Synopsis: Raymond est en vacances avec sa fille Cécile. Veuf, il collectionne les conquêtes et délaisse l'éducation familiale. Il rencontre un jour Elsa qu’il séduit immédiatement. Mais l’arrivée surprise d’Anne, une ancienne amie de la famille, va bouleverser la maisonnée…
La fiche du DVD / Blu-Ray
Le film
Les bonus
Meilleur dvd Novembre 2016 ( 9 ème )
Une pauvre petite fille riche. Adolescente parisienne, Françoise Sagan l’imagine dans les années soixante sur des feuilles de brouillon qui vont chambouler la littérature française. Et le monde entier.
Otto Preminger a mis beaucoup d’argent (« la concurrence était rude ») pour obtenir les droits de « Bonjour tristesse », un récit qui a ses yeux parlait à toute la jeunesse. Une certaine frange plus exactement, rêveuse, insouciante, installée dans un écrin familial confortable.
Le film débute sur le retour à la capitale de Cécile qui vient de passer ses vacances sur la Côte d’Azur. Le bonheur de son séjour s’est déjà éclipsé, dit-elle. Cécile a perdu sa joie de vivre. Elle a vécu de très bons moments avec Raymond, son père, coureur de jupons mais papa-poule, Elsa, la compagne du moment, et Philippe, le séduisant voisin.
L’arrivée inattendue d’Anne, l’amie de toujours et grand amour du papa, change bien des choses. L’insouciance généralement admise vire de bord pour laisser place à une discipline plus contraignante.
Jean Seberg, la pauvre petite fille riche, a perdu son paradis, que le réalisateur américain retrouve dans les décors magnifiquement naturels de la Cote d’Azur. Les fêtes de nuit et le farniente allaient sceller le destin de toute une région rappelle-t-il avec insistance, égratignant au passage gentiment le sort des employés de maison. Mais la manière prête à rire sur la confusion répétée entre les prénoms des deux sœurs, femmes de ménage, qui se remplacent au petit bonheur la chance. Et quand l’une d’elles s’enfile le whisky, devant son patron qui fait la fête et ne voit rien, Preminger tient là un bel argument de cinéma.
Il y en aura bien d’autres dans cette rétrospective sixties d’un cinéma qui a perdu de sa superbe. Si le raisonnement narratif tient toujours en respect un récit devenu raisonnable, l’arnaque imaginée par Cécile pour éliminer l’amie de la famille n’inspire guère le cinéaste. Elle est brouillonne,expédiée, sans aucun ressort dramatique. Seule sa conséquence entraîne l’enchaînement fatidique…
Peut-être parce que le père a décidé de ne plus jouer avec sa fille dont la complicité était un élément clé. Les intentions s’émoussent devant l’autorité maternelle de sa nouvelle conquête. « Nos jours heureux étaient comptés » rêve encore tout haut la jeune femme dans son époque « bleu azur », séquences couleur et dialogues complices tout aussi lumineux.
De retour à Paris, Preminger, plus à l’aise, pose le noir et blanc de la mélancolie, images incrustées dans les souvenirs et la pierre des caves et caveaux où règnent le jazz et le be-bop. « Nos jours heureux étaient comptés » … Jean Seberg les rapporte maintenant avec nostalgie, dans la candeur de sa jeunesse écornée. Parfaite en petite fille gâtée qui affronte un casting trois étoiles : Deborah Kerr et David Niven le couple ravageur Mylène Demongeot, la maîtresse de passage, qui ne lâche rien et Juliette Gréco dans un tout petit rôle, qu’elle maîtrise à la perfection. Le sien !
LES SUPPLEMENTS
- . Un charmant petit monstre (13 mn) . Denis Westhoff revient sur la genèse du best-seller écrit par sa mère. Il dit tout le bien qu’il pense, évidemment, et raconte aussi comment sa mère peut ressembler au personnage de Cécile. « Ma mère a raté son bac, à force de s’amuser plutôt que d’aller en cours. Ses copains se sont bien moqués d’elle et au début de l’été elle se retrouve dans le pays Basque avec sa sœur et ses parents, piteusement. Comme les railleries n’en finissent pas elle rentre au mois d’Aout à Paris, où elle finit le livre qu’elle avait commencé à Hossegor, « Bonjour Tristesse ».
