- Durée : 1 heure et 55 minutes
- Dvd : 10 juillet 2024
- Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez
- Langue : Français (Dolby Digital 5.1)
- Studio : M6 Vidéo
L’histoire : En 1928, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Tétanisé et en panne d’inspiration, le compositeur feuillette les pages de sa vie – les échecs de ses débuts, la fracture de la Grande Guerre, l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert…
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Le générique très original nous rappelle l’universalité de cette partition. Il passe en revue les adaptations les plus diverses , jouées, chantées, dansées, mimées, psalmodiées…
Le Boléro est joué toutes les 15 minutes dans le monde entier. Anne Fontaine ne se penche pas sur le phénomène et nous fait grâce de ne pas le marteler, deux heures durant. Elle préfère sonder l’âme et le cœur des hommes et des femmes qui peuplent son univers et celui de Maurice Ravel.
Le choix de Raphaël Personnaz parait judicieux pour dépeindre les affres de la création à travers un artiste torturé qui rejette chaque fois ses nouvelles partitions comme autant de scories. Il est très courtisé par les femmes, dont Misia, sa muse qu’il aime en retour mais d’un amour platonique.
Elle est sa plus tendre amie, sa confidente, son rempart, face à la langoureuse Ida Rubinstein, la danseuse à la mode qui le sollicite pour écrire son prochain ballet. Panique chez Ravel, délire de la partition blanche. « Quel en sera l’argument ? » lui demande-t-il.
« Argument, argument, ce qu’il me faut c’est du charnel ».
Ce dont semble dépourvu Maurice Ravel, un homme froid, presque distant , qui va devoir puiser au fond de lui-même pour trouver les ressorts de son futur ballet. Dans son histoire du passé, la guerre 14/18 aux Services Sanitaires, et le cheminement d’une écriture dont il n’est jamais satisfait.
« J’ai perdu mon temps, je n’ai rien écrit de ce que je voulais » confie-t-il à son amie et collègue , la pianiste Marguerite Long qui ne cesse de le soutenir, de l’encourager dans ses moments de relâchement.
C’est un très beau rôle, presque en retrait pour Emmanuelle Devos, dans l’esprit d’une réalisation tranquille, en attente ( de la mort, de l’inspiration, de l’amour … ) mais toujours sur le qui-vive. Celui de l’attention que lui porte sa gouvernante Madame Rouveleau, une femme très attentionnée et sublimée par Sophie Guillemin.
Pas un personnage n’échappe au regard complice d’Anne Fontaine : Jeanne Balibar, l’artiste, évaporée à loisir, la muse, Doria Tillier, charmeuse à souhait, Vincent Perez (Cipa Godebski) son plus proche ami, sa famille d’adoption et Raphaël Personnaz , l’incarnation presque parfaite du compositeur , piégé par son génie et la lancinante petite rengaine qui fera de lui un héros. Un héros malheureux.
Le Film
Dans ce biopic qui ne dit pas son nom, Anne Fontaine s’attache tout autant à la personnalité de Maurice Ravel à travers un parcours créatif chaotique qu’à l’environnement qu’il produit, notamment auprès des femmes. En filigrane, les affres de la création exigée par une danseuse à la mode, qui à l’argument possible évoqué par Ravel répond par du charnel, encore du charnel. C’est un peu le leitmotiv de cette histoire où les amours platoniques de l’artiste rythment le va et vient de son entourage que la réalisatrice retourne judicieusement pour en dresser des portraits éloquents. Pas un personnage n’échappe à son regard complice : la danseuse Ida Rubinstein ( Jeanne Balibar ), la muse, Doria Tillier, Vincent Perez, Emmanuelle Devos, Sophie Guillemin et Raphaël Personnaz , l’incarnation presque parfaite du compositeur , piégé par son génie et la lancinante petite rengaine qui fera de lui un héros. Un héros malheureux