- Format : Noir et blanc, PAL
- Durée : 1 heure et 32 minutes
- Dvd : 2 juillet 2024
- Cinéma : 25 Mai 1966
- Acteurs : Anne Wiazemsky, François Lafarge, Walter Green, Nathalie Joyaut, Philippe Asselin
- Studio : Potemkine Films
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Il n’y a pas plus bête qu’un âne , plus innocent aussi. L’innocence première, Robert Bresson la révèle dans un film absolument édifiant si on l’imagine dans les années de sa sortie ( 1966 ) engoncées dans leur conservatisme gaullien.
L’homme est un âne qui s’ignore nous rappelle le cinéaste dans l’évocation de cet équidé, bête de somme, et bête comme chou, qui passe de main en main, au gré de la méchanceté des uns, et de l’insouciance des autres.
Il faut beaucoup d’innocence et de persévérance à la jeune Marie pour l’extirper de ce marigot où elle évolue encore pure de cette enfance que le monde lui arrache sans précaution.
Ballottée par un amoureux voyou ( François Lafarge), elle passe au gré des aventures de l’âne, de l’adolescence à l’âge adulte où la méchanceté des hommes se révèle dans toute son ignominie.
Bresson est très sombre, et pourtant c’est un petit refrain doucereux qui accompagne les tribulations de Balthazar, porteur de pains, animal de cirque. Il cabriole au gré de sa fantaisie et se cabre devant la rudesse de ses maîtres.
L’un d’eux parait figure familière chez le réalisateur, mi-vagabond, mi-prophète, âne de retour sous les traits d’un pauvre gueux, Arnold traîne -misère.
Bresson ne conserve qu’une narration simple et nécessaire en dirigeant ses comédiens de la même façon. Les nombreuses ellipses nous voilent des détails qui au fil du récit apparaissent plutôt insignifiants.
On retrouve Jean-Claude Guibert, le braconnier de « Mouchette » et Anne Wiazemsky, la petite fille de François Mauriac repérée par Robert Bresson à l’âge de 18 ans. Après « Au hasard Balthazar » elle rencontre Jean-Luc Godard, devient son égérie puis son épouse.
Il existe une version Blu-ray ( 2020 ) avec plusieurs suppléments
Le film
C’est je crois à ce jour le moyen le plus original, inédit et pertinent que le cinéma ait trouvé pour parler de la société du moment. Nous sommes en 1966, De Gaulle au pouvoir, Pompidou à ses côtés et un âne pour refléter le monde tel qu’il va. Bresson le dépeint très sombre à travers les manigances des hommes bêtes et méchants qui s’attribuent la bête et puis l’abandonnent. Le message est très clair, mais le réalisateur l’explicite encore davantage autour de son personnage principal Marie, qui de l’enfance à l’âge adulte passe pareillement par la main des hommes et leur comportement cynique. Le tableau est égayé d’un petit refrain doucereux qui ne cesse d’accompagner les tribulations de Balthazar. A noter dans le rôle de Marie , Anne Wiazemsky, la petite fille de François Mauriac repérée par Robert Bresson à l’âge de 18 ans. Après « Au hasard Balthazar » elle rencontre Jean-Luc Godard, devient son égérie puis son épouse.