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« Billie » de James Erskine. Critique cinéma-dvd

  • DVD : 04 Mai 2021
  • Cinéma : 30 septembre 2020
  • Durée : 92 minutes
  • Documentaire, Musical
  • Studio : L’Atelier d’Images

Meilleur dvd Mai 2021 (2ème)

L’histoire : BILLIE HOLIDAY est l’une des plus grandes voix de tous les temps. Elle fut la première icône de la protestation contre le racisme ce qui lui a valu de puissants ennemis. A la fin des années 1960, la journaliste Linda Lipnack Kuehl commence sa biographie .40 ans plus tard, elle devient enfin un livre et ce documentaire…

  • Film et Bonus : 

Même sous les paillettes et les projecteurs, la star ne sourit pas toujours. Une vie pas vraiment rose, et un destin forgé par le talent et les mauvaises rencontres.

Les chroniques de l’époque rapportent ses frasques autour de l’alcool et de la drogue, et puis commentent cette voix extraordinaire qu’elle cultive presque naturellement depuis l’enfance.

Mais les journaux ne font qu’ânonner ce que vit la dame. A la fin des années 1960, la journaliste Linda Lipnack Kuehl lui propose d’écrire une biographie officielle. Les enregistrements commencent, il y en a des centaines, les rencontres se succèdent : Charles Mingus  Tony Bennett, Count Basie, ses amants, ses avocats, ses proxénètes et même des agents du FBI.

Le livre de Linda est en bonne voie quand un soir on la retrouve morte sur le trottoir de son immeuble. Une chute de plusieurs étages, un suicide concluent à la hâte les enquêteurs.

Sa sœur n’y croit pas vraiment et ajoute au mystère de sa disparition celui de l’histoire qu’elle était en train d’écrire. Et qui sort enfin aujourd’hui, quarante ans plus tard . Un livre, et ce documentaire richement illustré, qui reprend le fil des conversations engagées à l’époque .

Archives sonores, images, vidéos, James Erskine compulse le passé avec un respect semble-t-il très grand pour le travail effectué par la journaliste dont les interviews ne sont pas toujours ficelées à de la dentelle.

Quand elle rappelle à Cout Basie qu’il a joué dans des tripots, le pianiste est piqué au vif . «  Je ne qualifie pas de bouge mal famé, un endroit qui me paye ». Et comme elle insiste «  vous êtes venue m’interviewer sur mon orchestre ou sur Billie ? »

Sur laquelle il demeure très évasif. le batteur du groupe l’est tout autant sur la question de son départ. Virée par John Hammond… « Il la voulait plus noire et qu’elle chante le blues, ce qu’elle a refusé »

L’intéressé ne confirme pas cette version lui qui l’aura découverte dans le Harlem de l’époque, noir et chantant du matin jusqu’au soir. On la voit en compagnie de Louis Armstrong, une vidéo fabuleuse. Hammond savait que sur scène c’était le couple à réunir.

En 1939, elle chante pour la première fois « Strange Fruit » au Café Society à New York, une protest-song à laquelle les pensionnaires du club ne sont pas habitués. Lady Day comme on la surnomme désormais y dénonce la ségrégation raciale, «  Un cri primal contre l’histoire sanglante de l’Amérique et son refus de l’étouffer lui vaudra l’animosité des puissants ».

Les brimades se multiplient alors. Avec les musiciens blancs d’Artie Shaw , elle ne sait jamais si on la servira . Le soir elle se demandait où  elle allait dormir. « Vous alliez où ? » demande Linda au trompettiste . «  On regagnait notre hôtel » répond-il sans gêne apparente.

On comprend pourquoi elle dénonçait la discrimination, la mettait en scène , « ça provoquait des émeutes, les flics la poursuivaient ».

Son addiction à la drogue n’arrange pas ses affaires , mais Jimmy Fletcher, agent des narcotiques qui la surveille pendant des années reconnait qu’il n’a jamais rien trouvé . « Elle n’a jamais vendu de drogue » .

En 1947 après une course poursuite à Philadelphie, on retrouve 55 gr dans sa voiture. Billie Holiday écope d’un an de prison. Une mauvaise voie pour la voix de cette grande chanteuse qui immédiatement à sa sortie, retrouve son public au Carnegie Hall .

A ses côtés son fidèle pianiste Bobby Tucker « c’est une ancienne taularde qu’ils viennent voir » lui dit-elle.

«  J’avais la trouille » Mais ce fut encore un succès, le public était subjugué. Le mythe ce soir là a rejoint les lumières de la gloire. Lady Day « la chanteuse qui a changé le visage de la musique américaine », à tout jamais.

