sur des foetus d’enfants difformes, emprisonnés dans des armoires. « Nous est-il possible de reconnaître dans ces enfants monstrueux, des semblables ? »

  • Entretien avec Claude Nachin, psychanalyste (8′). Il travaille sur les deuils difficiles et les traumatismes non surmontés, il en explique le cheminement, ou … comment faire son deuil.

Claude Nachin parle du film à travers le secret de la famille Caravaca « son caractère honteux fait que le deuil est complètement bloqué (…) le handicap mongolien de cet enfant était vécu comme une honte. (… ) On n’est pas obligé de cultiver les souvenirs tristes, mais il faut qu’ils soient disponibles pour que chacun puisse en faire un usage s’il le souhaite. »

  • La mémoire et la mort (5.15 mn). Entre ces deux pôles, le documentaire pose la question de l’être. Il est tourné dans le cimetière, et il s’agit peut-être d’une séquence du film qui n’a pas été retenue au montage.
  • Pascal, fils de Francisco (4′).  Je ne suis pas très à l’aise avec les ramifications familiales .Si j’ai bien compris ici, Eric interview son demi-frère sur la mort du père qui avait quitté le domicile conjugal pour rejoindre une autre femme qui mettra au monde Pascal.
  • Diaporama (4′)

Littérature :  Alice Zeniter « L’art de perdre »

C’est une histoire très intime, familiale, merveilleusement racontée, mais douloureuse dans ses révélations. Un secret de famille que le comédien Eric Caravaca découvre sur le tard, à petits mots et sans grande explication. « C’était une enfant fragile, je n’ai pas de regret, c’est le bon Dieu qui me l’a enlevée ». A la mort de cette grande sœur ignorée, sa mère a brûlé toutes les photos, détruit les films Super 8 et fait cadeau de la caméra. « A quoi tout ça aurait-il servi ? » répond-elle à son fils décontenancé. Son amertume, son désespoir, s’affichent dans cette quête qu’il entreprend alors…
Le documentaire
Les bonus

C’est son histoire intime, très personnelle que le réalisateur-comédien Eric Caravaca nous propose de découvrir en le suivant sur les traces d’une grande sœur ignorée, morte à trois ans à Casablanca et dont sa mère ne lui a jamais réellement parlé. Le jour où il décide d’aller à sa rencontre, le réalisateur puise au plus profond de sa famille. Il interview l’un de ses oncles qui a bien connu sa sœur, mais surtout de sa mère et de son père qui décèdera pendant le tournage et qu’il filme sur son lit de mort. Des rencontres afin de déceler la part du mystère familiale et les raisons qui ont conduit ses parents à faire ainsi table rase du passé. C’est une histoire familiale merveilleusement racontée, mais tout aussi douloureuse. Un album de famille que l’on ne se serait pas permis d’ouvrir si le principal intéressé ne l’avait pas fait en nous guidant dans les arcanes d’un passé où la grande Histoire heurtait celle de sa famille. Il sait comment l’un ne pouvait aller sans l’autre.  Eric Caravaca joue sur le documentaire une gamme plutôt originale, voire inédite. AVIS BONUS Plusieurs petits chapitres autour du film qui évoquent sa raison d'être à travers la psychanalyse notamment...

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