- Durée : 106 minutes
- Studio : Carlotta Films
- Date de sortie : 4 octobre 2022
- Sortie Cinema : 07 octobre 1982
- Acteurs : Christopher De Leon, Phillip Salvador, Carmi Martin, Cecille Castillo, Baby Delgado
- Sous-titres : Français
- Langue : Tagalog
L’histoire : Madame Pina règne d’une main de fer sur la ferme familiale, gérée au quotidien par son fils aîné Lorenz. Méprisé par sa mère depuis sa plus tendre enfance, ce dernier vit dans l’ombre de son frère cadet, Ellis, parti faire des études à Manille. Lorsque celui-ci débarque avec sa fiancée il demande à prendre la direction de la ferme …
1re fois en Blu-ray™ et nouvelle restauration 2K !
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Le titre est explicite pour qui connait un tant soit peu la Bible et ses effets pervers sur les relations humaines. Les frères ennemis sont-ils nés de cette littérature ancestrale qui rejaillit ici et là dans des œuvres écrites, chantées, filmées ?
La version de Brocka ne fait pas dans la dentelle . La première partie est plus intéressante me semble-t-il : les forces en présence s’observent avant l’ assaut final qui rivalise avec la grosse artillerie américaine de l’époque.
Mona Lisa , beau personnage de maîtresse-femme, tient sa maisonnée de la même manière. Elle est sèche, sans cœur avec sa bonne (vraiment) à tout faire et son fils qui dirige la ferme. Lorenz (Philip Salvador) fait ce qu’il peut pour être aimable, mais rien n’y fait, Madame Pina préfère depuis toujours Ellis (Christopher de Leon-photo) qui poursuit ses études, et surtout les filles, à Manille.
Quand le fiston tant aimé revient sous le toit maternel , il est choyé comme il faut par la mama qui sentant sa fin prochaine lui demande ce qu’il veut en héritage. Le début des ennuis, la ferme espérée, le frangin ne veut bien évidemment pas s’en séparer !
Au-delà des querelles annoncées le rôle des « femmes » d’Ellis marque durablement le scénario. La bonne Rina,(Cecille Castillo) qu’il a mise enceinte et Zita la fiancée officielle (Carmi Martin). Elles tentent toutes les deux d’apaiser le climat familial , au même titre que la femme du frère aîné, très conciliante.
Un peu de douceur dans un monde de bruts que Lino Brocka révèle sans détour dans l’affrontement final où la mitraille et le sang répondent aux bombes et aux incendies. Le cinéaste a tourné le dos aux références bibliques pour s’atteler à la bannière étoilée d’un cinéma qui l’éloigne de ses racines.
LES SUPPLÉMENTS
- « Caïn et Abel » : une reconnaissance (12 mn)- Un essai réalisé par José B. Capino, auteur et professeur à l’université de l’Illinois-Il débute sur l’emprunt au cinéma hollywoodien, philippin, et dans une moindre mesure à l’européen
La comparaison avec « Weighed but Found Wanting », mélodrame social également qui avait beaucoup marché, une œuvre majeure de la nouvelle vague du cinéma philippin.
Plus directement sur le film : « Le différend profond entre Lorenz et Ellis rappelle le combat idéologique entre les défenseurs du régime fasciste de Marcos et ses jeunes et courageux opposants politiques. ».
- Entretien avec Christopher de Leon (16 mn)-Enfant de la balle habitué aux rôles de jeunes premiers, Christopher De Leon a changé de stature grâce à Lino Brocka et à Caïn et Abel, qui, selon lui, « reflète admirablement l’identité philippine de l’époque ».
« Brocka m’a appris à lire les scripts, les analyser. (…) Tous ses films évoquent les abus du gouvernement … » . En reprenant sa filmographie, Christopher de Leon constate lui aussi qu’il a joué dans beaucoup de films engagés.
- Entretien avec Carmi Martin (13 mn)-Jeune protégée de Lino Brocka, l’actrice évoque ses souvenirs avec le réalisateur et revient sur ses rôles de femmes fortes à une époque où le machisme et la censure étaient encore très présents.
Sitcoms et émissions de variétés jalonnent son parcours marqué par sa collaboration dès l’âge de 19 ans avec Brocka. Elle devait jouer très bien puisque dès son premier film , des spectateurs vont la gifler en raison du personnage qu’elle interprétait à l’écran …
Le Film
Les bonus
Transposition du mythe biblique dans les Philippines des années 1980, Caïn et Abel conte l’histoire d’une famille déchirée par l’amour et la haine . Une œuvre foisonnante d’idées et de références sociales et politiques ( la dictature de Marcos en filigrane ) un mélodrame qui s’embourbe dans une violence inextricable, où la mitraille et le sang répondent aux bombes et aux incendies. Le cinéaste a visiblement tourné le dos aux références bibliques de la première partie du film, pour s’atteler à la bannière étoilée d’un cinéma qui l’éloigne de ses racines..
AVIS BONUS
Deux comédiens se souviennent . Essai sur l'œuvre de Brocka