« Bianca » de Nanni Moretti. Critique cinéma-bluray

La fiche du film

Le film : "Bianca"

De : Nanni Moretti

Avec : Nanni Moretti, Laura Morante

Sortie le : 05/06/2019

Distribution : Carlotta Films

Durée : 98 Minutes

Genre : Comédie dramatique

Type : Long-métrage

• Blu-ray : 01 Juillet ( Coffret avec « La Messe est finie » )

Dans le lycée Marilyn-Monroe, la salle des profs est une salle de jeux. Flipper, circuit de voitures de courses, bar achalandé… Michele débarque un brin surpris, mais s’adapte très vite. L’enseignement des mathématiques lui vaut cet esprit clair et raisonné qui se permet d’interroger le monde qui l’entoure. Ca surprend quand même ses questionnements à répétition, plus ou moins indiscrets, et cette façon de regarder franchement ce qui se passe chez le voisin.

Michele Apicella c’est Nanni Moretti,le double constant d’une personnalité très particulière, héros de ses premiers films . Un homme perturbé et obsessionnel qui sous le coup d’une émotion perd tous ses moyens.

La rencontre avec Bianca est ainsi fatale. Laura Morante quand même ! Un coup de foudre, pas vraiment réciproque mais qui intrigue la belle avant qu’elle ne succombe. Michele cherchait l’amour absolu, la fidélité assurée qu’il trouve enfin et qui le panique totalement.

Voyez Moretti dans le personnage. Plus tard Roberto Benigni s’en inspirera, certainement. En attendant, l’acteur-réalisateur déploie la panoplie de la comédie italienne des années quatre-vingt, du burlesque au loufoque au cœur d’un marigot cinématographique qui n’appartient qu’à lui.

Nanni Moretti ou Michele Apicella, on ne sait plus, tant l’homme se fond dans le personnage et l’acteur dans sa douce folie . Autour de lui les gens meurent beaucoup, de façon suspecte, et le suspect c’est lui .

La police l’interroge beaucoup, sans autre forme de procès. Sinon celui d’une société que le réalisateur chahute joyeusement. Psychanalyse de trottoir, véritable inquisition de l’âme et de ses retors.

Michele vit seul. Peu habitué au bonheur, il dévie constamment une position qu’il juge en toute lucidité.

«  Je suis imparfait, mais pas incohérent » dit-il, comme s’il était le genre unique d’une humanité à part. Le genre Bertrand Morane auquel il ne fait pas du tout penser mais à qui Moretti rend hommage dans l’ultime scène de l’enquête policière. Alors que le flic  (Roberto Vezzosi) l’interroge dans un sous-sol, Michele contemple par le vasistas les femmes qui passent sur le trottoir.

Dans le film de Truffaut, Bertrand aime les femmes, et particulièrement leurs jambes. Son alter-ego transalpin a un gros faible pour les chaussures. Une obsession, une phobie, à l’image du personnage le plus souvent à côté de … ses pompes . Un comble !

LE SUPPLEMENT

• A propos de ‘‘Bianca’’ (12 mn – hd*) . Un entretien avec Thierry Jousse, critique et historien du cinéma. « Au fond, la vérité du cinéma de Nanni Moretti, c’est cette difficulté à quitter l’enfance, ou plutôt cette volonté d’y retourner » engage le spécialiste autour d’un personnage ( celui de Moretti) avec lequel l’on «  ne sait jamais comment se situer en tant que spectateur ».

Thierry Jousse évoque l’autoportrait que fait Moretti «  avec une part de caricature, et de burlesque ».

«  C’est le film le plus dérangeant qu’il ait tourné (…) où l’on a tous les ingrédients du polar », mais aussi l’exigence d’une «  rigueur morale ,un lien à la fidélité que l’on retrouve dans «  La Messe est finie » . Ca relève d’une forme de puritanisme ce qui n’a rien de péjoratif. »

• Dans le second dvd du coffret  » La messe est finie« , un grand documentaire sur le réalisateur . Cinéma, de notre temps  Réalisation : André Labarthe – Filmé en Sicile sur les lieux de tournage de « Palombella Rossa »