- Durée : 2 heures et 11 minutes
- Dvd : 3 octobre 2023
- Cinéma : 22 avril 2023
- Acteurs : Selahattin Pasali, Ekin Koç, Erol Babaoglu, Erdem Senocak, Selin Yeninci
- Sous-titres : Français
- Langue : Turc
- Studio : Memento Films
Synopsis : Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, est nommé dans une petite ville reculée de Turquie. À peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Si les étoiles n’apparaissent pas, reportez-vous à la fin de l’article
Très vite mis dans le bain, ce tout jeune procureur. Une chasse aux sangliers dans les ruelles de la petite ville de Yaniklar « c’est de la distraction, du divertissement, il ne faut pas dramatiser » s’amuse l’avocat du canton, joyeux drille en perspective et fils du maire dont la réélection prochaine ne devrait pas poser de problème. (Erol Babaoğlu, très convaincant )
A moins que le représentant de l’Etat fraîchement débarqué n’y mette son grain de sel. On va tenter de l’amadouer, de lui faire comprendre les bienfaits d’une civilisation en dehors des marges et des conventions.
Bizarre quand même comme ce jeune homme sur ses gardes se laisse embrigader par les notables. Très réticent au départ, sur les conseils de madame le juge, il accepte les invitations à dîner, à boire et à s’amuser. Il faut bien s’intégrer.
Le ver est dans le fruit et Emin Alper ne fait pas mystère de sa mise en scène très éclairante , un peu trop même parfois, sur les attendus d’une aventure bien périlleuse. Cependant le réalisateur limite quelques accès à son labyrinthe politico-psychologique, où se perdent les bons comme les méchants.
Enfin ce que l’on peut en distinguer quand dans les vapeurs du Raki hautement consommé, le procureur (Selahattin Paşalı, très bien ) tente de rappeler de manière hoquetée sa fonction vis-à-vis de l’Etat ,ses responsabilités. Après quoi la soirée s’efface de son souvenir.
Emin Alper tient là son scénario à hauteur d’une réalisation vertigineuse, un abîme d’accusations dont Erme est habituellement l’auteur. Mais le fait divers confus qui le réveille au petit matin, le confronte à sa propre responsabilité.
Était-il là ? Qu’aurait-il fait ? Des preuves ? Des témoins ? Kafka n’est pas mort. Et le jeune réalisateur turc, bien vivant.
Le Film
C’est une farce politique, qui devient criminelle. Un imbroglio psychologique pour le jeune procureur confronté à l’enquête dont tous les éléments peu à peu le ramènent à se présence sur les lieux du drame. Qu’aurait-il fait ? Des preuves ? Des témoins ? Kafka n’est pas mort. Et un jeune réalisateur turc, bien vivant, se charge d’en rappeler l’existence dans la description peu amène de l’administration régionale de son pays, où la corruption est inscrite en évidence au fronton de la mairie. Si on tente d’y mettre un frein, l’hystérie populaire se charge de ramener le bon apôtre à des fonctions plus discrètes. C’est tout le dilemme du représentant de l’Etat, embrigadé dans un système qu’il va complètement brouiller au cours d’une fête nocturne dont il n’a guère de souvenirs. C’est tout l’à-propos de ce film aux multiples échos qui vire très finement vers un thriller angoissant. Le malaise étrange qui s’empare du spectateur fonde une intrigue encore plus excitante.