En vacances à Saint-Tropez, Françoise Sagan va de temps en temps sur le plateau de tournage et rapporte qu’il ne se passe pas forcément très bien. Preminger est autoritaire, colérique, il demande beaucoup à Jean Seberg, que Sagan est toute heureuse de consoler. « La vie de jeune fille de ma mère n’a rien à voir avec le livre, et sa famille ne ressemble pas du tout à celle de Raymond. Françoise ne sortait jamais l’après-midi dans les boîtes de jazz, par exemple. Elle a trouvé que le film était trop américain, et qu’il survolait le livre ».
- . Unique collaboration : Jan-Christopher Horak à propos de Saul Bass et Otto Preminger (21 mn). Auteur de « Saul Bass : Anatomy of Film Design », Jan-Christopher Horak évoque la fructueuse collaboration entre le réalisateur Otto Preminger et le célèbre graphiste américain Saul Bass. C’est assez drôle surtout quand il est question des idées des uns et des autres, que les uns et les autres trouvent toujours très bien, mais qu’ils n’appliquent jamais…
- Les Archives
- – Sélection de vedettes pour « bonjour tristesse » (1 mn – Muet) Otto Preminger passe en revue des jeunes femmes pour les rôles féminins principaux.
- – Sur le tournage de « Bonjour tristesse » (1 mn – Muet). Extrait d’une journée de tournage à Paris avec Otto Preminger et Jean Seberg.
- – « Cinépanorama » : émission du 26 septembre 1957 (5 mn) de Jean Kerchbron et Frédéric Rossif – Auteur : François Chalais
Otto Preminger raconte sa découverte de Jean Seberg et comment il a acquis les droits du roman de Françoise Sagan. 3.000 candidates ont été auditionnées pour le rôle de Jean Seberg « bien que je savais que ce serait elle, une fois que je l’avais vue ». Les droits ? « J’ai mis beaucoup d’argent, si on paie on gagne, mais il y avait beaucoup de concurrents» raconte Preminger dans un français presque parfait. Mais Françoise Sagan voulait un film international, « donc ça a facilité les choses ».
4.- « Cinéma » de François Chalais (30 mn) . Une interview de Jean Seberg, à « Beverly Hills » dix ans après le début de sa carrière d’actrice. Elle s’exprime dans un français presque sans rature.
5.- Une interview TV de Françoise Sagan par un journaliste américain, via le satellite. A l’époque cela devait être assez rare… « Voir mes personnages à l’écran, c’est très drôle, mais je ne pense pas qu’ils aient le physique que j’avais imaginé».
Le film
Les bonus
De mémoire, le livre de Françoise Sagan avait une autre consistance que sa retranscription sur grand écran. Les couleurs trop chatoyantes des décors naturels de la Côte d’Azur enivrent la palette d’un réalisateur séduit par l’ambiance farniente de ce lieu si paradisiaque.
Il laisse libre cours à son imagination et un peu à son talent pour donner une représentation approximative des écrits de la jeune romancière qui se retrouve plus ou moins dans son héroïne confrontée aux affres d’une vie sociale trop riche et dissolue.
Le temps de l’insouciance du début des sixties de la romancière que Preminger occulte au profit d’un peu de bruit, de fêtes et de fureur amoureuse.
Si le raisonnement narratif tient toujours en respect un récit devenu raisonnable, l’arnaque imaginée par Cécile pour éliminer l’amie de la famille n’inspire guère le cinéaste. Le monstre de la jalousie des grands classiques n’arrive pas ici à poser son empreinte.
Il nous reste celle d’une époque cinématographique pendant laquelle Jean Seberg s’accrochait à son étoile, autour d’une belle affiche : Deborah Kerr et David Niven le couple ravageur Mylène Demongeot, la maîtresse de passage, qui ne lâche rien et Juliette Gréco dans un tout petit rôle, qu’elle maîtrise à la perfection. Le sien !
Avis bonus
Beaucoup de documents, inédits bien souvent, autour du travail de Preminger et des éclairages sur les conditions de tournage, ça vaut le déplacement
7 Commentaires
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