LES SUPPLEMENTS

  • « Le jazz selon Billie par David Koperhant », programmateur musical radio TSF JAZZ (15 mn ). Les années 30, les vocalistes ne sont pas sur le devant de la scène,  Billie Holliday s’impose. On lui reproche sa tonalité plaintive, elle devient swing et passe des clubs aux grandes salles.

C’est toute cette histoire que raconte David Koperhant en notant au passage la belle époque du label Deca, puis une courte traversée du désert.

Malgré une voix très abîmée, elle revient au premier plan, « même s’il faut souvent la sortir du lit » souligne le spécialiste qui évoque l’émergence d’une autre grande star, Nina Simone, et les chanteuses contemporaines revendiquant l’héritage de Billie. Cependant «  il est difficile de la comparer à qui que ce soit ».

Des extraits du documentaire alimentent joliment la discussion

 

  • Interview du réalisateur James Erskine (28 mn). Les motivations d’un fan sur une histoire émouvante. Il insiste beaucoup sur le titre emblématique « Strange fruit », ce qu’il a pu généré dans l’histoire américaine et revient sur l’histoire des fameuses cassettes .

«  Beaucoup d’anecdotes de Charles Mingus, Count Basie, et des dizaines d’autres qui ont bien connu Billie, et qui influenceront tout le reste du travail ». Ne serait-ce que pour avoir «  Billie Holliday en Cinémascope, en couleurs de manière totalement inédite ».

  • Interview des productrices Michele Smith et Sophia Dilley .Où il est question de la protection du souvenir de l’artiste, de son héritage, et de son image. «  Pour raconter l’histoire de sa vie telle qu’elle l’a vécue, comme elle l’aurait racontée, et non pas comme on l’imagine ».

Des exemples à l’appui pour contredire l’unique direction «  dans laquelle on la décrit avec ses addictions en ignorant le climat social dans lequel elle vivait ».

 

  • Interview de Tom Wollaert sur la restauration de la bande-son ( 7mn ) . Processus, défis, et bidouillage technique, le jeune homme est passionnant à écouter et il est dommage que l’on n’entende pas quelques extraits « avant-après » des cassettes sur lesquelles il a travaillé.

« Pour trouver la bonne tonalité, des voix de 1970  difficiles à cerner, j’y suis allé parfois au feeling ». Il  parle aussi les outils pour réduire les bruits, les clics, les souffles. «  C’est le genre de projet où l’on sort le grand jeu » .

  • Interview de Marina Amaral sur la colorisation (5.40 mn ) .Là encore on cite les processus et défis pour mener à bien le passage du gris, du noir et blanc à la couleur, sans illustration. La technicienne explique qu’elle a beaucoup lu sur Billie, décrypté sa personnalité «  pour la traduire en couleurs. (… ) Il y avait beaucoup de photos, de différentes époques, pas toujours de très bonne qualité. (… ) Il fallait déterminer les époques, les lieux… ».
DVD : 04 Mai 2021 Cinéma : 30 septembre 2020 Durée : 92 minutes Documentaire, Musical Studio : L'Atelier d'Images Meilleur dvd Mai 2021 (2ème) L'histoire : BILLIE HOLIDAY est l'une des plus grandes voix de tous les temps. Elle fut la première icône de la protestation contre le racisme ce qui lui a valu de puissants ennemis. A la fin des années 1960, la journaliste Linda Lipnack Kuehl commence sa biographie .40 ans plus tard, elle devient enfin un livre et ce documentaire... Film et Bonus :  Même sous les paillettes et les projecteurs, la star ne sourit pas toujours.…
Le documentaire
Les bonus

Ségrégation, manifestations, soulèvement afro-américain, répressions, bastonnades, Billie Holiday est au sommet de sa gloire quand le monde tourne toujours sans le peuple noir. Pour monter sur scène, elle doit passer par les cuisines alors que son public entre par la grande porte . Le document que lui consacre James Erskine revient parfaitement sur cette ségrégation au cœur même du système musical américain, où la voix du jazz réussit  à se faire entendre. Malgré une vie ponctuée de substances vénéneuses et de traques policières fréquentes. A la fin des années 1960, la journaliste Linda Lipnack Kuehl entame sa biographie officielle qui ne verra le jour que 40 ans plus tard. Avec cet étonnant documentaire où Charles Mingus  Tony Bennett, Count Basie, ses amants, ses avocats, ses proxénètes et même des agents du FBI se confient. Rare, exceptionnel …

AVIS BONUS De nombreux commentaires, le point de vue des techniciens , sur la bande-son, la colorisation, malheureusement sans exemples illustratifs. Et une belle rencontre avec le réalisateur

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